Van Quickenborne retire la reconnaissance de l’Exécutif des musulmans
Le ministre de la Justice a retiré la reconnaissance de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), a-t-il annoncé jeudi dans un communiqué. Cela veut dire qu’aucune nouvelle subvention ne sera versée tant qu’il n’y aura pas de nouvel organe représentatif.
► Lire aussi : L’Exécutif des Musulmans de Belgique porte plainte contre le ministre Van Quickenborne
Depuis octobre 2020, l’organe de représentation du culte islamique en Belgique est dans le viseur du ministre de la Justice,Vincent Van Quickenborne (Open-VLD). Un rapport de la Sûreté de l’État avait alors pointé du doigt des ingérences étrangères au sein de cette institution. Parallèlement, sa gestion était mise en cause pour son manque de transparence et sa confiscation par une poignée de membres.
Le mandat des membres de l’Exécutif des musulmans de Belgique a expiré depuis près de deux ans et demi. Les décisions de l’exécutif ne sont prises que par 17 membres élus du conseil d’administration. Un conseil d’administration qui ne s’est plus réuni depuis octobre 2019. Son propre rapport d’évaluation 2020 faisait déjà état de plusieurs lacunes, telles que le manque de représentation féminine et l’infiltration d’extrémistes.
Les compétences de l’Exécutif comprenaient la demande de reconnaissance des mosquées, l’organisation de l’enseignement religieux islamique, la désignation et la formation des imams et l’établissement de parcelles islamiques dans les cimetières publics.
Face aux problèmes constatés, le ministre a mis deux fois en demeure l’Exécutif de mettre fin aux manquements constatés. Des réunions de concertation ont également eu lieu.
► Lire aussi : L’État belge condamné pour la mise à l’écart du président de l’Exécutif des Musulmans
Appel à la communauté musulmane
“Malgré de nombreuses promesses, les mesures nécessaires à cette fin n’ont toujours pas été prises à ce jour”, a expliqué le ministre.
“Je n’ai encore jamais vu un tel amateurisme. Et cela, en plus, pour un organisme qui joue un rôle crucial pour la communauté musulmane de notre pays. La communauté musulmane mérite mieux, c’est pourquoi j’ai décidé de retirer la reconnaissance de l’EMB. Nous voulons ainsi ouvrir la voie à un exécutif musulman véritablement représentatif, transparent et professionnel. Tant qu’il n’y aura pas de nouvel EMB, aucune nouvelle subvention ne sera versée, comme c’était déjà le cas pour les moyens prévus pour 2022.”
Un appel est lancé à la communauté musulmane à “s’organiser de manière transparente, indépendante et pluraliste, sur la base de la liberté religieuse et du caractère démocratique et libre de notre société”. En vertu de la séparation de la religion et de l’État, “seules les communautés religieuses sont en mesure de créer un organe représentatif en tant qu’interlocuteur du gouvernement”.
Les affaires en cours seront toujours observées afin d’assurer la continuité de certaines tâches administratives, telles que la reconnaissance des communautés religieuses locales par les entités fédérées, la désignation de consultants en Islam et d’enseignants en Islam.
L’Exécutif réagit
L’EMB se dit, dans un long communiqué, “consterné par les actions et les déclarations du ministre”. “Les déclarations de M. Van Quickenborne concernant l’EMB, son fonctionnement et ses membres, ainsi que les discussions tenues de septembre 2021 à juin 2022, sont incorrectes, insultantes et diffamatoires”, indique le texte, signé par le président de l’EMB, Mehmet Üstün.
L’EMB souligne que les élections ont effectivement été préparées au cours des derniers mois.
“Une date avait été fixée auparavant mais, pour donner une nouvelle chance aux discussions avec le ministre, elle a été ajournée. Le ministre ayant unilatéralement arrêté les pourparlers à partir de juin 2022, le 13 septembre 2022, en concertation avec les représentants des différentes instances représentatives des communautés musulmanes respectives de notre pays, nous avons fixé une nouvelle date pour les élections, à savoir les 17 et 18 décembre 2022. Ainsi, cette date a été fixée avant que le ministre ne décide du retrait” de la reconnaissance, poursuit le texte.
L’EMB exprime encore expressément, “au nom de l’ensemble de la communauté musulmane belge”, ses réserves quant à cette action gouvernementale grossièrement inconstitutionnelle et inacceptable de la part de Vincent Van Quickenborne.
■ Explications d’Anaïs Corbin et interview de Mehmet Üstün, président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique
Avec Belga – Photo: Belga/Jasper Jacobs