Évacuation du “Palais des droits” : l’opération se termine, politiques et associations pointent une “gestion calamiteuse”

La police a procédé à la fouille du bâtiment en début de soirée pour s’assurer que plus personne ne l’occupait. Conclusion d’une journée mouvementée.

La journée a débuté avec la découverte d’un corps sans vie ce matin à l’intérieur du squat, a confirmé le parquet de Bruxelles qui n’a pas fourni de détails sur les circonstances exactes. Les pompiers ont également été appelés dans la matinée pour un incendie dans le squat. Le feu aurait été bouté à une ou plusieurs couvertures. Le décès n’est pas lié à ces faits.

En raison de l’incendie et de l’intervention du parquet en rapport avec le décès, toutes les personnes se sont retrouvées à la rue de manière anticipée mais beaucoup ont encore laissé leurs affaires à l’intérieur et ont donc dû aller les récupérer par la suite.

Plusieurs personnes sur le carreau

Il y avait en effet encore du monde ce mercredi matin dans la rue des Palais, malgré l’évacuation de 250 personnes la veille. Beaucoup plus de demandeurs que prévu s’étaient présentés ce mardi afin d’être pris en charge et tous n’ont pas pu bénéficier de soin. Cette nuit, des dizaines de demandeurs d’asile sont donc revenus rue des Palais et ont passé la nuit dehors, faute de logement.

Les derniers désormais “ex-occupants” du bâtiment – qui bénéficiaient d’un bracelet bleu – ont été emmenés vers un centre d’accueil. Une centaine de personnes auraient encore été transférées ce mercredi, selon les associations. Ceux qui n’ont pas été pris en charge – certains possédant pourtant un bracelet bleu – ont été évacués par la police. Selon un bénévole, la plupart de ces personnes se seraient déplacées vers le Petit-Château pour y camper, alors qu’un rassemblement de soutien a eu lieu dans la soirée.

Une gestion “calamiteuse”, selon les associations

De leur côté, plusieurs bénévoles et travailleurs sociaux présents mardi pour la journée d’évacuation ont déploré une “gestion calamiteuse” et une “communication partielle et mensongère” des autorités envers la presse et les habitants.

“Encore une fois, les autorités ne prennent pas leurs responsabilités. Comment est-il possible de préparer une opération aussi importante avec autant d’amateurisme. Affirmer que le problème vient du fait que certaines personnes ont tenté de se faire passer pour tels pour bénéficier de la nouvelle prise en charge est malhonnête. Il était notoire que plus de 700 personnes logeaient dans ce bâtiment, or 250 places seulement ont été prévues. De plus, comment est-il possible d’ensuite communiquer aux médias une opération « réussie » durant laquelle toutes les personnes ont pu « être relogées ». Ceci est simplement un mensonge. Que doit-on conclure de la confiance qu’il nous faut avoir dans ces promesses et ces informations ?” commente Sacha, un bénévole, qui dénonce “une gestion calamiteuse et mensongère des autorités”.

“Une honte”, pour le bourgmestre de Leeuw-Saint-Pierre

Parmi les occupants évacués, certains ont été transférés vers des hôtels situés aux alentours. Problème : les autorités locales n’ont pas toujours été mises au courant. C’est le cas du bourgmestre de Leeuw-Saint-Pierre Jan Desmeth (N-VA).

Au total, 163 personnes réparties dans quatre bus ont été acheminées vers l’hôtel Ibis situé à Ruisbroek. Celui-ci possède 123 chambres, dont une soixantaine a été louée par la région de Bruxelles-Capitale pour une période de 13 jours, a indiqué Jan Desmeth, avant d’ajouter qu’il “fera en sorte que cet accueil cesse au terme des 13 jours“. D’après le bourgmestre, le premier bus est arrivé aux alentours de 13h30, alors que personne à part l’établissement n’était au courant de cette réservation. C’est en colère qu’il a expliqué son désarroi par rapport à cette situation.

Nous ne savions absolument rien. Ni moi, ni notre zone de police. Personne ne m’a appelé. L’hôtel savait depuis hier que les demandeurs d’asile allaient venir. C’est inacceptable.” L’élu a également souligné que l’état de santé de certains demandeurs d’asile n’avait pas été contrôlé à leur arrivée. “S’ils ne sont pas en bonne santé, ils doivent aller ailleurs. Ce n’est pas acceptable de loger des gens qui n’ont pas été contrôlés médicalement sous le même toit que d’autres personnes qui louent une chambre ici“, a-t-il précisé.

Face à cette situation, Jan Desmeth ne cache pas son mécontentement. “C’est une honte que le problème soit déplacé et non résolu“.

De son côté, le ministre flamand des Affaires intérieures Bart Somers s’en est pris au ministre-président bruxellois Rudy Vervoort. Pour lui, il est “inacceptable” que M. Vervoort “loue un hébergement pour 163 Bruxellois à Leeuw-Saint-Pierre sans en avertir au préalable le bourgmestre et les autorités flamandes“, a-t-il fait savoir sur Twitter, dénonçant un “comportement déloyal” d’une région envers une autre.

La ministre du Tourisme Zuhal Demir s’est, pour sa part, dite “stupéfaite” par les événements. “Utiliser des infrastructures touristiques pour soulager la crise de l’accueil à l’insu du bourgmestre est tout bonnement de la mauvaise gouvernance“, a-t-elle déclaré.

Rédaction/ Photos : Camille Paillaud (BX1)

Reportage d’Arnaud Bruckner, Camille Paillaud, Charles Carpreau, Frederic De Henau et Stephanie Mira