Woluwe-Saint-Lambert : l’expulsion d’une trentaine de femmes repoussée

Environ cent cinquante personnes ont manifesté lundi à l’avenue Brand Whitlock, dans la commune bruxelloise de Woluwe-Saint-Lambert, contre l’expulsion prévue d’une trentaine de femmes sans-papiers, dont plusieurs avec enfants.

Depuis le 20 janvier, une trentaine de femmes sans-papiers ainsi que six enfants résident dans l’ancien hôtel Monty situé sur l’avenue Brand Whitlock, à proximité de la station de métro Montgomery. Des négociations étaient en cours entre les occupants, le propriétaire de l’hôtel ainsi que le cabinet du bourgmestre de la commune, Olivier Maingain (Défi). Selon le Comité des femmes sans-papiers, le propriétaire s’est toutefois retiré des négociations et a entamé une procédure unilatérale devant la justice de paix afin de faire expulser les occupants. Le 26 janvier, ces derniers ont été informés de la décision d’expulsion et ont immédiatement fait appel. Cependant, l’appel n’a pas pu être examiné avant la date d’expulsion fixée au 5 février.

Selon l’avocate des résidents de l’ancien hôtel, cette décision d’expulsion est illégale. “La procédure unilatérale permet de traiter en urgence et sans l’audition des occupants des requêtes d’expulsion”, explique l’avocate Violaine Alonso. “Or, nous pouvons affirmer, preuves à l’appui, que le propriétaire disposait bien des contacts et identités des occupantes. Il a donc contourné la loi, sachant que l’introduction d’un recours n’est pas suspensive et misant sur le fait qu’une fois les occupantes expulsées, elles ne pourraient pas revenir même si la justice leur donnait gain de cause”.

Le Comité des Femmes sans-papiers demande au bourgmestre “d’utiliser la discrétion dont il dispose pour retarder l’expulsion jusqu’à ce que des solutions de relogement soient trouvées”. Le collectif exige également que la procédure d’appel soit au moins respectée. “L’occupation de ce bâtiment représentait la perspective d’un lieu sûr où vivre, aboutissement d’une longue lutte pour la reconnaissance de leur statut et la visibilisation des innombrables difficultés auxquelles elles font face quotidiennement pour pouvoir accéder à un logement, un emploi, des soins de santé”, estime la porte-parole du collectif, Laeticia.

“Nous sommes ouvertes à la discussion de solutions, mais nous ne céderons pas à une pression injuste”, conclut-elle.

L’expulsion des résidents de l’ancien hôtel n’a pas eu lieu, ce lundi. L’agent de police présent sur place a estimé que l’opération était trop risquée pour la sécurité publique. Le bourgmestre Olivier Maingain, quant à lui, a décidé de renoncer à l’expulsion et préfère attendre l’issue de la procédure d’appel.

“Les conditions n’étaient pas réunies pour exécuter la décision de justice”, a expliqué le bourgmestre. “Je resterai en contact avec le propriétaire et les représentants du collectif, et nous continuerons à chercher une solution.”  “Nous sommes dans un État de droit : une décision judiciaire ne peut être négligée”, a souligné M. Maingain. “Cependant, cette action doit être entreprise dans le respect de la sécurité publique. Si la procédure d’appel confirme la décision du tribunal de première instance, je ne pourrai pas l’ignorer. Cela dépendra du juge, que je ne suis pas”

Belga – Photo : A.C

■ Reportage de Vanessa Lhuillier et Daniel Magnette 

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05 février 2024 - 16h33
Modifié le 06 février 2024 - 07h18