Rassemblement antifasciste contre une “conférence d’extrême droite” du MCC Brussels
Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi dès 18h00, à Bruxelles, pour protester contre la tenue d’une conférence organisée par le MCC Brussels, think thank proche de Viktor Orbán. À l’appel de plusieurs collectifs antifascistes, la mobilisation a eu lieu dans le quartier européen, devant l’hôtel Martin’s Brussels EU, qui accueillait l’événement.
Articulé autour de la thématique “Les femmes et le conservatisme”, le séminaire met autour de la table Alice Cordier, figure du groupe d’action d’extrême droite Nemesis, ou encore Barbara Bonte, députée européenne et membre du parti d’extrême droite belge Vlaams Belang. L’événement débutait vers 18h30. “Nous n’accepterons jamais que l’extrême droite organise des événements à Bruxelles”, ont insisté lors d’un discours les organisateurs, dont plusieurs collectifs bruxellois antifascistes et féministes. “Si on tolère l’intolérance, celle-ci commencera à prendre de plus en plus de place.”
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Le MCC Brussels est une antenne du Mathias Corvinus Collegium, établissement d’enseignement privé hongrois créé en 1996, situé à Budapest et implanté dans d’autres villes de Hongrie et d’Europe. L’un des objectifs affichés de l’organisation, soutenue (notamment) financièrement par le régime de Viktor Orbán, est de “familiariser et influencer les décideurs européens grâce à son approche singulière des questions politiques, socio-économiques et culturelles contemporaines”. Selon les collectifs antifascistes, ses membres ont plutôt pour but “d’importer les idées du régime hongrois dans les institutions européennes”. “Pour rappel, le régime hongrois, c’est la corruption et le détournement d’argent public au profit des proches de Viktor Orbán”, a insisté Sansa, membre du collectif Vigilance Cordon Sanitaire. Le régime hongrois, “c’est également la répression et les attaques contre toutes les oppositions” – que celles-ci proviennent du monde politique, universitaire, médiatique ou associatif – ou encore des atteintes aux “populations LGBTQIA+ et aux personnes migrantes”, a continué la manifestante.
Contacté par Belga en amont de la conférence, le groupe Martin’s Hotels explique ne pas soutenir les idées d’extrême droite et assure qu’il ignorait tout des activités du MCC Brussels jusqu’à la veille de l’événement. “Nous ne pouvons toutefois pas rompre un contrat conclu de bonne foi sans conséquences juridiques”, a justifié le directeur général de la chaîne d’hôtels, John Martin. “Nous avons toujours veillé à ce que des groupements portant des idées d’extrême droite ne tiennent pas leurs réunions au sein de nos établissements”, a-t-il avancé. Cette conférence devait initialement avoir lieu au Thon EU Hotel, mais l’établissement a renoncé à l’accueillir.
Mi-mai, alors que le Stanhope (de la chaîne Thon Hotels également) était censé abriter une autre conférence du MCC Brussels, l’hôtel avait été couvert d’œufs par des militants antifascistes lors d’une action organisée quelques jours plus tôt. L’hôtel n’avait finalement pas accueilli cette première conférence, qui portait sur le “Nouvel ordre mondial de Trump”. “Nous nous réjouissons que la pression commence à fonctionner”, a admis Sansa. “Avec ce rassemblement, nous montrons premièrement que Bruxelles se bat contre les idées racistes, sexistes et ‘queerphobes’. Ensuite, nous allons faire passer l’envie au Martin’s EU et à tous les hôtels de Bruxelles d’accueillir ces conférences”, a conclu la militante antifasciste
■ Duplex de Thomas Dufrane
Belga