Tai, jeune bruxellois de 26 ans, victime d’une erreur judiciaire ?   

Shengetai « Tai » Sithole, un jeune Bruxellois de 26 ans d’origine Zimbabwéenne, a passé huit jours à la prison de Saint-Gilles. Il avait été arrêté, emmené au commissariat de Dilbeek et inculpé par le parquet de Hal-Vilvorde après la diffusion d’un avis de recherche, avant d’être finalement libéré. Ses proches dénoncent : il a été incarcéré à tort, à cause de sa couleur de peau.  

C’est le 10 mars que le jeune homme est arrêté, sur son lieu de travail, dans un magasin à Woluwe-Saint-Lambert, et emmené dans un commissariat de police à Dilbeek, révélait alors La Capitale. Motif ?  Il a été reconnu par un témoin après la diffusion dans l’émission Faroek sur VTM d’un avis de recherche, comme l’auteur d’une arnaque à la carte de crédit, dont une habitante de Dilbeek aurait été victime. Les faits qu’il se voit reprocher remontent au mois de février 2020. Après une nuit au commissariat, il est transféré à la prison de Saint-Gilles. La police saisit également son ordinateur, ainsi que celui de sa compagne, à leur domicile à Saint-Gilles.

« Il a le “défaut” d’être Africain »

Mais selon ses proches et son avocate, Selma Benkhelifa, il s’agit d’une incompréhensible méprise. Une comparaison entre des photos de Tai à l’époque des faits avec celle du suspect ne laisse, selon eux, pas place au doute. Il est évident que ce n’est pas lui. Tai a des cheveux longs alors que l’homme sur l’avis de recherche à les cheveux rasés. Mais surtout, indiquent-ils, Tai dispose de solides alibis pour prouver qu’il ne pouvait pas se retrouver sur les lieux où les faits ont été commis. Le père de sa compagne, Paul Lhoir, conclut : «Ils ont le défaut d’être tous les deux Africains. ».

Alors que la chambre du conseil ordonne la libération du jeune homme le 16 mars dernier, le parquet de Hal Vilvorde, en charge du dossier, fait appel de la décision et obtient que Tai reste en prison. Après une intervention de son avocate, il est finalement libéré le 18 mars.

Erreur judiciaire ?

A-t-il été incarcéré à tort ? « Cela reste à prouver, l’instruction est toujours en cours », répond Ine Van Wymersch, la procureure du roi du parquet de Hal Vilvorde, qui estimait qu’il y avait des raisons suffisantes pour que Tai reste en prison.  « Nous estimions qu’il restait des éléments à vérifier », poursuit-elle. « L’instruction s’est donc poursuivie et le juge d’instruction a demandé des devoirs d’enquête supplémentaires, après quoi il a remis le jeune en liberté. »

Mais les proches et l’avocate de Tai en sont convaincus : s’il n’avait pas été noir, cela ne lui serait jamais arrivé. Son beau-père enchaîne : « La police a débarqué sur son lieu de travail et l’a arrêté sans qu’il ne comprenne pourquoi. Et a ensuite été chez lui, mettre son appartement sans dessus dessous. »

Tai est libre depuis jeudi dernier. Mais l’instruction se poursuit. En attendant, le jeune homme est « démoli ». Et s’inquiète des conséquences de cet incident. Il craint de perdre son travail, et redoute le regard du voisinage qui a assisté à la fouille policière de son appartement.

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S.R. – Photo : La Capitale / Interviews : POS