Suspension de l’accueil des hommes seuls demandeurs d’asile : “Une violation flagrante de l’Etat de droit”
Les hommes seuls qui demandent l’asile ne seront temporairement plus accueillis dans le réseau Fedasil. C’est ce qu’a annoncé le cabinet de Nicole de Moor, secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, mardi soir. Pour elle, ils peuvent aller dans les centres d’accueil bruxellois gérés par le Samusocial. “Pire qu’un manquement”, a réagi le président de la Ligue des droits humains Edgar Szoc à notre micro, “c’est vraiment une violation flagrante et assumée de l’État de droit.”
La secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, a décidé de ne plus accueillir temporairement dans le réseau Fedasil les hommes seuls demandeurs d’asile en Belgique, a annoncé son cabinet mardi dans un communiqué. Derrière cette décision, la secrétaire d’État entend anticiper “‘l’afflux croissant de familles et d’enfants pour éviter absolument que des enfants ne se retrouvent à la rue en hiver“.
“Ne voulant pas être en retard sur les événements, je prends d’ores et déjà la décision de réserver toutes les places disponibles aux familles avec enfants“, explique Mme de Moor, citée dans le communiqué. “Le nombre élevé de demandeurs d’asile arrivés dans notre pays ces deux dernières années pèse encore sur le réseau d’accueil. Nous continuons à ouvrir de nouveaux centres, mais chacun a pu constater l’année dernière combien il est difficile de créer des places d’accueil. Je veux absolument éviter que des enfants se retrouvent à la rue.“
La secrétaire d’État souligne par ailleurs le fait que la Belgique “fait plus que sa part depuis longtemps“, précisant que cette année, “19.000 demandeurs d’asile se sont fait enregistrer en Belgique, contre 1.500 au Portugal, un pays dont la population est similaire à celle de la Belgique“. La secrétaire d’État dit travailler avec ses collègues européens sur un pacte sur les migrations qui réformera fondamentalement la politique européenne en matière d’asile et de migration et qui, à terme et toujours selon elle, doit permettre d’améliorer également la situation en Belgique.
“Le pacte comprendra une procédure rapide aux frontières extérieures et une répartition plus équitable des demandeurs d’asile en Europe“, peut-on lire dans le communiqué. Mais Mme de Moor et son cabinet soulignent que ces mesures prennent du temps et qu’elles ne porteront pas leurs fruits immédiatement.
■ Une interview du président de la Ligue des droits humains Edgar Szoc, au micro d’Anaïs Corbin