Suppression des références à la diversité par GSK: où en est-on dans les entreprises bruxelloises?

Interdiction de promouvoir la diversité, l’égalité et l’inclusion: la mesure prise récemment par l’administration Trump de l’autre côté de l’Atlantique a déjà des répercussions chez nous. GSK (GlaxoSmithKline) qui emploie 9000 personnes à Wavre, Jodoigne et Rixensart et qui vend ses vaccins principalement aux Etats-Unis a d’ores et déjà fait savoir qu’elle se pliait à la mesure. Securitas, dont les agents veillent à la sécurité de l’ambassade américaine, reconnaît avoir reçu une lettre qui l’invite à respecter les nouvelles normes. Où en est-on dans la diversité dans les entreprises bruxelloises ? Comment fait-on pour l’implémenter ?

Reportage de Léa Dubuc et Néo Fasquel

“Les programmes qui opèrent en dehors des USA et qui n’impliquent pas ou n’ont pas d’impact sur les Américains se poursuivent” a précisé la firme pharmaceutique GSK, qui justifie la manière dont elle applique le décret du président américain Donald Trump mettant un terme aux programmes de diversité, d’équité et d’inclusion.

La firme a effacé de son vocabulaire les mots “diversité” et “équité”, ont dénoncé le centre belge pour l’égalité des chances Unia et le syndicat CSC, dans une position relayée par 7Dimanche. “En tant qu’employeur aux USA qui a également des contrats avec l’État et le gouvernement fédéral, GSK est assujettie aux lois, aux règlements et aux exigences des contrats gouvernementaux des USA“, explique l’entreprise pharmaceutique. “Nous devons rester en conformité avec l’environnement juridique des USA. Lorsque nos programmes mondiaux d’inclusion opèrent aux USA ou impliquent des citoyens américains, nous faisons une pause qui nous permet de les examiner et de nous assurer qu’ils restent conformes. Les programmes qui opèrent en dehors des USA et qui n’impliquent pas ou n’ont pas d’impact sur les Américains se poursuivent.”

■ Interview de Carole Poncin, du centre belge pour l’égalité des chances Unia

Le décret s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain. Or, en Belgique, GSK vend l’essentiel de ses vaccins aux Américains, ils sont leur plus gros client, relèvent Unia et la CSC. La multinationale a adapté son vocabulaire dans sa communication d’entreprise, effaçant les mots “diversité” et “égalité”. Seul le mot “inclusion” a été conservé, sur le site internet notamment.

“Ce qui se passe chez GSK est grave et regrettable, c’est un vrai recul“, a réagi Patrick Charlier, directeur d’Unia. “Il s’agit de l’un des plus gros employeurs privés en Wallonie, c’est un très mauvais signal, mais nous ne pouvons mener aucune action. En Belgique, il n’y a pas d’obligation de mener des politiques de diversité. On ne peut que l’encourager, on a d’ailleurs des outils et des formations pour accompagner les entreprises dans ce sens. Pour que l’on puisse intervenir dans ce dossier, il faudrait que GSK commence à discriminer, car là il y aurait alors une infraction. Mais ce n’est pas le cas ici“.

La CSC s’inquiète aussi de la démarche:  “Constater aujourd’hui qu’on gomme des mots, c’est choquant et inacceptable. La multinationale fait passer le business avant les valeurs d’équité et de diversité“, observe Aurore Joly, secrétaire permanente pour la CSC Industrie. “Nous sommes aussi très fâchés sur les responsables politiques belges qui se contentent de “s’offusquer”, qui parlent “d’une attitude regrettable des USA”, etc. mais qui ne se mouillent pas vraiment. Il faut des actes !“, clame-t-elle.  “Nos ministres devraient envoyer un courrier officiel à l’ambassade des États-Unis. Ils doivent se bouger afin de protéger les entreprises et surtout les travailleurs, contre l’extrême droite de Donald Trump et contre l’ingérence des États-Unis“, ajoute-t-elle.