Substances potentiellement toxiques dans les masques Avrox : et les autres ?

Il y a quelques jours, le ministre de la Santé a pris la décision de déconseiller l’utilisation des masques Avrox, gratuits et distribués par les autorités au début de la crise sanitaire.

Faut-il s’inquiéter de la qualité des masques en tissu ? C’est la question que certains se posent après les révélations concernant les masques de la firme Avrox, qui avaient été commandés par l’Etat fédéral, et qui contiennent des particules potentiellement nocives. Ces masques sont désormais officiellement déconseillés.

Ce qui est reproché aux masques Avrox, c’est qu’ils contiennent des substances potentiellement toxiques : un biocide à base de nitrate d’argent, destiné à rendre le masque plus performant, et aussi du dioxyde de titane, qui est un pigment.

La présence de ces substances a été révélée dans un rapport de Sciensano, analysé par le Conseil Supérieur de la Santé.

Interview complète de Jean Nève, président du Conseil Supérieur de la Santé

Les autres masques en tissu également concernés ?

Ici, c’est donc les masques produits par Avrox qui sont concernés. Mais les autres masques en tissu vendus dans le commerce sont-ils également à risque ? “Cela me semble assez peu probable, car ces particules coûtent cher, donc les incorporer demande certains moyens“, explique Alfred Bernard, toxicologue à l’UCLouvain.

Néanmoins, c’est clair que d’autres masques pourraient être concernés, qui n’ont pas été examinés. Ils le seront sans doute dans un futur proche, mais il faudra un peu de temps pour analyser toute la gamme de masques existants, ajoute Jean Nève, président du Conseil Supérieur de la Santé, “il faut être conscient que la composition des masques est déclarée par le fabricant lui-même, chaque masque n’est pas analysé : le fabricant déclare les composants, ce qui donne lui à un examen par les autorités, le SPF Santé Publique (…) Il y a donc nécessité de poursuivre les investigations pour déterminer la nature des dangers potentiels, qui sont peut-être négligeables“.

Interview complète d’Alfred Bernard, toxicologue à l’UCLouvain

Quels sont les risques ?

Revenons aux masques produits par Avrox. Avec la présence de ces deux substances potentiellement toxiques, que risque-t-on ? La réponse est plutôt floue, puisque si ces deux substances ont déjà été utilisées au contact de l’homme, il ne s’agissait pas d’un contact aérien : pour le nitrate d’argent, c’était dans du maquillage, et pour le dioxyde de titane, on en retrouve dans l’alimentation.

“Les risques chez l’homme sont très peu documentés, on a très peu d’études chez l’homme, même sur l’absorption, au niveau des risques. En revanche, chez l’animal, ces particules, surtout le dioxyde de titane, peuvent être inhalées, passer dans le sang, et induire une réponse inflammatoire du système immunitaire pour se protéger. Et cette réponse, si elle est soutenue, elle peut déboucher sur des mutations et des risques de cancer. C’est donc un cancérogène possible pour l’homme, sur base de données chez l’animal”, explique le toxicologue Alfred Bernard.

 

■ Le point avec Arnaud Bruckner dans Toujours + d’Actu