Soupçons d’espionnage à l’ambassade de Russie à Uccle : 17 paraboles ont été repérées

17, c’est le nombre d’antennes paraboliques qu’on peut compter aujourd’hui sur le toit de l’ambassade de Russie à Uccle. Et ce nombre impressionnant inquiète les autorités belges et européennes, qui soupçonnent la Russie d’espionnage.

C’est une enquête du quotidien belge De Tijd, en collaboration avec d’autres médias européens, qui révèle ces informations autour de soupçons d’espionnage de la part des autorités russes, dans le cadre du dossier “Espiomats”.

17 antennes au moins ont été comptées sur ce territoire de 46 000 m², en plus de nombreux autres équipements de communication. En tout, ce sont 182 antennes sur des bâtiments localisés dans 39 États européens qui ont été comptabilisés par le consortium de journalistes européens.

Selon des experts en renseignement par ondes électromagnétiques, la Russie est bien capable d’utiliser ces antennes pour espionner et intercepter des communications. De Tijd précise par ailleurs que le parc de paraboles a fortement augmenté sur les toits de l’ambassade russe avec seulement 7 antennes en 2004, contre 17 aujourd’hui. Et des gouttières installées en 2018 cacheraient en outre certains instruments, rapporte encore le quotidien flamand.

Le problème, c’est que les autorités belges ne peuvent pas intervenir : selon la convention de Vienne, il n’est pas permis de contrôler les communications envoyées par une ambassade. Il existe une protection juridique qui rend impossible tout contrôle. Mais la Sûreté de l’État surveille et confirme qu’elle est attentive à ces équipements sur les toits russes.

Possibles interceptions de communications

Que peut faire la Russie avec ces antennes paraboliques ? On parle de possibles interceptions de communications téléphoniques par satellite. Ou l’interception de communications dans l’aéronautique, dans la navigation, mais aussi au sein de la police ou de l’armée. La police rassure sur le fait que ses communications sont cryptées depuis 2011, mais il existe toujours un risque de nouvelles techniques d’écoute.

De Tijd rapporte encore que ces antennes peuvent servir à communiquer et échanger avec des navires militaires russes. Le quotidien indique que 30 de ces navires étaient proches de nos côtes l’année dernière. Ces bateaux peuvent donc recevoir des renseignements importants.

La Belgique confirme par ailleurs avoir placé de nombreux officiers russes sur liste noire en raison de soupçons d’espionnage. Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) précise que 21 diplomates russes ont été expulsés en début d’année et déclarées persona non grata. Plusieurs techniciens ont également été placés sur liste noire. Ils sont accusés d’avoir des profils qui peuvent permettre le piratage ou l’interception illégale de données.

Les services de renseignement européens travaillent de concert pour surveiller d’éventuelles opérations russes, même si la tâche s’annonce délicate vu les protections juridiques en place.

■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30

Photo : Caravaggio