Simon Gronowski, survivant de l’Holocauste, dédie sa vie au devoir de mémoire

Simon Gronowski se trouvait dans le XXe convoi en direction d’Auschwitz-Birkenau, où il s’est rendu ce jeudi. BX1 l’a rencontré sur place.

En 1943, alors qu’il n’a que 11 ans, Simon Gronowski est arrêté à Bruxelles par la Gestapo. Alors qu’il se trouve dans le XXe convoi en direction d’Auschwitz-Birkenau, trois jeunes garçons arrêtent son train et libèrent 17 personnes du convoi de tête. Bien que son wagon n’ait pas été ouvert par ces jeunes, la mère de Simon Gronowski lui ordonne de sauter et de s’enfuir. Cette dernière ne le suivra pas, pour ne pas “handicaper” la fuite de son fils, explique-t-il.

Sa mère, Chana, et sa sœur, Ita, seront tuées à Auschwitz-Birkenau. “Si ma mère m’avait dit de rester avec elle, je ne l’aurais pas quittée. Et je serais mort avec elle dans la chambre à gaz. Parce que, moi, à 11 ans, j’aurais été directement dans la chambre à gaz“, poursuit le survivant.

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Quelques mois plus tard, Simon Gronowski perd son père. “Mon père est mort. Il n’a pas pu résister à la maladie. Il est mort désespéré. Et je suis resté tout seul.”

À 16 ans, Simon Gronowski retourne vivre dans la maison de ses parents située à Etterbeek, après avoir vécu en famille d’accueil. Il a ensuite fait des études, pour “avoir une vie dont mes parents auraient été contents“. Quelques années plus tard, alors âgé de 23 ans, Simon Gronowski devient docteur en droit.

Pendant soixante ans, je n’ai pratiquement pas parlé de cette tragédie. Ce n’était pas un secret. Ma famille et mes amis savaient deux choses : j’avais sauté du train et j’avais perdu ma famille. C’était suffisant.”

Après soixante ans, des gens sont venus me voir pour me dire que je devais témoigner et écrire un livre. Et c’est ce que j’ai fait.” Un livre, qui ne l’a pas changé lui, mais qui a pourtant changé sa vie, explique-t-il. Il devient dès lors un véritable garant de la mémoire, se rendant dans des écoles pour livrer son histoire.

Ce devoir de mémoire, il le fait principalement pour lutter contre les personnes qui prétendent que l’Holocauste et les camps de concentration n’ont jamais existé : “Je voudrais qu’ils aient raison, parce qu’alors, j’aurais gardé ma famille.”

■ Portrait de Simon Gronowski, par Arnaud Bruckner et Stéphanie Mira

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21 janvier 2024 - 13h10
Modifié le 21 janvier 2024 - 15h23