SIAMU : Unia rapporte des insultes et “un climat xénophobe” chez les pompiers

Unia, l’ancien centre fédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, a compilé en juin 2020 de nombreux témoignages de propos insultants et racistes au sein des casernes du SIAMU, le Service d’Incendie et d’Aide médicale urgente bruxellois, aujourd’hui révélés par Le Soir.

Ce rapport d’Unia avait été demandé par le gouvernement bruxellois, en plus de l’audit réalisé par le bureau de consultance Moore autour de ces problèmes internes au Siamu. Le rapport de Moore établissait avant tout des chiffres autour d’un climat néfaste au sein des casernes des services de secours bruxellois, le rapport d’Unia se veut pour sa part plus concret avec un flot de témoignages sur “la mentalité raciste” au sein du service.

Le rapport, dont le quotidien Le Soir dévoile les grandes lignes, pointe que dès la formation des jeunes recrues, il est demandé aux personnes d’origines étrangères de “se tenir à carreaux, être irréprochables, étudier plus que les autres, ‘se faire tout petits’, se faire oublier, faire ‘profil bas’”.

Un capitaine et instructeur viserait des recrues en les traitant de “kak” (diminutif de “macaque”) et de “zwets” (“noirs”). Un instructeur aurait même fermé le robinet de la bouteille d’air d’une recrue d’origine marocaine, en pleine simulation d’incendie avec flammes et fumée.

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Des partages du Vlaams Belang

Le rapport pointe également une vie quotidienne difficile pour les pompiers d’origine étrangère. Lors des gardes de 24 heures, certains confirment des repas et pauses difficiles à vivre. “Alors, tu manges pas avec nous, Aladdin ?”, est une blague raciste entendue, alors qu’un témoin affirme qu’ils “ne voulaient pas d’Arabes dans la chambre” de repos. Tout ce qui n’est pas ‘homme’ et ‘blanc’ ferait l’objet de remarques, insultes, propos déplacés : homo, femme, noir, arabe…”, dit encore le rapport.

Unia indique encore que des pompiers bruxellois, occupant parfois des postes à responsabilités, ont partagé des messages à caractère raciste, islamophobe ou anti-migrants sur les réseaux sociaux. Certains ont en prime partagé des messages de Tom Van Grieken, président du parti d’extrême-droit Vlaams Belang, et du parti.

Des pompiers tiendraient également des propos discriminatoires et auraient des comportements inappropriés via-à-vis des personnes d’origine étrangère auxquelles ils viennent en aide, souvent tenus en présence de hauts gradés, voire par les hauts gradés eux-mêmes.

“Il est incontestable qu’il existe au sein du Siamu un climat xénophobe qui légitime des propos et actes à caractère raciste punissables par la loi, conclut Unia, qui plaide pour un plan de diversité, la révision des équipes pour briser les habitudes discriminatoires ou encore la mise en place de quotas dans les recrutements.

Les débats autour du SIAMU et de sa réforme se poursuivront le 15 juin devant la commission Affaires intérieures du Parlement bruxellois en présence du secrétaire d’État en charge du SIAMU Pascal Smet (one.brussels/Vooruit).

“Subjectif et unilatéral”

Dans un communiqué, le SIAMU a réagi à ces révélations d’Unia, via un courrier adressé au centre fédéral. “Le rapport d’Unia nous semble subjectif et unilatéral, ce que Unia reconnait d’ailleurs”, affirme le service. “Le rapport est également parfois factuellement erroné, ou simplement fallacieux dans la temporalité de son compte-rendu. Enfin, nous soulignons que le rapport d’audit de Moore et le rapport d’Unia divergent notablement dans leurs conclusions, entre autres quant à l’aspect systémique du racisme qu’Unia qualifie de « prégnant ».”

■ Interview de Pierre Menu, commandant en second au Siamu et Hicham Talhi, député Ecolo, par Vanessa Lhuillier

Gr.I. – Photo : illustration Belga/Dirk Waem