Affaire Jambon/Mary: y a-t-il eu un manque de respect dans la séparation des pouvoirs ?
Les réactions sont vives contre le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), suite à ses propos tenus contre la plaidoirie de Sven Mary, l’avocat de Salah Abdeslam . Il est accusé de mettre à mal le principe même de séparation des pouvoirs.
Jan Jambon, le ministre de l’Intérieur a, dimanche, sur le plateau d’une chaîne flamande, dit ne pas comprendre la demande d’acquittement de Salah Abdeslam par son avocat Sven Mary.
“Un avocat est là pour faire en sorte qu’une personne reçoive une peine correcte”, avait-il déclaré. “Que M. Mary demande son acquittement, c’est aller un pont trop loin. Si des erreurs de procédure sont commises, il faut peut-être recommencer le procès mais cela ne peut quand même pas mener à un acquittement”, avait-il alors conclu.
Sur le plateau de M, deux interlocuteurs du monde judiciare sont se positionnés à la suite de la sortie du ministre. La critique est unanime: en agissant de la sorte, Jan Jambon a mis en danger le principe de la séparation des pouvoirs.
Pour Frédéric Krenc : “C’est difficilement compréhensible et pour tout dire vrai, inacceptable dans le chef d’un minitsre en exercice”. Cela porte atteinte à l’indépendance de l’avocat qui, il le rappelle “est un homme libre” au sein du tribunal et “ne doit rendre de compte à personne et certainement pas une autorité exécutive”. Le ministre a donc méconnu le rôle mais aussi le statut de l’avocat. Selon lui, deux autres problèmes se posent: celui de la présomption d’innocence et l’atteinte à l’indépendance du tribunal.
Les ministres sont là pour rappeler les principes fondateurs de l’Etat de droit et donc, à ce niveau, le respect des libertés fondamentales, comme la présomption d’innocence, ou l’indépendance du pouvoir judiciaire face aux pouvoirs exécutif et législatif, rappelle Antoine Chomé. “En agissant de la sorte, il s’immisce dans la pouvoir judiciaire”. Il n’hésite d’ailleurs pas à conclure par des mots durs: “ça peut être à terme, les prémices d’un Etat avec un plein pouvoir du côté de l’exécutif et donc les premices d’un Etat totalitaire.”