Selon une nouvelle étude, les seniors sont de plus en plus précarisés et isolés
Les personnes âgées sont de plus en plus confrontées à des situations économiques, sociales et de santé difficiles, selon une nouvelle étude de la Mutualité chrétienne. Celle-ci révèle une situation de précarité criante pour les seniors en Belgique.
Près d’une personne âgée sur deux est seule dans sa maison ou son appartement, ici à Bruxelles. Dans le cas où la santé et l’autonomie suivent, un tel isolement ne pose pas trop de problèmes, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
Selon cette étude d’une quarantaine de pages, 8 seniors sur 10 souffrent d’une pathologie chronique. Et la majorité, de ces pathologies sont des problèmes cardiovasculaires.
Conséquence de cette augmentation des problèmes de santé, les 65 ans et plus, se rendent de plus en plus souvent chez le médecin ou à l’hôpital. À Bruxelles, pas loin d’une personne sur 10 est inscrite dans une maison médicale, c’est plus qu’en Flandre et en Wallonie.
Outre les problèmes de santé, la précarité dans cette tranche d’âge est importante. Une personne sur quatre a le statut “BIM”, bénéficiaire d’intervention majorée. Et, selon la Mutualité chrétienne, le taux de mortalité est deux fois plus élevé pour ces bénéficiaires que pour le reste de la population. Quand on a plus de 65 ans, on a 3,7% de probabilité de mourir dans l’année. Quand on est bénéficiaire de intervention majorée et qu’on a plus de 65 ans, la probabilité dépasse les 6% .
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La Belgique vieillit
On constate aussi qu’au fil des années, il y a une augmentation du nombre de seniors ayant séjourné en maison de repos, plus de 10% en 2022. Preuve à nouveau que la Belgique vieillit. Et cela va continuer… D’ici 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans doublera, passant d’environ 640.000 aujourd’hui à 1,2 million.
Deux facteurs expliquent ce vieillissement de la population : une fécondité faible et une plus longue espérance de vie.
Recommandations de la MC
Face à cette augmentation du nombre d’ainé à l’avenir et des problèmes de santé qui sont liés, la Mutualité chrétienne fait des recommandation en matière de soin.
Elle recommande d’investir dans les soins de première ligne : plus de médecins, d’infirmiers à domicile, de pharmaciens, parce que ces personnes jouent un rôle essentiel auprès des ainés. Elles sont les premières personnes à détecter un problème et offrir les soins nécessaires.
Autre recommandation, placer l’attention sur la qualité de vie des personnages âgées : avoir un cadre de vie agréable, se sentir entouré, et surtout avoir une aide financière suffisante.
Interview d’Elise Derroitte, directrice du service d’étude et du service politique des mutualités chrétiennes sur l’étude sur la santé des seniors :
“Une approche radicalement différente”
Par ailleurs, Luc Van Gorp, président de l’Alliance nationale des mutualités chrétiennes a plaidé lundi dans Het Nieuwsblad et la Gazet van Antwerpen pour des solutions radicales en matière de vieillissement. Il estime ainsi que celles et ceux qui en ont assez de vivre devraient recevoir la possibilité de réaliser leur souhait.
Il estime qu’il ne suffit pas d’augmenter les ressources financières pour faire face à ce vieillissement et préconise “une approche radicalement différente”. “Les médecins et autres professionnels de la santé s’efforcent aujourd’hui de faire en sorte que tout le monde vive plus longtemps, mais dans quel but ? Vivre plus longtemps n’est pas une fin en soi, n’est-ce pas ? Il faudrait avant tout se poser la question suivante : combien de temps puis-je vivre une vie de qualité ?”
Il rappelle qu’il existe déjà des règles strictes pour l’euthanasie définies par la loi. “Cela fonctionne bien pour les personnes qui souffrent de manière insupportable. Mais il devrait aussi y avoir une forme plus douce, pour les personnes qui estiment que leur vie est terminée. Je sais que c’est un sujet sensible, mais nous devrions oser avoir ce débat“.
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■ Les explications de Camille Paillaud dans le journal de 8h