“Rien à foutre” : l’avant-première bousculée par des accusations d’agressions sexuelles

Arthur Egloff Film Rien à Foutre - Capture

Le cinéma Palace accueillait ce lundi soir l’avant-première bruxelloise du film « Rien à foutre » d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre avec Adèle Exarchopoulos. La séance de questions/réponses a pris une tournure inattendue lorsque plusieurs spectatrices ont affirmé voir leur bourreau à l’écran, Arthur E.

C’est l’histoire de Cassandre (jouée par Adèle Exarchopoulos), hôtesse de l’air de 26 ans, qui vit de fête et d’alcool à chaque escale et tient le coup malgré une certaine insouciance des conditions de travail déplorables au sein de sa compagnie aérienne low-cost.

Lorsque le film se termine sous les applaudissements du public, les deux réalisateurs accompagnés de deux acteurs montent sur scène pour répondre aux questions. Après une brève explication sur l’origine du scénario, une première spectatrice demande : « est-ce que les acteurs sont alcoolisés sur le tournage ? », en se référant à une scène entre Cassandre et Arthur (Arthur E.), un membre de son équipage avec qui elle finit une soirée arrosée dans un canapé (voir ci-dessus, la photo d’illustration de cet article).

“Il a déjà agressé”

L’équipe précise dans la foulée que quelques fioles ont pu être utilisées pour faciliter le jeu d’acteur. « Alors lorsque Cassandre (Adèle Exarchopoulos) lui demande d’enlever sa main, est-ce que c’était écrit ou est-ce que le sujet alcoolisé s’est permis de la toucher ? », rétorque la spectatrice en précisant « car il a déjà agressé plusieurs de mes amies ».

Dans la grande salle du Pathé Palace, un malaise général s’installe, l’équipe et le comédien pointé du doigt tentent de répondre en leur qualité d’artistes, mais ils sont rapidement assaillis des quatre coins de la salle : « ça me donne des frissons de voir à l’écran la personne qui m’a agressée dans la vraie vie ! », s’exclame une spectatrice, avant qu’une autre surenchérisse : « son rôle lui colle à la peau dans la vraie vie ».

L’acteur visé par les accusations est Arthur E.. Ce dramaturge formé à l’Insas est actif dans divers théâtres bruxellois, notamment au sein du duo Egloffchappel.

“Une affaire privée”

Alors que les réalisateurs et le producteur tentent d’apaiser les esprits et exhortent le public de ne pas transformer le cinéma en tribunal, une trentaine de personnes quitte la salle comble. L’ambiance se détend et les thématiques sociétales du film peuvent être abordées. « Rien à foutre » critique l’industrie aéronautique low-cost et son modèle d’affaire aussi précaire que rentable. Tourné à la manière d’un reportage, l’histoire plonge le spectateur dans un voyage existentiel subtilement interprété par Adèle Exarchopoulos.

Ce mardi, l’attachée de presse du film Barbara Van Lombeek a réagi : « C’est une affaire privée qui n’a rien à voir avec le film en lui-même. La justice est là, et s’il y a des plaintes, les personnes peuvent suivre le processus. »

Arthur E., pour sa part, nous a répondu : « J’ai entendu et écouté les mots et les prises de paroles exprimés à mon encontre ce lundi soir. Et je prends la pleine mesure de leur poids et de leur gravité ».

Iris Briesman – Photo : capture du film “Rien à foutre”