RichMeetBeautiful : six mois de prison requis contre le propriétaire du site
Le procès du site internet “RichMeetBeautiful” a débuté jeudi matin devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.
Ce site avait fait parler de lui avec des publicités diffusées devant l’Université Libre de Bruxelles (ULB) en septembre 2017, proposant à des étudiantes de se faire entretenir par des hommes plus âgés et fortunés. Ce sont la société propriétaire du site web, la SPRL Digisec Limited, et son gérant, Sigurd Vidal, qui sont directement visés par les préventions. Ce dernier sera présent en personne jeudi devant le tribunal, assisté de son nouvel avocat, Me Eric Cusas.
La société et son gérant ont été cités directement devant le tribunal correctionnel de Bruxelles par le parquet sur base de trois infractions. Il s’agit de tentative de débauche ou de prostitution d’autrui, de publicité incitant à la débauche ou à la prostitution d’autrui et enfin de violation de la loi concernant la lutte contre le sexisme dans l’espace public.
La procureure a estimé que les trois préventions à charge de l’homme d’affaires norvégien et de sa société étaient établies, soit l’incitation à la débauche ou la prostitution, la diffusion d’une publicité incitant à cela et l’infraction à la loi sur le sexisme dans l’espace public. La procureure a requis à l’encontre de Sigurd Vidal une peine de six mois de prison avec sursis et une amende pénale de 40.000 euros. Elle a également requis une telle amende à l’encontre de la société de Sigurd Vidal, la SPRL Digisec Limited, mais d’un montant de 250.000 euros.
Le prévenu s’est défendu d’avoir voulu inciter à la prostitution de jeunes étudiantes, affirmant avoir uniquement créé un site de rencontres comme il en existe d’autres. Son avocat a plaidé l’acquittement.
“Sortez avec un Sugar daddy”
En septembre 2017, le site de rencontres “RichMeetBeautiful” avait suscité de vives réactions à la suite d’une campagne de publicité sur les campus de l’ULB. Une bâche publicitaire adossée à une camionnette circulait autour de l’Université, mentionnant : “un prêt étudiant? Sortez avec un Sugar daddy”. Cette publicité invitait ainsi des étudiantes en difficultés financières à fréquenter, contre rémunération, des hommes plus âgés et nantis.
Le jury d’éthique publicitaire l’avait à l’époque jugée contraire à la dignité humaine, après plusieurs plaintes déposées par certains bourgmestres et échevins bruxellois qui, par ailleurs, avaient interdit l’affichage de cette publicité dans l’espace public de leur commune. Le site web avait également été fermé par les autorités belges. (avec Belga)
■ Reportage de Marie-Noëlle Dinant et Frédéric De Henau.