Fédération Wallonie-Bruxelles : l’enseignement au coeur des économies que préconise un groupe d’experts

C’est un rapport qui va immanquablement susciter des réactions : le comité d’experts désigné au printemps dernier par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour identifier des pistes d’économies vient de rendre son rapport final. Le secteur de l’enseignement est particulièrement concerné : charge de travail accrue pour les professeurs, suppression du système de pension anticipée, augmentation du minerval… Des propositions qui seront étudiées par le gouvernement, qui entrera en conclave budgétaire lundi. Il doit trouver 300 millions d’euros.

■ Explications de Bryan Mommart

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit réaliser un effort budgétaire considérable. Pour l’aider, il a fait appel à un comité d’experts. Ce groupe d’une dizaine de spécialistes, présidé par l’économiste Pierre Crevits, et où figurent notamment Étienne de Callataÿ, Philippe Defeyt et Jean Hindriks, estime que la reprise en main des finances de la FWB est une nécessité “absolue” et “urgente” au vu de la situation actuelle.

Le rapport de 41 pages doit servir de base aux négociations pour l’élaboration du budget 2026. En déficit chronique depuis des années, la Fédération affiche aujourd’hui une dette de 14 milliards d’euros, soit davantage que ses recettes annuelles. La nouvelle majorité MR–Engagés a promis de réduire de 300 millions d’euros le déficit actuel d’ici 2029. Mais pour les experts, il ne s’agit que d’une première étape, insuffisante pour éviter un “emballement insoutenable de la dette“. “Sans correction substantielle, la trajectoire budgétaire actuelle mettra en grave danger le financement de la FWB et de tous ses acteurs“, avertit le rapport, qui appelle à “accélérer” le rythme des économies.

L’enseignement en première ligne

Impossible de s’attaquer au budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles sans passer par l’enseignement. Il s’agit du premier poste de dépense de l’entité : 7 milliards d’euros par an, soit 54 % de son budget global. Et le comité d’experts attaque fort en proposant d’augmenter la charge horaire des enseignants du secondaire. Ils passeraient ainsi de 20 à 22 périodes de cours par semaine, et à 24 périodes pour les enseignants d’éducation physique, artistique et musicale. Les économistes justifient leurs recommandations : “Sur base de comparaisons internationales, le nombre d’heures de cours par semaine des enseignants et le nombre d’élèves par enseignant apparaissent plus faibles en FWB que dans beaucoup d’autres pays.

Les experts suivent aussi une recommandation du gouvernement fédéral : réviser, voire mettre fin, au système de DPPR (Disponibilité Précédant l’âge de la Retraite). Ce dispositif permet aux enseignants de réduire ou d’arrêter partiellement leur activité professionnelle quelques années avant l’âge légal de la pension, tout en conservant une partie de leur traitement et de leurs droits de pension.

Les futurs enseignants risquent aussi de grincer des dents. Le rapport mentionne la possibilité de ne plus augmenter le barème des salaires pour celles et ceux qui auraient suivi une formation plus longue. Une proposition qui intervient alors que le temps d’étude pour obtenir un diplôme de professeur est passé de trois à quatre années, tandis que celui pour une agrégation a été doublé. Résultat de la Réforme de la formation initiale des enseignants (RFIE), dont le coût inquiète les économistes : entre 500 millions et 1 milliard d’euros. Ils s’interrogent sur la pertinence de poursuivre cette réforme et recommandent “d’éviter l’introduction d’un barème 401 supérieur à l’actuel barème 301 et de limiter l’accès à un barème 501“.

En vrac, dans les recommandations relatives à l’enseignement, on notera aussi :

  • la réduction du nombre d’enseignants dont le salaire est payé par la FWB mais qui ne sont pas présents en classe
  • la limitation des possibilités et des durées de détachement auprès d’autres organisations
  • l’aménagement du temps de travail des enseignants en fin de carrière, pour qu’ils puissent exercer plus longtemps
  • la limitation du nombre de petites classes

L’enseignement supérieur également concerné

Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme quant à la situation préoccupante de l’enseignement supérieur. Depuis plusieurs années, universités et acteurs du secteur réclament un refinancement structurel. Le rapport met en évidence un déséquilibre marqué : entre 2006 et 2021, le nombre d’étudiants a progressé de près de 50 %, alors que le budget, corrigé de l’inflation, n’a augmenté que de 15 %. Or, aucune mesure de refinancement n’est encore envisagée.

Les pistes étudiées portent essentiellement sur de nouvelles recettes, notamment via une hausse du minerval, gelé depuis 2011. Le comité évoque également une réforme des allocations d’étude et l’éventualité d’une contribution plus élevée des étudiants européens, tout en préservant la mobilité internationale. Selon le rapport, une telle mesure permettrait de générer des économies pour la Fédération Wallonie-Bruxelles grâce au mécanisme actuel de compensation du minerval.

Davantage d’économies pour la RTBF

Du côté des médias, c’est à nouveau la RTBF qui est ciblée. “La dotation de la RTBF représente 84,7 % du budget audiovisuel et multimédias de la FWB“, explique le comité d’experts. En 2025, cela représentait 376 millions d’euros. “La VRT a une dotation de même grandeur pour un public cible deux fois supérieur. Le comité est persuadé que des économies significatives sont possibles tout en préservant la qualité de l’information (…) en remettant en question une série de projets“, conclut le rapport.

Un son de cloche différent pour les médias de proximité, dont les experts mettent en doute la réforme. “Il convient d’en relativiser la portée et de s’assurer que ces efforts n’affectent pas la qualité du service offert en matière d’information de proximité“, écrivent-ils.

Culture et sport pas épargnés

En matière de culture, les experts invitent à explorer plusieurs pistes, parmi lesquelles “limiter le recours aux subventions facultatives“, “encourager les acteurs culturels à revoir leur politique tarifaire” ou encore “mettre en place un mécanisme permettant le mécénat via des dons ou des legs“.

Le secteur sportif, parent pauvre du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles, n’est pas épargné : le rapport recommande “la rationalisation du nombre de fédérations sportives” ainsi que la réduction du nombre de centres sportifs Adeps.

L’administration appelée à participer à l’effort

Aujourd’hui, près de deux tiers des membres de cabinets ministériels sont en réalité des fonctionnaires détachés, toujours rémunérés par leur administration d’origine. Les cabinets ne prennent en charge qu’une prime, laissant l’essentiel du coût peser sur les services administratifs. Le comité d’experts mandaté par la Fédération Wallonie-Bruxelles recommande de mettre fin à ce système et de revoir en profondeur le détachement des agents. Il suggère de s’inspirer du modèle en vigueur en Communauté flamande, où les ministres reversent à l’administration d’origine le traitement des fonctionnaires détachés, même lorsque le détachement s’opère au sein du même niveau de pouvoir.

Dans la même logique, et en cohérence avec la réforme plus large de la fonction publique que le gouvernement entend mener, les experts préconisent également une réduction du nombre de mandataires au sein de l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le rapport se conclut sur un avertissement : “Compte tenu des impacts sociaux liés aux économies budgétaires, le comité insiste sur la nécessité d’élaborer en parallèle un plan de transition sociale soutenable pour les organisations concernées.

Rédaction avec Belga

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