Procès des attentats de Paris : retour sur l’audition de Mohamed Abrini, ce mardi

Son audition a eu lieu ce mardi.

Après une brève suspension d’audience dès son ouverture à la suite du refus de comparaître de l’accusé Oussama Krayem, Mohamed Abrini, chemise blanche, barbe et cheveux courts, s’est installé mardi, au 101e jour d’audience au procès des attentats du 13-Novembre, à la barre pour expliquer, devant la cour d’assises spéciale de Paris, comment il a refusé de faire partie du “commando des terrasses”.

Ce commando a fait des dizaines de morts et de blessés sur les terrasses de plusieurs bars parisiens, avant l’attaque du Bataclan, le 13 novembre 2015. Mardi, l'”homme au chapeau” des attaques de Bruxelles commence par confirmer son annonce lancée au procès mardi dernier: “J’étais prévu. J’ai effectivement rencontré Abaaoud en Syrie, à Raqqa“. Après son retour de Syrie, relate l’accusé, Brahim Abdeslam l’informe de la présence sur le territoire belge de son ami d’enfance Abdelhamid Abaaoud, “chef opérationnel” des attentats parisiens, et il va le voir le 10 septembre.

Abaaoud m’annonce que je vais faire partie d’un projet. (…) Je ne dis pas oui, je ne dis pas non“, tempère Mohamed Abrini, qui refuse tout “affront” envers Abaaoud. “Je ne peux pas lui dire non. (…) il a risqué sa vie pour aller chercher la dépouille de mon frère, pour l’enterrer.” C’est “le dernier jour” que le trentenaire informe Abdelhamid Abaaoud qu’il “ne le fera pas“.

C’est le petit frère qui obéit au grand frère

Après ce désistement, comme il restait un gilet d’explosifs, Mohamed Abrini pense que Brahim Abdeslam, kamikaze du Comptoir Voltaire, l’a gardé pour son frère Salah, principal accusé au procès. “C’est pareil dans toutes les familles du monde, c’est le petit frère qui obéit au grand frère.Abrini ajoute à propos de son ami et voisin de quartier: “Pour moi, Salah Abdeslam, il a pas à être dans ce box. Lui, il était pas prévu.” Salah Abbdeslam aurait ensuite été confronté au mécontentement de Khalid El Bakroui qui lui reproche, à son retour de Paris, de ne pas s’être fait exploser, déclare Abrini.

Mais “il l’aurait pas fait Salah, je l’ai vu dans ses yeux“, affirme-t-il. “Je dis pas ça pour le défendre mais je le dis.” Pressé par le président de la cour sur les détails de l’opération, notamment le commanditaire des attentats, le Belge de 37 ans répond qu’Abaaoud ne “donne pas beaucoup de détails. Il ne dit rien à personne, il veut que personne ne soit au courant de quoi que ce soit pour que sa mission arrive à terme“. Il est d’ailleurs certain que les autres terroristes ignoraient aussi les cibles.

Aux attentats de Bruxelles

Et le 22 mars? “Abaaoud n’est plus là, vous n’êtes plus sous sa coupe, pourquoi vous y allez?“, interroge le président Jean-Louis Périès à propos des attentats perpétrés quelques mois plus tard dans le métro bruxellois et à l’aéroport de Zaventem.

Le 22 mars n’était pas prévu. Tout se précipite parce que Salah est arrêté. J’apprends alors que, le lendemain, un groupe partirait à l’aéroport et un autre dans le métro. Mais moi, dans ma tête, c’était la même chose. Je savais que je ne me ferais pas exploser“, a-t-il répondu.

 

■ Les explications de Camille Tang Quynh dans Le 12h30

Belga – Photo : Archives & Wikipedia / CC BY-SA 3.0 avec modifications / King of Hearts