Procès des attentats de Bruxelles : un mercredi marqué par les pertes de temps et le témoignage de Mohamed Bakkali

Procès Attentats de Bruxelles 22 mars 2016 - Accusés Dessin - Belga Jonathan De Cesare

La journée de mercredi au procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles a été quelque peu singulière, étant marquée par le témoignage de Mohamed Bakkali mais aussi par plusieurs pertes de temps. Durant la matinée, Yassine Atar, le frère d’Oussama Atar, a ainsi refusé de témoigner devant la cour, obligeant celle-ci à lire, durant de longues heures, les auditions le concernant versées au dossier. L’après-midi, l’absence d’un avocat de la défense a également provoqué une brève suspension d’audience.

En début de journée, après l’habituel retour en cellule d’Osama Krayem, Mohamed Bakkali est venu expliquer quels avaient été ses liens avec les frères El Bakraoui, deux des trois kamikazes du 22 mars 2016. La “montée en puissance” en termes de radicalisme de ces derniers n’était pas visible de tous, a témoigné ce Belge d’origine marocaine, considéré comme le cerveau logistique des attaques à Paris du 13 novembre 2015 pour avoir fourni des planques et des voitures aux terroristes. Lors du procès dans la capitale française l’an dernier, il a été condamné à 30 ans de prison, dont il devra purger les deux tiers intégralement. “Ibrahim et Khalid ne montraient alors pas ce qu’ils pensaient. C’était compliqué de leur poser des questions“, a confié le témoin. Aux yeux de Mohamed Bakkali, qui a été arrêté le 26 novembre 2015 et se trouve en prison depuis, jamais les deux frères ne seraient eux-mêmes passés à l’acte, “et encore moins en Belgique, dans un aéroport. Même pour Khalid, ça ne m’est jamais venu à l’esprit.”

L’homme a par contre révélé ne pas avoir voulu, en janvier 2016 et alors qu’il était emprisonné, révéler aux enquêteurs l’adresse de l’une des planques à Bruxelles de la cellule terroriste responsable des attentats à Paris le 13 novembre 2015. Cela par peur de représailles de Khalid El Bakraoui contre sa famille.

Yassine Atar refuse de témoigner

Dans la foulée de ce témoignage, la cour a accueilli Yassine Atar. Condamné à huit ans de prison devant la cour d’assises de Paris pour son aide à l’organisation des attaques, il est le frère d’Oussama Atar, soupçonné d’être le cerveau des attentats à Paris et Bruxelles. Le témoin est également le cousin des frères El Bakraoui, qui se sont fait exploser, l’un à l’aéroport de Zaventem, l’autre à la station de métro Maelbeek le 22 mars 2016.

L’intéressé a cependant refusé de répondre aux questions de la cour d’assises, arguant avoir déjà dit tout ce qu’il avait à dire à Paris et que son témoignage “n’apporterait rien”. Face à l’obstination du témoin, la présidente de la cour et les juges assesseurs ont été contraints de procéder à l’exercice rébarbatif de la lecture des quatre auditions de l’homme qui figurent au dossier. Laurence Massart a néanmoins pris la peine, entre chaque lecture, de redemander à Yassine Atar s’il n’avait pas changé d’avis. Ce dernier a toutefois persisté dans son mutisme. La lecture a pris près de trois heures, jusque vers 14h30.

L’audience brièvement suspendue en l’absence de Me De Taye ou d’un de ses collaborateurs

À la reprise des débats à 15h45, la cour a ensuite rencontré un autre obstacle : Me Jonathan De Taye, l’avocat d’Ali El Haddad Asufi, était en effet absent alors qu’il voulait donner un commentaire sur le témoignage du frère d’Oussama Atar. Dans ces circonstances, Laurence Massart a décidé de suspendre l’audience quelques minutes, en attendant le retour devant la cour de l’avocat.

Me De Taye a finalement fait savoir à distance que “l’on pouvait passer outre son commentaire“, permettant la reprise des débats.

La présidente a, dans la foulée, lu l’audition se trouvant dans le dossier de Bilal Chatra, qui aurait dû participer à l’attentat déjoué dans le Thalys à l’été 2015 avant de prendre la fuite quelques jours auparavant. Les procureurs fédéraux avaient demandé à ce qu’il témoigne devant la cour, par vidéoconférence si besoin, mais l’intéressé avait refusé.

Pour clôturer la journée, la cour s’est attardée sur la première partie du retour d’un devoir des enquêteurs à propos des centaines de victimes non-décédées des attentats à Bruxelles reprises dans l’arrêt de la chambre des mises en accusation. Laurence Massart avait en effet demandé à ce qu’on identifie clairement où se trouvait exactement chaque personne au moment des attentats. Durant une heure, le coordinateur d’enquête Grégory Moitroux a effectué ce travail pour les 166 victimes de Maelbeek. Trois heures devraient être nécessaires, à un moment ultérieur, pour en faire de même pour les 529 personnes non décédées à l’aéroport de Zaventem.

Les familles des kamikazes des attentats à Bruxelles viendront témoigner jeudi

La famille de Khalid et Ibrahim El Bakraoui ainsi que celle de Najim Laachraoui, les trois kamikazes des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, seront auditionnées jeudi par la cour d’assises. Une partie de la journée devrait également être dédiée à la seconde partie du retour de devoir d’enquête concernant la localisation et les séquelles des victimes non décédées des attaques.

La Rédaction avec Belga