Procès des attentats de Bruxelles: la défense d’Ali El Haddad Asufi demande son acquittement pour tous les chefs d’accusation

Me Jonathan De Taye et Me Jean-Christophe De Block prennent la parole pour la défense de leur client, Ali El Haddad Asufi, mercredi, au procès des attentats du 22 mars 2016 devant la cour d’assises de Bruxelles.

Les deux avocats vont tenter de démontrer que ce Schaerbeekois de 38 ans n’était pas au courant des projets d’attentats, fomentés entre autres par l’un de ses plus proches amis, Ibrahim El Bakraoui.

Les procureurs fédéraux ont requis, il y a quelques jours, la culpabilité d’Ali El Haddad Asufi pour participation aux activités d’un groupe terroriste ainsi que pour assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste. L’accusé est poursuivi dans ce dossier des attentats à Bruxelles pour avoir fourni une aide logistique à la cellule terroriste. Il a notamment joué les intermédiaires lorsque Smail Farisi a sous-loué son studio de l’avenue des Casernes à Etterbeek à Ibrahim El Bakraoui.

El Haddad Asufi, qui travaillait pour une société à l’aéroport de Zaventem, a aussi véhiculé à plusieurs reprises son ami Ibrahim durant la période infractionnelle. Enfin, il était en possession d’une clé USB contenant les testaments des terroristes. Pour le ministère public, ces éléments de fait démontrent à suffisance l’implication d’Ali El Haddad Asufi. Selon lui, ce dernier ne pouvait ignorer le projet d’attentat dans lequel était impliqué jusqu’au cou son ami de longue date, Ibrahim El Bakraoui, qu’il appelait constamment d’après la téléphonie.

Mais les conseils de l’accusé vont plaider que rien ne prouve qu’il connaissait les projets d’Ibrahim El Bakraoui. El Haddad Asufi a déjà été condamné dans le cadre du procès des attentats à Paris, à une peine de 10 ans de prison assortie d’une mesure de sûreté égale aux deux tiers de la peine, pour participation à une association de malfaiteurs terroristes.

■ Procès des attentats de Bruxelles : les avocats d’Abdeslam plaident son acquittement pour deux chefs d’accusation


11h17 – “Ali El Haddad Asufi ne fait pas partie de ce projet d’attentats”, assène Me De Block

Me Jean-Christophe De Block a assuré mercredi que Ali El Haddad Asufi “ne fait pas partie et n’adhère pas à ce projet” d’attentats. L’homme de loi s’est évertué à démonter les arguments retenus par le parquet fédéral contre son client.

“On est face à une tentative d’assemblage d’un puzzle. Si les pièces ne s’imbriquent pas bien, c’est qu’il n’est pas parfait. Or il faut qu’il soit parfait car, si le doute subsiste, on ne condamne pas”, a imagé le pénaliste. “Il vous faut réfléchir à un élément important, essentiel !”, a demandé l’avocat au jury.

“C’est la question du motif. Deux expertises psychologiques nous disent que M. Ali El Haddad Asufi n’est pas radicalisé. Il aurait fait ça par amitié ? Mais qui assassinerait plus de 30 personnes par amitié ? Personne, ça n’existe pas ! Seul un psychopathe ferait ça et M. El Haddad n’est pas un psychopathe. Il n’est pas non plus asocial, il est bien intégré dans la société, il n’a pas de casier ni le profil d’un délinquant. Tout le monde parle de lui comme quelqu’un de joyeux, qui rigole tout le temps, et il irait tuer par amitié ? Ça n’a aucun sens.”

Me De Block s’est ensuite attaqué aux éléments essentiels retenus par le parquet contre son client. “S’il était un frère fidèle qui faisait tout ce qu’on lui demandait, pourquoi n’a-t-il pas été acheter des précurseurs (produits destinés à la confection des bombes, NDLR)? Il n’était pas fiché et il était véhiculé, c’était plus pratique que d’envoyer Ibrahim El Bakraoui qui était fiché ou Osama Krayem qui ne parlait pas la langue et ne connaissait pas Bruxelles.” “S’il devait fournir des armes à la cellule, pourquoi n’a-t-il pas récupéré les armes après les attentats ? Encore une fois, il n’était pas fiché et véhiculé”, a poursuivi l’avocat avant de revenir sur les messages échangés par l’accusé et son cousin des Pays-Bas à propos, selon le parquet, d’un achat d’armes.

“Un témoin nous a dit qu’à cette époque, on pouvait trouver des Kalachnikovs partout à Bruxelles et on voudrait nous faire croire que M. El Haddad est parti, en pleine période terroriste, jusqu’aux Pays-Bas pour remplir son coffre d’armes de guerre et revenir en Belgique. Ça ne tient pas debout.”

Pour finir, le pénaliste a mentionné un ADN non identifié retrouvé à la rue Max Roos sur un sac de voyage ayant contenu des armes et dans un box à Liège ou des armes ont été retrouvées. “On a donc une personne qui n’a jamais été identifiée et qui a potentiellement été à Max Roos la veille des attentats. Cette personne aurait donc pu récupérer la clé USB TDK (clé USB contenant plusieurs fichiers audio enregistrés par le kamikaze Ibrahim El Bakraoui et qui sera retrouvée chez Ali El Haddad Asufi, NDLR) et la déposer chez M. El Haddad. C’est pour ça qu’on ne retrouve pas cette clé USB lors de la première perquisition. On ne confie pas à Ali El Haddad Asufi la mission de récupérer les armes et la clé USB à Max Roos, car il ne fait pas partie et il n’adhère pas à ce projet“, a conclu Me De Block.


12h30 – Les avocats d’Ali El Haddad Asufi demandent son acquittement

Me Jonathan De Taye a demandé, au terme de sa plaidoirie, l’acquittement de son client pour tous les chefs d’accusation. Ali El Haddad Asufi est poursuivi pour participation aux activités d’un groupe terroriste, assassinats et tentatives d’assassinats dans un contexte terroriste.

Demandez-vous plutôt qui était réellement Ibrahim El Bakraoui“, a-t-il sommé au jury de la cour d’assises, pointant le rôle de l’un des kamikazes de Zaventem au passé de grand banditisme.”On n’a rien entendu de concret sur Ibrahim El Bakraoui pendant ce procès“, a souligné Me De Taye. Il a rappelé le passé de braqueurs de banque des frères El Bakraoui, condamnés en 2010 à 9 ans de prison pour avoir, au cours d’un braquage, fait feu en direction de la police. L’arme utilisée alors était une kalachnikov, a souligné le pénaliste.

Pour Me De Taye, le parquet fédéral se fourvoie lorsqu’il mise sur une filière néerlandaise pour la fourniture d’armes aux terroristes. Le cousin d’Ali El Haddad Asufi, qui réside aux Pays-Bas et que l’accusé aurait sollicité pour se procurer des armes, a été acquitté après une enquête fouillée d’un an, a rappelé l’avocat. Ce dernier s’étonne que les enquêteurs se soient si peu intéressés aux contacts d’Ibrahim El Bakraoui, à ses anciens complices, etc. “C’était pourtant la piste évidente“, a-t-il soutenu.

“Rappelez-vous la présomption d’innocence, le doute, l’État de droit“, a appelé Me De Taye. “À part des arguments fumeux, il n’y a rien” sur Ali El Haddad Asufi. Il est revenu sur une “pépite“: le jugement du procès “Paris bis” destiné à ceux qui ont fourni une aide aux auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Un proche d’Ibrahim El Bakraoui, Youssef El Ajmi y a bénéficié de la suspension du prononcé de sa condamnation dû au doute entourant sa connaissance des intentions d’Ibrahim El Bakraoui. “Ce qui est vrai pour El Ajmi est vrai pour El Haddad“, a avancé Me De Taye.

Ne pas dénoncer quelqu’un ne tombe pas sous le coup de la loi pénale.” Même chose pour la supposée présence d’Ali El Haddad Asufi dans les différentes planques des terroristes : le doute est permis. “Aucun élément ne permet de dire que M. El Haddad a été à Max Roos le 21 mars“, a précisé Me De Taye. “On nous dit qu’il a été dans la planque de la rue du Dries parce que son téléphone a borné là-bas rue du Dries, mais si je borne sur l’antenne de votre domicile ça ne veut pas dire que je bois un café chez vous. C’est pourtant ce qu’essaye de faire croire le parquet. Simplisme, raccourcis, ridicule.”

“On a aussi prétendu que M. El Haddad était l’estafette de Ibrahim El Bakraoui, mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas trouvé d’autres véhicules que El Bakraoui n’en utilisait pas d’autres“, a poursuivi l’avocat à l’adresse du jury. “Ce n’est pas parce qu’on prête son véhicule qu’on est au courant de la façon dont il va être utilisé et qu’on collabore au projet. Je vous renvoie à la personnalité manipulatrice de Ibrahim El Bakraoui. Au bout de mon développement je ne vois rien à part des arguments fumeux“, a ajouté l’homme de loi.

J’ai personnellement toujours été persuadé que Ali El Haddad Asufi était innocent et qu’il avait été manipulé par Ibrahim El Bakraoui.” “Pourquoi ne pas avoir envoyé Ali El Haddad Asufi acheter les précurseurs des bombes plutôt que d’y aller alors qu’on est recherché comme Ibrahim El Bakraoui ou qu’on ne connait pas la langue ni la ville comme Osama Krayem ? Si M. El Haddad était vraiment un fou de dieu meurtrier, pourquoi ne pas avoir fait bénéficier ses complices de ses accès à l’aéroport ? Pourquoi serait-il un terroriste alors qu’il a réagi comme un homme ordinaire au moment des attentats ? Si vous n’avez pas de réponses à ces questions, le doute doit vous bouffer“, a terminé le pénaliste.

Pour toutes ces raisons, Me Jonathan De Taye a requis un acquittement de son client pour tous les chefs d’accusation.


13h06 – “Demandez-vous qui était réellement Ibrahim El Bakraoui”, suggère Me De Taye

L’avocat d’Ali El Haddad Asufi, Me Jonathan De Taye, a tenté mercredi de démolir la thèse selon laquelle son client avait recherché des armes pour le compte des terroristes des attentats de 2016 à Bruxelles. “Demandez-vous plutôt qui était réellement Ibrahim El Bakraoui”, a-t-il sommé au jury de la cour d’assises, pointant le rôle de l’un des kamikazes de Zaventem au passé de grand banditisme.

“On n’a rien entendu de concret sur Ibrahim El Bakraoui pendant ce procès”, a souligné Me De Taye. Il a rappelé le passé de braqueurs de banque des frères El Bakraoui, condamnés en 2010 à 9 ans de prison pour avoir, au cours d’un braquage, fait feu en direction de la police. L’arme utilisée alors était une kalachnikov, a souligné le pénaliste.

Pour Me De Taye, le parquet fédéral se fourvoie lorsqu’il mise sur une filière néerlandaise pour la fourniture d’armes aux terroristes. Le cousin d’Ali El Haddad Asufi, qui réside aux Pays-Bas et que l’accusé aurait sollicité pour se procurer des armes, a été acquitté après une enquête fouillée d’un an, a rappelé l’avocat. Ce dernier s’étonne que les enquêteurs se soient si peu intéressés aux contacts d’Ibrahim El Bakraoui, à ses anciens complices, etc. “C’était pourtant la piste évidente”, a-t-il soutenu. “Rappelez-vous la présomption d’innocence, le doute, l’État de droit”, a appelé Me De Taye.

“À part des arguments fumeux, il n’y a rien” sur Ali El Haddad Asufi. Il est revenu sur une “pépite”: le jugement du procès “Paris bis” destiné à ceux qui ont fourni une aide aux auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Un proche d’Ibrahim El Bakraoui, Youssef El Ajmi y a bénéficié de la suspension du prononcé de sa condamnation dû au doute entourant sa connaissance des intentions d’Ibrahim El Bakraoui.

“Ce qui est vrai pour El Ajmi est vrai pour El Haddad“, a avancé Me De Taye. “Ne pas dénoncer quelqu’un ne tombe pas sous le coup de la loi pénale.” Même chose pour la supposée présence d’Ali El Haddad Asufi dans les différentes planques des terroristes : le doute est permis.

“Aucun élément ne permet de dire que M. El Haddad a été à Max Roos le 21 mars”, a précisé Me De Taye. “On nous dit qu’il a été dans la planque de la rue du Dries parce que son téléphone a borné là-bas rue du Dries, mais si je borne sur l’antenne de votre domicile ça ne veut pas dire que je bois un café chez vous. C’est pourtant ce qu’essaye de faire croire le parquet. Simplisme, raccourcis, ridicule.” “On a aussi prétendu que M. El Haddad était l’estafette de Ibrahim El Bakraoui, mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas trouvé d’autres véhicules que El Bakraoui n’en utilisait pas d’autres”, a poursuivi l’avocat à l’adresse du jury.

“Ce n’est pas parce qu’on prête son véhicule qu’on est au courant de la façon dont il va être utilisé et qu’on collabore au projet. Je vous renvoie à la personnalité manipulatrice de Ibrahim El Bakraoui. “Au bout de mon développement je ne vois rien à part des arguments fumeux”, a ajouté l’homme de loi. “J’ai personnellement toujours été persuadé que Ali El Haddad Asufi était innocent et qu’il avait été manipulé par Ibrahim El Bakraoui.” “Pourquoi ne pas avoir envoyé Ali El Haddad Asufi acheter les précurseurs des bombes plutôt que d’y aller alors qu’on est recherché comme Ibrahim El Bakraoui ou qu’on ne connait pas la langue ni la ville comme Osama Krayem ? Si M. El Haddad était vraiment un fou de dieu meurtrier, pourquoi ne pas avoir fait bénéficier ses complices de ses accès à l’aéroport ? Pourquoi serait-il un terroriste alors qu’il a réagi comme un homme ordinaire au moment des attentats ? Si vous n’avez pas de réponses à ces questions, le doute doit vous bouffer”, a terminé le pénaliste.

Pour toutes ces raisons, Me Jonathan De Taye a requis un acquittement de son client pour tous les chefs d’accusation, à savoir participation aux activités d’un groupe terroriste, assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste.


16h22 – La défense d’Ali El Haddad Asufi plaide l’acquittement pour tous les chefs d’accusation

Les avocats d’Ali El Haddad Asufi ont demandé jeudi au jury de la cour d’assises de Bruxelles d’acquitter leur client de tous les chefs d’accusation retenus contre lui dans le dossier des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem. L’homme est accusé de participation aux activités d’un groupe terroriste, d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste. De nombreuses “zones grises” persistent et doivent bénéficier à l’accusé, ont souligné Mes Jean-Christophe De Block et Jonathan De Taye.

Quel aurait été le motif d’Ali El Haddad Asufi ?, s’est interrogé Me De Block en matinée, dressant le portrait d’un homme joyeux et sociable au casier judiciaire vierge. “Deux expertises psychologiques nous disent que M. Ali El Haddad Asufi n’est pas radicalisé. Il aurait fait ça par amitié ? Mais qui assassinerait plus de 30 personnes par amitié ? Personne, ça n’existe pas ! Seul un psychopathe ferait ça et M. El Haddad n’est pas un psychopathe.”

Fin mai, le parquet fédéral avait estimé lors de son réquisitoire qu’Ali El Haddad Asufi avait joué un rôle actif dans les attentats en recherchant des armes pour la cellule terroriste et en servant de chauffeur au futur kamikaze de Zaventem, Ibrahim El Bakraoui, dont il était proche. Pour la défense de l’accusé, la thèse d’une filière néerlandaise qui aurait permis aux terroristes de se fournir en armes n’est pas crédible. “Un témoin nous a dit qu’à cette époque, on pouvait trouver des kalachnikovs partout à Bruxelles et on voudrait nous faire croire que M. El Haddad est parti, en pleine période terroriste, jusqu’aux Pays-Bas pour remplir son coffre d’armes de guerre et revenir en Belgique. Ça ne tient pas debout.”

Les enquêteurs estiment que des armes ont été récupérées à la planque de la rue Max Roos avant des attentats. L’accusé Bilal El Makhoukhi a d’ailleurs reconnu être allé chercher ces armes. “Pourquoi n’est-ce pas El Haddad qui a récupéré les armes s’il était censé être le pourvoyeur ?”, a demandé Me De Block.

La défense est également revenue sur une scène filmée au cours de laquelle on voit Ibrahim El Bakraoui et Osama Krayem (un autre accusé) à Bruxelles, munis de perruques, acheter dans le centre de Bruxelles des composants servant à la fabrication des explosifs. “Ibrahim El Bakraoui était fiché. Osama Krayem ne connaissait pas Bruxelles et ne parlait pas bien la langue”, a rappelé Me De Block. S’il était impliqué dans le projet terroriste, pourquoi n’ont-ils pas demandé à El Haddad Asufi d’acheter les produits ?, lui qui n’était pas connu des autorités et qui avait un véhicule.” Le parquet fédéral croit savoir qu’El Haddad Asufi s’est rendu à la planque de la rue Max Roos à Schaerbeek la veille des attentats pour se faire remettre une clé USB contenant des messages d’Ibrahim El Bakraoui à ses proches.

“S’il avait été à Max Roos la veille des attentats, où il y avait des kilos de TATP, comment expliquer qu’un chien détecteur d’explosifs n’a rien flairé lors d’une perquisition chez El Haddad Asufi le 24 mars ?”, s’est-il interrogé. L’avocat a également rappelé que la fameuse clé USB n’a pas été retrouvée lors de cette perquisition, mais plusieurs jours plus tard lors d’une seconde descente. Jean-Christophe De Block a une autre hypothèse : celle d’une tierce personne qui se serait rendue à la plaque rue Max Roos le soir du 21 mars.

Un ADN non identifié a en effet été retrouvé sur un sac de voyage ayant contenu des armes. Le même ADN a également été détecté dans un box liégeois où des armes ont été retrouvées. “Cette personne aurait pu récupérer la clé USB et la déposer chez M. El Haddad. C’est pour ça qu’on ne retrouve pas cette clé USB lors de la première perquisition.” Prenant la parole après son confrère, Me Jonathan De Taye a pressé les jurés de s’intéresser de plus près à la figure d’Ibrahim El Bakraoui.

Me De Taye a rappelé le passé de braqueurs de banque des frères El Bakraoui, condamnés en 2010 à 9 ans de prison pour avoir, au cours d’un braquage, fait feu en direction de la police. L’arme utilisée alors était une kalachnikov. Plutôt que de se focaliser sur la piste néerlandaise et sur le cousin néerlandais d’Ali El Haddad Asufi, acquitté entre-temps dans un autre procès, les enquêteurs auraient dû davantage creuser les contacts d’Ibrahim El Bakraoui et ses anciens complices, selon Me De Taye. Le pénaliste s’est également attardé sur ce qu’il voit comme une “pépite”: le jugement du procès “Paris bis” qui concernait ceux qui ont fourni une aide aux auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Un proche d’Ibrahim El Bakraoui, Youssef El Ajmi, y a bénéficié de la suspension du prononcé de sa condamnation dû au doute entourant sa connaissance des intentions d’Ibrahim El Bakraoui.

“Ce qui est vrai pour El Ajmi est vrai pour El Haddad”, a avancé Me De Taye. “Ne pas dénoncer quelqu’un ne tombe pas sous le coup de la loi pénale.”

Même chose pour la supposée présence d’Ali El Haddad Asufi dans les différentes planques des terroristes : le doute est permis. Pour l’avocat, le rôle de chauffeur joué par Ali El Haddad Asufi pour le compte d’Ibrahim El Bakraoui est discutable. D’autres véhicules que celui de l’accusé ont pu être utilisés sans qu’ils aient été retrouvés par les enquêteurs. De plus, “ce n’est pas parce qu’on prête son véhicule qu’on est au courant de la façon dont il va être utilisé et qu’on collabore au projet”, a dit Me De Taye.

“Si M. El Haddad était vraiment un fou de dieu meurtrier, pourquoi ne pas avoir fait bénéficier ses complices de ses accès à l’aéroport ? Pourquoi serait-il un terroriste alors qu’il a réagi comme un homme ordinaire au moment des attentats ? Si vous n’avez pas de réponses à ces questions, le doute doit vous bouffer”, a terminé le pénaliste. “Rappelez-vous la présomption d’innocence, le doute, l’État de droit”, a appelé Me De Taye. “À part des arguments fumeux, il n’y a rien” sur Ali El Haddad Asufi.


16h30 – Un premier jour de plaidoirie pour la défense de Bilal El Makhoukhi jeudi

Me Nicolas Cohen aura la parole jeudi pour défendre son client Bilal El Makhoukhi devant la cour d’assises chargée du procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Cette journée sera la première d’une série de deux consacrées à cet accusé. Son autre avocate, Me Virginie Taelman, poursuivra en effet la plaidoirie lundi.

Le ministère public avait requis, fin mai, la culpabilité de Bilal El Makhoukhi pour participation aux activités d’un groupe terroriste ainsi que pour assassinat et tentative d’assassinat dans un contexte terroriste. L’accusé est poursuivi dans ce dossier pour avoir fourni une aide logistique à la cellule terroriste bruxelloise.

Il est notamment à l’origine du recrutement de son ami de longue date Hervé Bayingana Muhirwa et sa présence dans plusieurs planques, notamment celle de la rue Max Roos à Schaerbeek, où ont été préparées les bombes, est avérée. Bilal El Makhoukhi est aussi l’un des rares accusés à être parti combattre en Syrie, d’où il a finalement été rapatrié pour être amputé de la jambe après avoir été grièvement blessé par balle.

Mais le rôle le plus important de l’accusé réside dans la récupération des armes à feu qui se trouvaient dans l’appartement schaerbeekois. L’homme a refusé de s’exprimer à ce sujet et les armes sont donc toujours dans la nature. Me Cohen a annoncé au début du procès qu’il demanderait une requalification des faits en crimes de guerre concernant son client. Il a d’ailleurs déposé à cette fin une série de documents “liés à l’article 136 (du code pénal, NDLR) et au-delà” portant sur les crimes contre l’humanité et les crimes terroristes.

Il est donc fort probable que sa prise de parole de jeudi se concentre sur le droit international et la géopolitique. Avec deux journées complètes, la plaidoirie pour Bilal El Makhoukhi sera la plus longue de toutes celles des avocats de la défense, dont les prises de paroles se limitent en général à une seule audience.

Avec Belga/Photo Belga

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21 juin 2023 - 11h12
Modifié le 22 juin 2023 - 10h17