Procès des attentats de Bruxelles : les avocats d’Abdeslam plaident son acquittement pour deux chefs d’accusation

La cour d’assises de Bruxelles franchit un nouveau palier ce mardi au procès des attentats du 22 mars 2016, la rapprochant de plus en plus de la clôture des débats. Après le réquisitoire des procureurs fédéraux et les plaidoiries de la partie civile, la parole est donnée à la défense. Ce sont les avocats de Salah Abdeslam, Me Delphine Paci et Me Michel Bouchat, qui s’avanceront les premiers à la barre.

Les avocats de la défense ont globalement tous demandé une journée pour plaiderLeur plaidoirie se fera en trois temps. Me Paci prendra la parole en premier lieu, puis la cédera à son co-plaideur, Me Bouchat, avant de la reprendre pour clore leur intervention.

Les deux avocats ont déjà indiqué, au travers de commentaires à la presse, qu’ils estiment que leur client ne peut pas être reconnu coupable d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste puisque, le 22 mars 2016, celui-ci se trouvait en détention. Salah Abdeslam, qui était activement recherché depuis les attentats à Paris, avait été arrêté à Molenbeek-Saint-Jean le 18 mars.

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12h57 – “Chercher à comprendre, ce n’est pas justifier”, annonce Me Paci

L’avocate Delphine Paci a pris la parole sur un ton calme et posé, prenant le temps de regarder les jurés droit dans les yeux. Me Paci a repris le fil des événements, du retour de Salah Abdeslam en Belgique le 14 novembre 2015, après qu’il fait partie des commandos terroristes la veille dans la capitale française, à son inculpation dans le dossier des attentats à Bruxelles. La pénaliste a avancé pas à pas, révélant quelques illusions de neutralité, selon elle, dans le cadre du procès des attentats à Paris, où Abdeslam a été sévèrement condamné.

Me Paci s’est attardée sur ce procès, en rappelant tout d’abord que le procureur de la République François Molins avait, juste après le transfert de Salah Abdeslam de la Belgique vers la France, divulgué sur un plateau de télévision les premiers éléments de l’interrogatoire du suspect. Pour l’avocate, c’est un premier exemple de violation évidente de l’instruction par un représentant du ministère public.

Elle a poursuivi en évoquant l’absence de certains experts sociologues à ce procès, qui auraient pu permettre “un réel débat d’idées“. Selon elle, la cour a principalement entendu des experts qui estiment que “l’Islam porte en lui les germes de la violence“.

L’avocate a également évoqué un autre fait, anecdotique, mais qui témoigne bien, selon elle, d’un manque de neutralité. “Jean-Louis Périès [magistrat qui a présidé la cour d’assises spéciale à Paris] a reçu la légion d’honneur, au nom du chef de l’État, pour service rendu à la patrie. Le message est clair: la cour a fait ce qu’on attendait d’elle, soit condamner férocement“, a plaidé Me Paci, sans cacher son “indignation” face à l’arrêt de cette cour d’assises, qui a condamné Abdeslam à une peine de prison à perpétuité incompressible.

Ce dessin de Janne van Woensel Kooy montre l’accusé Salah Abdeslam et son avocate Delphine Paci lors d’une séance du procès des attentats du 22 mars 2016, à la cour d’assises de Bruxelles-Capitale, mercredi 18 janvier 2023.

En évoquant ces éléments, la pénaliste a voulu rappeler au jury de garder l’esprit ouvert à d’autres thèses, et de rester objectif malgré la gravité des faits jugés. “Le 14 novembre 2015, Salah Abdeslam va devenir un symbole, il est ‘le’ survivant des attentats à Paris. Et j’ai la conviction que s’il n’incarnait pas ce symbole d’ennemi d’État, jamais le ministère public ne le poursuivrait dans ce dossier-ci. C’est un risque que l’on fait courir à la démocratie et à notre État de droit”, a-t-elle soutenu.

Personne ne va oublier les témoignages des victimes, mais mettre du baume au cœur de la partie civile ce n’est pas votre boulot. Votre mission à vous dans ce premier débat sur la culpabilité, c’est de juger les accusés en fonction de preuves qu’on apporte devant vous. Chercher à comprendre, ce n’est pas justifier“, s’est-elle adressée au jury. “Nous dirons les choses, même si elles sont difficiles à entendre et sont parfois à contre-courant de l’opinion publique, parce que les choses à dire pour sa défense à lui, seuls nous pouvons les dire.

Me Paci poursuivra sa plaidoirie toute la journée mardi, avec Me Michel Bouchat, pour tenter de démontrer que Salah Abdeslam n’est pas coupable d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste, car il était en détention au moment des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.


16h 55 – Les avocats de Salah Abdeslam plaident son acquittement uniquement pour assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste

Les avocats de Salah Abdeslam, Mes Paci et Bouchat, ont plaidé mardi devant la cour d’assises de Bruxelles l’acquittement de leur client pour les assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste.

Pour les pénalistes, aucun élément avancé par le parquet ne permet de le relier à la préparation ou la commission des attentats commis le 22 mars à Bruxelles et Zaventem. Salah Abdeslam est également accusé de participation aux activités d’un groupe terroriste.

Rédaction avec Belga

■ Reportage de Camille Tang Quynh, Yannick Vangansbeek et Hugo Moriamé