Pourquoi les médecins assistants font grève malgré l’accord?
Mercredi soir, un accord est intervenu concernant le statut des médecins assistants. Cependant, ils sont des centaines du côté francophone, à maintenir la pression et à faire grève pendant les 48 heures à venir. Ils jugent les avancées insuffisantes.
On compte 8.000 médecins assistants en Belgique. Ils ont obtenu un premier diplôme après 6 ans d’université et pour les 4 dernières années, ils doivent choisir une spécialité et se former. Cette formation se fait en général à l’hôpital et ils sont donc encadrés par des médecins expérimentés mais à un moment, ils doivent aussi voler de leurs propres ailes et effectuer des actes seuls même si un superviseur n’est jamais loin. Ils ont donc un contrat de 45 heures par semaine pour leur formation mais ils en prestent très souvent 60 voire plus avec les gardes de nuit et du week-end et les heures supplémentaires.
►Les médecins assistants dénoncent leurs conditions de travail
Hier soir, un accord est intervenu entre le ministre de la santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), les hôpitaux et les médecins assistants mais seuls les néerlandophones l’ont accepté. Cet accord prévoit une revalorisation salariale, une meilleure prise en compte des heures supplémentaires et des gardes, 20 jours de congés légaux, un congé maladie. Mais pour la Cimacs, l’organe de représentation des médecins assistants candidats spécialistes francophones, l’accord n’est pas acceptable et des mouvements de grèves ont été maintenus. Jordan Marcelis est médecin assistant à l’hôpital d’Ixelles. Pour lui, l’accord ne parle que de revalorisation salariale et surtout il ne prend pas en compte les systèmes qui existent.
Les jeunes médecins veulent que leur formation soit revalorisée et surtout ils souhaitent mettre fin au système d’opting-out, c’est-à-dire, l’exception qui permet de prester plus de 48 heures par semaine pour monter à 60 heures mais sans argent supplémentaire. Pour eux, il est très difficile de refuser de signer ce contrat. Autre pomme de discorde, les cotisations à la pension pour lesquelles rien n’a été décidé. Enfin, ils veulent des budgets pour participer à des congrès et surtout que tous ces contrats soient d’application dans tous les hôpitaux.
De difficiles négociations
Les groupes hospitaliers comprennent le mouvement de grogne qui met à mal l’organisation et la prise en charge des patients. Aux cliniques universitaires Saint-Luc, 400 médecins assistants ont un contrat avec l’hôpital. Et il s’agit bien d’un contrat de formation et non d’employé. Dans le réseau de l’UCLouvain, des discussions sont en cours depuis un certain temps. Par exemple, les heures supplémentaires sont mieux comptabilisées et une attention est portée au bien-être. Pour Renaud Mazy, administrateur délégué des cliniques universitaires Saint-Luc, l’accord trouvé hier soir est un bon accord et il n’existe plus de marge de négociation. Le groupe a déjà mis 4 millions d’euros pour la revalorisation salariale des médecins assistants. “Nous ne sommes pas une entreprise privée qui dégage des bénéfices pour ses actionnaires. Nous sommes tous à la corde et nous ne pouvons plus augmenter les salaires. J’espère que les discussions et le travail va pouvoir reprendre au plus vite.”
Il semble donc difficile de sortir de l’impasse. Le mouvement de grève doit durer jusqu’à samedi matin 8h. Du côté des hôpitaux, on dit que financièrement il ne sera pas possible de mettre plus sur la table. Par contre, un dialogue est toujours possible pour des améliorations concernant les conditions de travail. La tension risque donc d’augmenter encore peu.
■ Interview de Jordan Marcelis, médecin assistant et de Renaud Mazy, administrateur délégué des cliniques universitaires Saint-Luc par Vanessa Lhuillier