Philippe Hensmans : “Ce que je peux espérer, c’est que les responsables seront, un jour, punis”
Le directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, Philippe Hensmans, était l’invité de “+d’Actu”. Il est revenu sur les objectifs de l’organisation dans le conflit en Ukraine.
L’organisation internationale de défense des droits de l’homme, Amensty International vient d’ouvrir une collecte de dons. Trois objectifs sont présents pour gérer le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine. Pour Philippe Hensmans, le premier point est un pot commun pour reconstruire des vies. “Le fameux pot commun avec d’autres sections pour aider les défenseurs qui sortent, pour aider les gens de la section, pour aider les travailleurs d’Amnesty sur le terrain. Pour pouvoir reconstruire une vie en sortant, ça veut dire aussi parfois une aide physique, médicale, psychologique“.
Le deuxième point vise à récolter un maximum d’informations sur le terrain, afin de documenter au mieux le conflit et les crimes présents sur le territoire ukrainien. Pour le directeur, il faut “renforcer la recherche sur le terrain. Avoir des gens qui puissent rentrer dans le pays, et aussi, qui renforcent nos équipes, qui sont capables de travailler avec des images satellites. (…) Quand je parle de missiles qui tombent sur des écoles, nous avons pu documenter, quel type de missile avait été utilisé en fonction des débris qu’on avait retrouvés sur le sol, d’images satellitaires. Et il nous faut des moyens supplémentaires“.
Ces missiles, mentionnés par Philippe Hensmans, sont des armes interdites, car elles manquent de précisions. “Ce sont des missiles qui sont connus pour manquer de précision, qui ont une marge de précision d’un demi-kilomètre par exemple. Et lorsqu’on vise un établissement dans une ville, même si c’est un bâtiment militaire, il y a beaucoup de “chance” que le missile tombe sur une école, sur un hôpital, sur un immeuble, ce qui s’est passé à plusieurs reprises“. Ces missiles balistiques sont un des principaux reproches faits à Vladimir Poutine par Amnesty International.
Enfin, le troisième objectif est la constitution de dossiers qui iront à la cour pénale internationale, afin de poursuivre par la suite, Vladimir Poutine lui-même, des généraux ou encore des soldats. “Il faut constituer dès aujourd’hui des dossiers avec des avocats spécialisés, ce que nous sommes en train de faire“. Malgré des décisions dans cette cour qui peuvent être longues, le directeur espère qu’une justice sera rendue. “Moi, ce que je peux espérer, c’est que les responsables seront, un jour, punis, comme on le voit en Allemagne avec la compétence universelle. Il y a aujourd’hui, des dirigeants syriens qui sont condamnés en Allemagne. ” Cette compétence universelle existe depuis 2002 dans le code pénal international et reconnaît les infractions en matière de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
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■ Camille Paillaud / Une interview de Fabrice Grosfilley