Patrick Charlier : “On doit faire de la prévention, mais à un moment, il faut sanctionner”
Ce samedi, Vincent Kompany a fait l’objet d’insultes racistes lors de la rencontre RSCA- FC Bruges. Le phénomène du racisme n’est pas récent dans le foot mais il s’amplifie ces derniers temps. Patrick Charlier est directeur d’Unia et revient sur ces faits.
Est-ce que c’est important qu’une personnalité comme Vincent Kompany s’exprime après de tels faits?
C’est essentiel et ce qui m’a surpris, c’est sa réaction plutôt que les faits malheureusement. Nous savons que les faits à caractère raciste, homophobe ou antisémite arrivent souvent. On peut se réjouir du fait que qu’une personnalité aussi importante que Vincent Kompany prenne la parole.
Est-ce qu’il y a un souci avec le club de Bruges ou c’est tout le football qui rencontre ce problème?
Ce sont certains supporters et on le voit dans d’autres tribunes. Nous l’avons vu à la Gantoise où des supporters ont attaqué un squat de Roms parce qu’ils étaient Roms. Ils ont été poursuivis et condamnés. On constate d’autres faits, mais c’est vrai que Bruges a cumulé des faits ces derniers temps. On a eu des agressions de supporters dans le cadre de rencontre européenne. Ce n’est pas limité à Bruges et ce ne n’est pas l’ensemble des supporters et la plupart le font de manière bonne enfant sans stigmatiser.
Est-ce qu’on ne sanctionne pas assez dans le milieu du foot ces comportements?
C’est vrai que ce n’est pas neuf, mais depuis un an, l’Union belge a mis en place une commission spéciale chargée de traiter les cas de racisme ou de discrimination. Cette commission commence à prendre des décisions et des sanctions donc nous avons une jurisprudence qui se met en place. On doit faire de la prévention, mais à un moment, il faut sanctionner. Un cap a été franchi et nous, dans les dossiers que nous recevons, trois quarts des dossiers concernent le foot amateur. Il faut que les entraîneurs, les dirigeants et les parents ne laissent pas passer ces comportements et agissent dès le plus jeune âge. Cette commission de l’Union belge est amenée à traiter ces dossiers-là aussi.
Combien de dossiers avez-vous concernant le racisme dans le foot?
En termes absolus, ce n’est pas beaucoup, car il faut que les plaintes soient formalisées et nous ne sommes pas assez connus. Malheureusement, il y a une normalisation mais on a une cinquantaine des signalements et on ouvre une vingtaine de dossiers par an pour racisme, mais aussi pour homophobie.
Pensez-vous que si les instances dirigeantes du foot étaient plus diversifiées, nous aurions pris à bras le corps cette problématique bien avant et plus fermement?
C’est une vraie question. Nous constatons une diversité parmi les joueurs mais moins chez les entraîneurs ou les directions comme dans le reste de la société d’ailleurs. C’est un travail volontariste que nous devons faire à long terme. C’est vrai qu’une plus grande diversité change la vision et les réactions que l’on a.
■ Interview de Patrick Charlier, directeur d’Unia par Vanessa Lhuillier