“Pas de construction de nouveaux logements sociaux”, “Nettoyage des hotspots” : les conditions du MR pour un gouvernement sans la N-VA
Après la démission de David Leisterh (MR) en tant que formateur en février dernier, c’était au tour des deux informateurs Elke Van Den Brandt (Groen) et Christophe De Beukelaer (Les Engagés) de réunir tous les partis autour de la table. Si cette mission a pris fin, il y a déjà plus de quinze jours, le MR livrait ses conditions pour accepter de continuer sans la N-VA. Logements, sécurité, travail : la position du MR s’est radicalement durcie entre juillet et mars et dénote de celle validée par les trois partis francophones (PS-MR-Engagés) en juillet dernier.
Au lendemain des résultats du scrutin, le MR et les Engagés en front commun annonçaient vouloir respecter le signal des électeurs, et opérer un réel changement. “Il ne faut pas craindre le changement. Notre volonté, c’est de moderniser l’espace francophone; pas de le brutaliser”, affirmait Maxime Prévot, président des Engagés, en juin dernier. Quelques mois plus tard, cette vérité semble être caduque, selon une note que nous avons pu consulter.




Présenté au PS mi-mars, le document regroupe les mesures du MR pour “relever Bruxelles”. Celles-ci étaient également les conditions pour que le parti libéral accepte de continuer sans la N-VA. Le premier thème, pas des moindres pour le PS, c’est le logement. Concernant le logement social, la note exige l’abandon de toute construction de nouveaux logements sociaux qui “soit sont des chantiers à l’étude qui peuvent être arrêtés sans frais, soit sont des chantiers qui peuvent être arrêtés à moindres frais”, ainsi que la vente d’une partie du parc de logements sociaux existants pour financer les rénovations ou encore l’augmentation du loyer social. Sur le marché locatif, le MR souhaite abandonner tout mécanisme d’encadrement des loyers, soumis au vote des députés bruxellois ce vendredi. En cas d’impayés, les locataires devraient être expulsés dans les trois mois entre le dépôt de la requête auprès du juge de paix et l’expulsion effective.
■ Reportage | Plus de 50 000 ménages bruxellois attendent un logement social
Point essentiel qui a disparu de cette nouvelle note : le logement et l’accueil d’urgence. Le MR affirmait dans son document précédent vouloir : “Une politique d’occupation temporaire des bâtiments inoccupés pourra être actionnée dans des conditions précises, de concert avec les propriétaires et en concertation avec les communes”.
Est évoqué également, la fin du plan pluriannuel d’investissement de la Société régionale de logement bruxellois (SRLB). En juillet dernier, le discours était tout autre concernant ce dernier point. “Le rôle de la SLRB sera fixé au regard des objectifs repris ci-dessus. Tenant compte des décisions de la Région liées au financement de sa politique de développement, la SLRB déterminera et soumettra au Gouvernement un plan pluriannuel d’investissement permettant d’assurer la prévisibilité et la pérennité de ses projets”.
Suppression de l'ensemble des OIP
À propos de l’emploi, on retrouve parmi les points phares, la diminution du nombre d’ACS, le transfert du contrôle des chômeurs vers le SPRB et non plus Actiris, des sanctions pour certains demandeurs d’emploi : “L’absence à une convocation, le refus ou l’abandon de formation, une non-présentation à un entretien d’embauche, sans justification objective du demandeur d’emploi, doivent pouvoir faire l’objet systématiquement de l’activation d’un avertissement ou d’une sanction” ou encore la suppression des formations qui n’atteignent pas un taux de 70% à l’emploi.
Autre dossier qui a fait couler de l’encre ces derniers mois : Audi Brussels. Si le ministre de la Défense Théo Francken (N-VA) aimerait y installer une usine liée dans un premier temps aux munitions puis à la production d’armement, voire de blindés, le MR quant à lui souhaite y maintenir une activité 100% industrielle sur le site.
■ Reportage | Le ministre de la Défense en visite à Audi Brussels
Sur l’aspect financier, le MR s’est fixé 7 ans pour un retour à l’équilibre en basant à 100% l’ensemble des efforts sur la réduction des dépenses, soit trois ans de moins que les 10 années évoquées en juillet dernier. Parmi les mesures pour mener à bien ce projet : la suppression de l’ensemble des organismes d’intérêt public (OIP) et autres structures publiques vers une concentration en trois piliers de l’administration (régalien, infrastructures et foncier). L’objectif est de revenir au nombre de temps plein de 2014.
"Nettoyer les hotspots"
Mener des opérations coups de poing avec des équipes mixtes (services sociaux, services de la propreté, services de sécurité) pour “nettoyer les hotspots”, voici l’une des mesures prévues par le MR, sur un thème qui lui est cher : la sécurité.
■ Interview | La stratégie des hotspots prolongée : “Un point de deal n’est pas un autre”
Le parti libéral entend aussi aider les zones de police à déployer des antennes LISA (mobiles), renforcer la police locale politique de sécurité dans les transports en commun pour sanctionner les incivilités avec une politique de tolérance zéro et enfin, sortir les personnes en errance ou droguées des stations de métro.
“Harmoniser et renforcer les sanctions administratives pour lutter contre les incivilités dans l’espace public” et dans la continuité, la mise en place de brigades spécifiques de lutte contre le harcèlement dans l’espace public, sont également des conditions sine qua non, selon la note du MR qui a fuité.
Il est important de relativiser l’importance de ces notes, et particulièrement de la deuxième : il s’agit d’une position en cours de négociation, où chaque parti s’efforce d’obtenir des concessions dans le camp d’en face.
► Revoir : L’édito de Fabrice Grosfilley : comment PS et MR se sont définitivement éloignés (fuites)
Projet de gouvernement minoritaire impossible
Laissons cette note de côté, et revenons au sujet qui préoccupe les Bruxellois : la formation d’un gouvernement. 9 mois après les élections de juin, la situation est toujours au point mort.
Si le président du premier parti bruxellois, Georges-Louis Bouchez a essayé une piste de compromis consistant à donner à la N-VA un poste de “commissaire de gouvernement”. Face au refus, le président du MR a partagé son intention d’avancer avec les seuls partis qui accéderaient à cette demande et ainsi, former un gouvernement minoritaire.
La réaction des autres partis ne s’est pas faite attendre. “Le PS ne sera pas complice de la mise en œuvre d’une austérité aveugle et poursuivra son travail déterminé pour défendre l’autonomie et l’intégrité institutionnelle de la Région bruxelloise. S’il se trouve des partenaires pour réunir une majorité parlementaire sur la proposition du MR, dont acte“, avait réagi officiellement le parti ce mardi.
Même son de cloche du côté d’Ecolo, où la cheffe de groupe bruxelloise, Zakia Khattabi affirmait dans nos studios : “Nous souhaitons le scénario le plus stable possible. Celui qui est mis sur la table par Georges-Louis Bouchez pour défendre les intérêts du MR n’est pas le plus stable.”
■ Interview de Sophie Rohonyi, présidente de DéFI
Alors qu’elle était l’invitée de Bonjour Bruxelles ce matin, Sophie Rohonyi, présidente de DéFI affirmait elle aussi, son refus de participer à un gouvernement minoritaire. “La proposition ne dispose même pas d’une majorité simple avec seulement 39 sièges sur les 45 requis par la loi au Parlement alors que c’est essentiel pour nommer des ministres et pour voter un budget“, avant de réaffirmer sa réticence à travailler avec la N-VA : “un parti nationaliste qui reste “anti bruxellois”. “Il suffit de lire l’accord Arizona…” “La N-VA, c’est un chat dans un sac”.
E.D
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