“On nous a demandé de la fermer”: le budget de la FWB adopté à l’issue d’une séance électrique
Malgré la forte mobilisation sociale de ces derniers jours, le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a définitivement approuvé mercredi, lors d’une séance plénière marquée par plusieurs incidents, le budget 2026 de l’entité. On en parle avec Martin Casier (PS), invité de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles.
Par moments fort tumultueux, le débat en plénière a été marqué par de nombreux échanges acerbes entre députés de la majorité et de l’opposition. Mécontent de propos jugés injurieux tenus par le président de l’assemblée Benoît Dispa, l’ensemble du groupe PS a même quitté la salle durant une bonne demi-heure.”On nous a demandé de la fermer“, nous précise ce jeudi matin Martin Casier, chef de groupe PS. “Un président ne doit pas dire ça. Il s’est excusé par la suite, la question est réglée. Cela montre surtout la fébrilité de la majorité, qui est bien consciente qu’elle prend des décisions indéfendables“.
“Pompiers pyromanes”
L’épure, qui imprime quelque 255 millions d’économies dès l’an prochain, a été approuvée par les députés de la majorité MR-Engagés. L’ensemble de l’opposition a voté contre. Le texte programme notamment une réduction des budgets destinés à la gratuité des fournitures scolaires ou aux repas scolaires gratuits, une limitation du départ anticipé à la retraite pour les enseignants (DPPR), ou encore le gel pour un an des subventions culturelles. D’autres mesures annoncées, comme l’augmentation du minerval dans l’enseignement supérieur ou l’accroissement de 10% de la charge de travail des enseignants du secondaire supérieur sans compensation salariale, feront, elles, l’objet d’un autre projet de décret qui devrait être approuvé dans le courant de l’année 2026. À côté de ces économies, le décret budgétaire prévoit aussi une série de dépenses nouvelles, notamment pour renforcer l’accompagnement personnalisé des élèves en difficultés ou pour soutenir les directeurs d’écoles fondamentales. Malgré cet effort conséquent, l’entité devrait malgré tout terminer l’exercice avec un déficit de 1,6 milliards d’euros, soit davantage qu’en 2025. À son arrivée au pouvoir, la majorité MR-Engagés s’est fixé l’objectif de reprendre progressivement la maîtrise du déficit récurrent de la FWB pour le ramener 1,2 milliard d’euros d’ici 2029.
“Si on s’enferme dans une logique où on veut faire mal à la Fédération Wallonie-Bruxelles, on ne s’en sortira pas“, dit ce matin Martin Casier. “La ministre-présidente Degryse le sait, nous avons des éléments macro-économiques qui sont défavorables pour l’instant, ils vont s’améliorer naturellement dans les années qui viennent. Il fallait faire des écononomies limitées là où on pouvait le faire et pour le reste, il fallait travailler sur les recettes. Mme Degryse nous dit toujours que c’est de l’illusoire mais ce n’est pas vrai. Le MR et les Engagés sont au pouvoir au fédéral et en Wallonie, et tous les niveaux de pouvoir rejettent des dépenses supplémentaires sur la FWB. Il y a un côté pompiers pyromanes chez le MR et les Engagés, et c’est cela qui crée le chaos. ”
“Dogmatisme budgétaire”
Mercredi soir, des enseignants présents dans les tribunes du parlement ont jeté à un moment des tracts et confettis dans l’hémicycle tout en criant des slogans hostiles aux mesures du gouvernement. Durant près de 6 heures de débat au total, opposition et majorité se sont affrontées, la première accusant la seconde de “dogmatisme budgétaire”, la seconde reprochant à la première sa “démagogie”. Martin Casier a condamné un “régime d’austérité” qui, selon lui, va bien au-delà des recommandations budgétaires formulées par la Commission européenne, avec pour conséquence d’hypothéquer l’épanouissement des générations futures. “Au futur, vous avez choisi de sacrifier le présent“, a notamment lancé hier l’élu socialiste.
“Ce budget, ce n’est pas sacrifier le présent au futur mais c’est offrir un futur au présent“, lui a répliqué la ministre-présidente, Elisabeth Degryse, rappelant la dégradation continue depuis des années de la dette de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si l’entité est contrainte aujourd’hui de faire des économies, c’est bien le PS, et son prédécesseur au Budget Frédéric Daerden, qui en porte la responsabilité par son inaction, a-t-elle contre-attaqué.
Dans le groupe Ecolo, Bénédicte Linard a fustigé la “gestion budgétaire à court terme” du gouvernement Degryse qui “va plomber le moral, la qualité et le bien-être de tous ceux qui font la Fédération Wallonie-Bruxelles“. Amandine Pavet (PTB), s’appuyant sur une contre-étude réalisée le mois dernier par un centre d’études proche des syndicats, a estimé que le problème de la FWB n’était pas ses dépenses, mais plutôt l’insuffisance de ses recettes qui n’ont pas suivi l’évolution de la richesse du pays. Fabian Maingain (Lib.res) a, lui, dénoncé des économies qui vont contraindre nombre de communes à augmenter leurs impôts locaux pour maintenir les services. “Ce sont donc les citoyens qui vont payer vos mesures“, a jugé le Bruxellois.
Sans exclure de nouvelles économies lors des budgets futurs, la ministre-présidente a assuré mercredi qu’elles n’auraient toutefois “rien de comparable à cet exercice“. La cheffe de groupe MR, Diana Nikolic a également dénoncé l’attitude de l’opposition PS-PTB-Ecolo qui, selon elle, se plaît à “susciter la peur et la colère” auprès de la population mais sans apporter “aucune alternative crédible” pour redresser les finances de la Fédération. La cheffe de groupe des Engagés, Mathilde Vandorpe, a défendu de son côté des mesures qui ne sont certes “pas faciles, pas populaires mais qui sont justes” pour sauvegarder la viabilité de la Fédération. “Ne pas agir, c’est condamner les générations futures à payer nos lâchetés présentes. (…) Dans vingt ans, quand nos enfants regarderont en arrière, ils diront: en 2026, ils ont eu le courage de redresser la barre“, a estimé l’élue.





