Olivier De Schutter (Ecolo) : “Le détricotage du Green Deal est irresponsable”
Olivier De Schutter, juriste, professeur de droit international (UCLouvain) et ancien rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation. Il mènera avec Saskia Bricmont la liste Ecolo aux élections européennes. Il était au micro de Bonjour Bruxelles.
La commission européenne renonce à contingenter l’usage des pesticides dans l’agriculture. “Ce règlement proposé en 2022 par la commission européenne avait été tellement raboté et amendé qu’il ne présentait plus d’utilité. Le cadre européen de 2009 sur l’usage des pesticides est insuffisant et la décision que prend l’UE met en danger la santé des citoyens.”
Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement avaient demandé une pause dans la mise en oeuvre du Green Deal. Un détricotage ? “Oui ! c’est irresponsable ! Ursula von der leyen postule à sa reconduction comme présidente de la Commission et s’aligne sur les positions très conservatrices de la droite, le PPE (Parti populaire européen). Von der leyen avait porté le Green Deal. Elle est en train de renoncer à tout dans la perspective de sa réélection. C’est irresponsable.”
La colère des agriculteurs traduit-elle la difficulté des relations de ce secteur avec la famille écologiste ? Certains ont demandé la levée des mesures sur les jachères et les pesticides. “Je refuse cette opposition, c’est faire un mauvais procès aux agriculteurs. On leur a donné un hochet pour calmer la colère alors que ce qui les intéresse ce sont des coûts de production maîtrisés et une rémunération digne et ça la transition agro-écologique peut le leur apporter : moins d’engrais, moins de pesticide, des coûts de production maîtrisés et une rémunération digne grâce à des marchés locaux qu’il faut revitaliser. ” Pour Olivier De Schutter la solution se trouve dans “l’accompagnement des agriculteurs vers une transition qui réduise les coûts de production et renforce leur pouvoir de négociation les dans chaînes d’approvisionnement.”
►Nos articles sur la colère des agriculteurs
“Créer les conditions pour questionner le modèle dominant”
Dans son dernier livre (coécrit avec Tom Dedeurwaedere) “Pour un Etat partenaire” (Altura & Etopia), il préconise un “Etat qui se sert des initiatives citoyennes de transition pour accélérer la transition écologique et sociale.” Il plaide pour “la création d’espaces dont les gens peuvent s’emparer pour inventer leurs propres solutions (circuits courts, coopératives d’énergie citoyennes, etc).” Idéaliste ? “Le rôle de l’état peut être d’accélérer l’apprentissage collectif et d’assurer la diffusion de ces initiatives et créer les conditions pour qu’elles puissent questionner le modèle dominant.” “Par la mise sur pied de solutions on peut aller plus vite que les politiques technocratiques dirigées par le haut qui n’ont pas de légitimité aux yeux des citoyens.”
Rédaction
►Ecouter l’interview d’Olivier De Schutter, candidat Ecolo aux élections européennes