Moins de 75 hospitalisations quotidiennes : vers un déconfinement ?

D’après le bilan épidémiologique publié ce lundi par Sciensano, l’Institut de Santé publique, les admissions à l’hôpital pour cause de coronavirus ont atteint le nombre de 73. Soit plus bas que l’un des objectifs fixés par les autorités pour pouvoir envisager une sortie de la phase de confinement, et des réouvertures.

Ce dimanche, les hôpitaux belges ont enregistré 73 admissions, bien moins que la veille (125 hospitalisations). “C’est une bonne nouvelle, dans le sens où les hospitalisations diminuent à nouveau depuis un certain nombre de jours. On est en moyenne autour des 114 admissions par jour, donc 73 est un chiffre très bas qui correspond aussi à une journée particulière de week-end“, indique Yves Van Laethem, infectiologue et porte-parole interfédéral Covid-19.

Le bilan épidémiologique du jour

Car, en effet, “on sait que, le week-end, on enregistre un peu moins d’admissions“, ajoute-t-il, “même si l’on sait que, pour les admissions, le week-end ne connaît pas les mêmes diminutions que pour les nouvelles contaminations, car si on est malade, on va à l’hôpital quel que soit le jour“.

Néanmoins, “cela nous montre que, au niveau des formes graves, la maladie n’est pas en train de flamber dans notre pays“, explique Yves Van Laethem. Quant à la baisse globale des hospitalisations, “c’est probablement lié au fait que les contaminations, même si elles sont plus nombreuses, sont très fortement liées à un dépistage massif chez les jeunes, qui ne sont que très rarement malades et n’arrivent pas à l’hôpital, et que la pénétration du virus actuellement dans la population plus à risque et âgée reste relativement stable“.

► Interview d’Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19

Attention, Yves Van Laethem évoque une durée de trois semaines à moins de 75 admissions et 800 contaminations ; en réalité, il s’agit d’une semaine pour les admissions, et bien trois semaines pour les contaminations

La diminution des indicateurs est beaucoup plus lente qu’à la fin de la première vague, malgré les restrictions des contacts qui sont très sévères. Beaucoup de vannes sont fermées pour le moment, donc ce serait relativement inquiétant qu’il n’y ait pas d’effet sur la courbe“, tempère Simon Dellicour, épidémiologiste à l’ULB, “Mais le côté positif, c’est que cette descente se poursuit, très lentement certes, mais elle se poursuit“.

 

Deux critères pour déconfiner

Pour envisager un déconfinement, les autorités se basent, en effet, sur deux critères :

Et si, aujourd’hui, le critère des hospitalisations est respecté, on est encore loin de l’objectif en matière de contaminations. De plus, le fait d’être en-dessous du seuil des 75 hospitalisations quotidiennes est “quelque chose de bon pour le moral, mais ce n’est pas maintenant que l’on va tenir une semaine avec moins de 75 admissions, malheureusement (…) Cela semble invraisemblable, au vue des chiffres“.

 

Vers un déconfinement proche ?

Mais peut-on commencer à envisager un déconfinement au vu des chiffres actuels ? En effet, la réouverture possible des métiers de contact sera notamment sur la table du comité de concertation, prévu ce vendredi. Sur Twitter, David Clarinval (MR), le ministre en charge notamment des PME et des Indépendants, se réjouissait ainsi de ces chiffres, et indiquait “que les statistiques sont bonnes et vont dans le bon sens (…) La réouverture des coiffeurs cette semaine : je la mettrai sur la table, ça c’est clair !

Si une réouverture est autorisée pour les métiers de contact, “ce sera une décision politique, qui ne sera pas basée sur les critères évoqués, qui ne seront pas remplis à ce moment-là. Il y a un certain nombre de données, de rapports, qui existent, et le politique prendra donc ses responsabilités par rapport à ça, c’est son rôle : les experts fournissent des informations, et c’est aux politiques de les intégrer. Et on verra ce qui sera décidé“, explique Yves Van Laethem.

Un avis partagé par Simon Dellicour : “ce sont des choix politiques. À partir du moment où on a repris “le contrôle”, selon des critères qui sont un peu subjectifs, on peut entamer le déconfinement, avec des étapes successives. Quelles sont les vannes qui doivent être ouvertes en premier ? Ce n’est pas une question épidémiologique : c’est une question politique. Ce qui est important du point de vue épidémiologique, c’est qu’on s’assure que la réouverture d’une vanne ne provoque pas un rebond au niveau des différents indicateurs (…) Cela fait longtemps que toute une série de vannes sont fermées, qu’il y a des drames dans tous les sens, et je pense que si on peut se le permettre, il faut absolument rouvrir certaines choses progressivement et lâcher du lest“.

► Interview de Simon Dellicour, épidémiologiste à l’ULB

Faut-il revoir les critères ?

Face à cela, faut-il revoir les critères fixés par le gouvernement pour permettre un déconfinement ? “Cet objectif pourra peut-être être revu dans le futur, puisque les contaminations sont un premier signe par rapport à des risques d’hospitalisation. À partir du moment où la vaccination massive des personnes à risque d’hospitalisation aura lieu (pas seulement dans les maisons de repos, mais aussi les personnes de plus de 65 ans qui vivent chez elles, les gens qui ont d’autres maladies et qui ont 50-55 ans), quand ces gens seront protégés, l’impact des contaminations dans un public jeune ne sera plus le même. Donc il n’est pas impossible que certains critères, comme celui du nombre de contaminations puisse être revu dans le futur. Mais il est très clair que le nombre d’hospitalisations restera, lui, un élément fondamental car il marquera l’évolution de la pandémie en intégrant la saison et l’impact du vaccin sur les gens fragiles“, indique Yves Van Laethem.

Selon Simon Dellicour, il est difficile de savoir s’il faut revoir les critères, car deux éléments entrent désormais en ligne de compte : l’avancement de la campagne de vaccination, et la circulation des variants.

■ Le point avec Arnaud Bruckner dans Toujours + d’Actu