Manifestation pour la culture : des milliers de personnes ont répondu présent
Alors qu’a lieu ce dimanche, jour de l’entrée en vigueur des nouvelles mesures sanitaires, la manifestation du monde culturel contre la fermeture des salles de spectacle, des milliers de personnes sont attendues pour soutenir le secteur.
C’est sous une pluie battante que 5.000 personnes se sont réunies pour soutenir le monde culturel selon la police, et 15.000 selon les organisateurs. Vu le succès de l’appel à la mobilisation, l’action avait été déplacée au Mont des Arts, alors que la place de la Monnaie était initialement envisagée. Le rassemblement a débuté vers 14h00. Des interventions artistiques étaient prévues, par exemple des danseurs d’Anne Teresa De Keersmaeker, ainsi que des prises de parole, entre autres de quelques poids lourds de la scène culturelle nationale.
La place de l’Albertine est noire de monde
Les premiers intervenants ont commencé à s’exprimer sur la scène dressée au pied du Mont des Arts alors que la place de l’Albertine était noire de monde. “Je vois beaucoup de parapluies, ça veut dire que le ciel pleure avec nous“, s’est exclamé Stany Crets, qui a été le premier à appeler à la manifestation. “Je ne suis qu’un modeste artisan doté de bon sens, mais quelque chose m’a dit que c’était maintenant le seul bon moment pour nous de parler d’une seule voix. C’est un jeu politique et malheureusement nous sommes les victimes les plus faciles“, poursuit l’acteur et réalisateur.
Plusieurs directeur de salles attendus
Ainsi, le directeur général de La Monnaie Peter De Caluwe est attendu, la directrice de Charleroi Danse Annie Bozzini ou encore le directeur artistique du KVS (le théâtre royal flamand) Michael De Cock. L’artiste Katrien Vermeire participera également. “La manifestation a pour but de pointer l’injustice et l’irrationalité des mesures“, explique-t-elle. “Après deux ans de silence de trêve c’est un message important“. “Nous avons déjà beaucoup investi et développé pour pouvoir ouvrir. On se sent vraiment visé“, ajoute-t-elle avant l’action.
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Les organisateurs souhaitent un rassemblement pacifique et demandent à chacun de porter un masque et de garder ses distances. Depuis l’annonce des mesures mercredi dernier, les annonces de “résistance” se sont multipliées. De nombreux lieux culturels, cinémas, théâtres, ont communiqué maintenir les dates qu’ils avaient à leur programme, bravant ainsi l’interdiction qui entre en vigueur ce dimanche. Le Théâtre National en fait partie.
Le Bouglione restera également ouvert
Dans un autre style, le cirque Bouglione indique dimanche qu’il accueillera bien du public dans son chapiteau à Bruxelles (place Flagey) aux heures prévues, “par solidarité (avec le) secteur culturel“. Le cirque va cependant limiter sa jauge à 200 personnes.
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Les manifestations de soutien viennent de tous horizons: l’Union de la Presse Cinématographique Belge a communiqué son indignation, mais aussi le “Conseil des recteurs” des universités francophones. La culture “n’est pas le problème mais la solution“, appuie la CReF via communiqué. “Elle est au cœur de nos vies. On peut même dire qu’elle est un besoin vital, car elle contribue à donner du sens à nos existences, surtout quand ces dernières sont ébranlées“.
Certains élus politiques “résistent” également
Parmi les “résistants” figurent d’ailleurs des lieux qui disent avoir pris cette décision en accord avec les autorités publiques. C’est le cas du Centre Culturel d’Uccle, qui relève d’une commune dont le bourgmestre, Boris Dilliès, est pourtant d’un parti (le MR) qui participe aux gouvernements fédéral, wallon et francophone, tout comme l’échevine de la Culture Perrine Ledan, d’Ecolo. Les autorités locales qui se sont exprimées, même si apparentées aux partis associés à la décision de mercredi, ne semblent pas vouloir se précipiter vers des sanctions.
“Qu’elles ne touchent qu’un seul secteur, c’est vrai que c’était très dur“
Le président de l’Open Vld Egbert Lachaert a semblé reconnaitre à demi-mot que cette interdiction va trop loin, dans un message publié dimanche sur Twitter. Le variant omicron apporte “de l’incertitude dans la gestion” de la pandémie, ce qui a poussé le Comité de concertation à décider de mesures supplémentaires “par précaution“. “Qu’elles ne touchent qu’un seul secteur, c’est vrai que c’était très dur“, reconnait-il. “Il faudrait que les gouvernements dialoguent avec le secteur ces prochains jours, pour évaluer et éventuellement adapter” les mesures, indique-t-il sans préciser davantage.
Belga – Photo : Nicolas Maeterlinck