“Les traces de la colonisation” : le futur thème des Heritage Days fait débat
Les “Heritage Days”, la nouvelle appellation des Journées du Patrimoine en Région bruxelloise, font encore parler d’eux.
Lee débat autour de ces nouvelles Journées du Patrimoine – finalement inspirées des European Heritage Days, le nom international des journées européennes du Patrimoine – est toujours intense, et pas seulement au niveau politique. Ce sont aujourd’hui certains guides qui s’interrogent sur le thème de ces prochains “Heritage Days”.
Selon les informations de La Libre Belgique, confirmées depuis lors, la prochaine édition, prévue les 17 et 18 septembre 2022, reviendra sur “les traces de la colonisation”. Selon le courrier envoyé par le cabinet du secrétaire d’État bruxellois chargé du Patrimoine Pascal Smet (One.brussels), l’objectif de ce thème est “d’attirer l’attention du public sur les traces de la colonisation présentes dans la ville”. Un projet mené en parallèle avec le travail d’un groupe d’experts autour de la décolonisation de l’espace public, débuté en 2020 à la demande du gouvernement bruxellois.
Les guides, conférenciers et musées qui souhaitent participer à ces “Heritage Days” sont invités à envoyer d’ici au 21 février prochain leurs propositions d’événements et de lieux qui font appel à cette histoire de la colonisation.
“Trop sensible”
Pourtant, selon La Libre Belgique, plusieurs guides s’interrogent sur ce thème. Le guide conférencier Jean-Jacques David craint pour sa part une récupération politique en raison de la décision d’analyser ces propositions via un comité scientifique et associatif, composé notamment de membres du groupe de travail sur la décolonisation. “Avant, la sélection s’effectuait davantage au niveau d’Urban.Brussels, en toute objectivité, pour éviter des doublons, des choix hors thématiques. C’est la première fois qu’on a un tel comité“, s’interroge-t-il dans La Libre. Il ajoute que des collègues éviteraient de lancer leur candidature en raison d’un sujet “trop sensible”.
Du côté du cabinet de Pascal Smet, on évoque l’absence de protestation. Le porte-parole précise que les personnes mécontentes ou interrogatives peuvent le faire savoir auprès du cabinet. De même, l’établissement Itinéraires, qui gère une vingtaine de guides, indique qu’il s’agira surtout “d’un challenge”, comme lors de chaque projet porté lors des Journées du Patrimoine.
Un rapport au Parlement bruxellois d’ici fin février
Au niveau politique, on attend désormais le rapport du groupe de travail chargé de se pencher sur la décolonisation de l’espace public. Le rapport était attendu pour fin 2021, mais celui-ci a été retardé par le Covid, nous dit-on. Selon plusieurs sources parlementaires, le rapport devrait arriver d’ici à la fin du mois de février au Parlement bruxellois. Des propositions seront indiquées, mais aucune communication n’a encore été faite à ce sujet.
Des communes ont déjà pris des initiatives autour de ce sujet. Du côté d’Ixelles, le bourgmestre Christos Doulkeridis (Ecolo) a confirmé son intention de retirer le buste du général Storms, figure de la colonisation belge au Congo, sur le square De Meeûs pour le mettre dans un musée. Alors qu’à Anderlecht, des explications autour des rues, squares et stèles relevant de la colonisation sont apposées depuis cet hiver pour contextualiser. Les initiatives se multiplient donc pour mieux comprendre cette période noire de notre histoire.
Grégory Ienco – Photo : Belga/Thierry Roge