Les retards d’AstraZeneca obligent la Région bruxelloise à revoir sa campagne de vaccination
Les livraisons prennent à nouveau du retard du côté du laboratoire AstraZeneca. Le nombre de doses prévues est divisé par trois pour les prochaines semaines. En plus, la suspension de la vaccination avec ce produit dans d’autres pays européens pourrait augmenter l’hésitation vaccinale des Belges.
Cette fois, Bruxelles n’est pas à mettre en cause puisque c’est un nouveau retard dans la livraison qui est annoncée. Lors de la commission santé de ce jeudi, le ministre Alain Maron, a annoncé les prévisions d’AstraZeneca. La Région aurait dû recevoir 37.000 doses dans les prochaines semaines. Finalement, nous n’en aurons que 12.000. Il faut donc reprogrammer la campagne. Les centres qui doivent ouvrir ce lundi, ouvriront bien leurs portes mais des slots seront fermés car pour garantir les 2e doses.
La Région espère atteindre un stock constant d’une dizaine de jours avec AstraZeneca, de 7 jours avec Pfizer et un peu plus pour Moderna. L’idée est de pouvoir inviter les personnes 14 jours à l’avance et d’être certain qu’on dispose des doses. Pour le moment, Pfizer est lent mais juste dans ses prévisions alors que Moderna et Astrazeneca sont toujours en retard et en donnent moins.
Un décès en Autriche
Plusieurs cas de thromboses et d’embolies ont été signalés quelque temps après l’injection d’Astrazeneca. Un décès a aussi eu lieu en Autriche. Il s’agissait d’un lot précis et les pays qui l’ont reçu ont décidé par mesure de précaution de suspendre les injections d’Astrazeneca. Pour Muriel Moser, spécialiste de l’immunobiologie à l’ULB, cette décision est sage mais il faut une enquête plus poussée. Pour le moment, il n’y a pas plus de cas de thromboses chez les personnes vaccinées avec AstraZeneca que dans le reste de la population.
Selon notre spécialiste, le vaccin d’AstraZeneca peut être utilisé en toute sécurité en Belgique. Les dernières études menées en Ecosse, pays où on a vacciné massivement, montrent qu’il est très efficace pour prévenir les formes légères de la maladie et efficace à 100% pour éviter les hospitalisations. En plus, le taux d’anticorps augmente de manière considérable après la deuxième injection. Alors évidemment, les effets secondaires, le fait de ne pas l’avoir préconisé pour les plus de 65 ans au départ ne font pas une bonne pub pour ce produit et cela pourrait engendrer une hésitation vaccinale importante mais qui ne se justifie pas pour Muriel Moser.
Pour le moment, on compte très peu d’effets secondaires par rapport à la quantité de personnes vaccinées. Le rapport bénéfices/risques est plus élevé et Muriel Moser se ferait vacciner avec AstraZeneca sans hésitation.
L’arrivée du Johnson&Johnson
L’agence européenne du médicament vient d’agréer le vaccin du laboratoire Johnson&Johnson. Les premiers flacons devraient arriver pour le mois d’avril. Ce vaccin a l’avantage de s’administrer en une seule dose et de pouvoir être conservé 3 semaines au frigo. Cela facilitera la partie logistique et un public plus défavorisé comme les sans abri pourront être vaccinés avec. Les médecins généralistes pourraient aussi entrer dans la stratégie de vaccination. Et puis autre bonne nouvelle, ce vaccin est efficace contre les variants en particulier le sud-africain et le brésilien.
■ Interview de Muriel Moser, immunobiologiste à l’ULB par Vanessa Lhuillier