Entre 20.000 et 80.000 manifestants à Bruxelles pour un cessez-le-feu en Palestine
Entre 20.000 (selon les chiffres de la police bruxelloise) et 80.000 personnes (selon les organisateurs) ont défilé dimanche à Bruxelles pour un cessez-le-feu en Palestine, à l’appel d’une soixantaine d’organisations de la société civile. Après les discours organisés dès 14h00 sur le boulevard Simon Bolivar, le cortège s’est élancé sur le coup de 15h00 vers la gare du Midi en longeant la petite ceinture via le canal de Bruxelles.
L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, lors de sa prise de parole, a tenu à pointer l’importance de porter un message “d’amour” et de s’unir “contre le fascisme” – que ce soit en protestant contre le “génocide” commis par Israël en Palestine, ou face à la montée de l’extrême droite en France et en Belgique notamment.
Pour contraster avec le silence face à la famine qui sévit à Gaza, les manifestants étaient invités à apporter les ustensiles nécessaires pour un “concert de casseroles“. Cette mobilisation prend notamment place à l’occasion des 77 ans de la “Nakba” (“catastrophe” en arabe), soit “l’expulsion des Palestiniens de leur terre lors de la création d’Israël en 1948 et le processus de dépossession continu qui s’en est suivi“. “La Nakba n’est pas un souvenir du passé, elle continue aujourd’hui sous nos yeux, à travers chaque bombardement, chaque déplacement forcé, chaque privation de liberté“, insiste Dima Daibes, membre du collectif palestinien Beitna.
Originaire de Floreffe, Albert est venu manifester à Bruxelles pour protester contre “l’injustice faite aux Palestiniens depuis 77 ans“. “En tant qu’humain, papa et grand-père, je trouve que ce qu’il se passe à Gaza est ignoble“, continue le manifestant. “Se taire quand il y a un génocide, c’est devenir un peu complice de ce génocide, et c’est cela que nous reprochons à l’actuel gouvernement belge.”
Outre l’instauration d’un embargo militaire complet envers Israël et la suspension de l’accord d’association UE-Israël, les organisateurs réclament que la Belgique se conforme à ses obligations internationales, en particulier à l’avis consultatif du 19 juillet 2024 de la Cour internationale de justice relatif à l’occupation du Territoire palestinien. Cet avis établit des responsabilités claires pour les États tiers, dont “des mesures pour empêcher les échanges commerciaux et investissements qui aident au maintien de la situation illicite créée par Israël dans le Territoire palestinien occupé“.
“Ceci impose, a minima, l’interdiction du commerce avec les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé“, pointent les organisations. Elles dénoncent “l’ambiguïté” du gouvernement belge quant à son obligation d’exécuter les mandats d’arrêts de la Cour pénale internationale (CPI) contre des dignitaires israéliens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment l’usage de la famine contre la population civile.
L’association belgo-palestinienne (ABP), Amnesty International, le collectif palestinien Beitna, le CNCD-11.11.11, la FGTB, la CSC, ou encore l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB) sont notamment à l’initiative de la mobilisation.
“Face aux crimes imprescriptibles de persécution, d’apartheid et de génocide contre le peuple palestinien perpétrés par Israël, le refus du gouvernement belge d’en tirer des conséquences constitue à la fois une inacceptable faute morale et politique et une contradiction majeure avec son engagement à lutter contre l’impunité internationale“, a conclu le porte-parole de l’ABP, Gregory Mauzé.
■ Reportage de Simon Breem, Karim Fahim et Stéphanie Mira