Les femmes s’arrêtent pour défendre leurs droits et visibiliser leur travail
Réinvestissement majeur dans les crèches et les services publics, salaire minimum et davantage de budget pour la prévention des violences sexistes et sexuelles. Telles sont les revendications du Collecti.e.f 8 maars qui appelle les femmes et minorités de genre à faire grève vendredi, lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Quelque 15.000 personnes sont attendues dans les rues de Bruxelles.
Ne pas travailler, ne pas faire le ménage, ne pas étudier, ne faire que des courses essentielles : la grève des femmes, qui s’organise pour la sixième année consécutive, vise à “mettre en lumière leur travail rendu invisible par notre société” et à démontrer que, “quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête”. Pour le collectif, le “moment” est “crucial” avec les élections européennes, fédérale et régionales qui approchent. “Partout dans le monde, la droite et l’extrême-droite progressent, et les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ s’en trouvent impactés”, prévient-il.
L’organisation, qui réunit des syndicalistes, militantes féministes et citoyennes engagées, souligne que les inégalités entre femmes et hommes restent criantes. Les femmes gagnent toujours moins, assument davantage de tâches ménagères et sont les principales victimes des violences sexistes et sexuelles. Face à ces constats, le collectif formule trois revendications principales : réinvestissement dans les services publics, salaire minimum de 17 euros de l’heure et financement de la prévention des violences sexistes et sexuelles.
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“Double peine”
Les activistes féministes mettent en exergue une “double peine” des femmes, qui souffrent deux fois de “coupes budgétaires” opérées “depuis des années” dans les services publics, dont les crèches. Une première fois parce qu’elles y représentent la majorité du personnel et souffrent donc d’une rémunération faible et d’une charge de travail élevée. Et une seconde parce qu’elles en sont les principales bénéficiaires. Par manque de places dans les crèches, “ce sont elles qui sont forcées de rester à la maison”.
Deuxième revendication : l’instauration d’un salaire minimum global à 17 euros de l’heure afin de garantir une rémunération “décente” des secteurs précaires, majoritairement féminisés. Pour accroître l’indépendance financière des femmes, le collectif souhaite également abolir la loi de 1996 sur la norme salariale, qui fixe l’évolution des salaires, et défend l’indexation automatique des salaires, “nécessité face au risque de pauvreté lié à la flambée des prix”.
Ces deux exigences permettront en outre de renforcer la troisième revendication du collectif : la prévention des violences sexistes et sexuelles qui touchent les femmes et les enfants. Le Collecti.e.f 8 maars souligne que “les femmes en situation sociale difficile (contrat précaire, logement douteux…) courent plus de risques de vivre des situations de violences”. En effet, “elles ont peu accès aux soins, à leurs droits et à la possibilité de quitter leur environnement familial ou professionnel violent”. Pour améliorer la prévention, il faut davantage de budget, argumente le collectif. Il préconise aussi de mener des “études sérieuses sur l’étendue du problème” alors que le nombre de féminicides stagne. Le blog Stop Féminicides en a comptabilisé 26 en 2023, 24 en 2022 et 25 en 2021, un calcul réalisé à partir d’articles de presse.
Un préavis de grève a été déposé par la CSC et la FGTB.
Belga – image :BX1
■ Une interview de Célia Ponce par David Courier