Les Engagés quittent le PPE pour rejoindre le Parti démocrate européen et Renew Europe
Le parti centriste francophone belge Les Engagés a quitté le Parti populaire européen (PPE, conservateurs pro-européens) pour intégrer le Parti démocrate européen (PDE), l’une des deux branches du groupe Renew Europe (libéraux et centristes) au Parlement européen.
Ce transfert a été officialisé mercredi, lors d’une conférence de presse au Parlement européen, par le président des Engagés Maxime Prévot, celui du PDE François Bayrou et par la présidente du groupe Renew, Valérie Hayer. “Entrer dans la famille du Parti démocrate européen est un pas dans une nouvelle direction plus en phase avec nos valeurs modernes, qui s’éloignaient chaque jour davantage des idées conservatrices du PPE, en matière par exemple d’environnement et de migration”, a expliqué M. Prévot.
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Sous la précédente législature, l’élu Engagés Benoît Lutgen s’est à plusieurs reprises écarté de la ligne majoritaire du PPE, tandis que le vice-président des Engagés Yvan Verougstraete, appelé à remplacer M. Lutgen à Strasbourg, remettait en question l’appartenance au PPE pendant la campagne électorale. “C’est une question d’honnêteté envers les électeurs et les citoyens. Force est de constater que depuis notre refondation, les accents portés par le PPE nous correspondent moins”, a-t-il justifié. “La boucle est ainsi bouclée, du renouveau incarné par les Engagés”, selon M. Prévot, qui a transformé le cdH (ex-PSC) en un parti qui a connu la plus forte progression aux élections du 9 juin dernier.
Dans l’assistance figuraient, côte à côte, la fondatrice du cdH Joëlle Milquet et l’ancien président du PSC Gérard Deprez, cheville ouvrière du PDE. “C’est un événement extraordinairement émouvant et prometteur”, s’est réjoui François Bayrou, fondateur du MoDem français et allié du président Emmanuel Macron. “En créant le PDE il y a vingt ans, Romano Prodi (ex-président de la Commission européenne et Premier ministre italien, NDLR) et moi-même voulions construire un centre réellement autonome et sûr que l’avenir de l’Europe ne se jouait pas entre la gauche et la droite, une moitié de la population contre l’autre. Nous avons défendu cela avec Gérard Deprez et Joëlle Milquet au sein du groupe d’Athènes (1998), quand le PPE a décidé de se tourner davantage et presque exclusivement vers la droite”.
La structure des groupes politiques au Parlement européen laisse penser à un rapprochement entre Les Engagés et le MR, d’autant qu’ils négocient tous deux actuellement pour la formation de majorités gouvernementales en Belgique. Mais le parti de Maxime Prévot réfute cette lecture, insistant sur la différence entre un parti politique européen et le groupe parlementaire dans lequel il s’inscrit. Ainsi, le groupe parlementaire Renew Europe (80 eurodéputés) est-il composé de deux branches: le Parti de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE), auquel sont affiliés le MR et l’Open Vld, et le PDE, auquel adhèrent désormais Les Engagés. “Que ce soit clair, il n’y a pas de volonté de rapprochement avec le MR. Cela n’aurait pas d’intérêt de vouloir rejoindre le MR dont nous dénonçons, à l’échelle nationale, les relents très conservateurs, alors que nous prenons distance d’accents trop conservateurs majoritaires au sein du PPE”, selon M. Prévot.
Yvan Verougstraete siégera donc désormais dans un groupe parlementaire différent de celui du CD&V et du CSP germanophone, qui restent au PPE. “Avec la transformation du cdH en Engagés, l’un des éléments de rupture a été l’exonération de toute référence ou ancrage de nature religieuse. Les valeurs de générosité, tolérance, sens de l’effort, mérite et responsabilité ont une dimension universelle”, a répété Maxime Prévot. Pour Yvan Verougstraete, l’objectif est de “représenter la branche humaniste et la plus progressiste” de Renew.
Renew est actuellement en négociation avec le PPE et le groupe S&D (socialistes et sociaux-démocrates) pour une reconduction de la majorité sortante, en soutien d’une probable Commission Von der Leyen II. Valérie Hayer affirme que Renew, dont la 3e place est actuellement menacée par l’ECR (droite eurosceptique et extrême droite), accueillera encore d’autres nouveaux élus. “Vous ouvrez le bal d’autres arrivées dans les prochains jours”, a-t-elle assuré. Concernant l’extrême droite, Renew doit encore décider du sort du parti libéral néerlandais VVD, dont l’affiliation est contestée en raison de l’accord de gouvernement conclu avec le PVV, le parti d’extrême droite de Geert Wilders. T
andis que la N-VA, avec laquelle Les Engagés et le MR pourraient négocier un gouvernement fédéral, côtoie des partis d’extrême droite dans son groupe ECR. “Nous continuerons de dénoncer les formations qui choisissent de s’acoquiner avec l’extrême droite, comme nous l’avons fait au PPE” (en militant pour l’expulsion du Fidesz de Viktor Orbán, NDLR), répond Maxime Prévot. À ses yeux, “la victoire des centristes en Belgique démontre qu’avoir un discours assumé, nuancé mais volontariste peut convaincre les citoyens qu’ils ne sont pas condamnés à se tourner vers les extrêmes”.
Belga