Les “enfants rois” sont-ils des dangers pour la démocratie ?

En 130 ans, l’enfant est passé du statut de petite personne négligée à ce qu’on appelle aujourd’hui “l’enfant roi”. Selon une étude de l’UCLouvain, le culte de l’enfant pourrait aujourd’hui être un risque pour la démocratie.

Serge Dupont, l’un des trois chercheurs à l’origine de cette étude, a constaté que “aujourd’hui l’enfant doit être protégé, que son intérêt doit être placé au-dessus de tous les autres“. C’est ce constat qu’ils ont appelé “le culte de l’enfant“.

Privilégier l’intérêt supérieur de l’enfant peut d’une part avoir des conséquences sur lui-même : “Imaginez un enfant dont les parents sont toujours attentifs à ses besoins, qui vont essayer de le protéger et vont l’empêcher d’explorer seul. On constate que ce sont des enfants qui sont plus sensibles à des pathologies mentales. Ils seront, par exemple, d’avantage dépressif, ils vont développer plus de symptômes anxieux. Quand ils vont arriver à l’âge adulte, ils auront plus de mal à accepter les épreuves de l’existence” argumente le chercheur. Il ajoute par ailleurs que ces enfants peuvent aussi être sujets au narcissisme et à l’individualisme, et “il aura tendance à penser que le monde tourne autour de lui“, dit-il.

D’autre part, l’étude démontre que ce culte de l’enfant peut avoir des effets négatifs sur les parents : “L’un des risques principal est qu’il se retrouve épuisé, (…) c’est le cas aussi pour les professeurs qui sont toujours plus encouragés à prendre en compte le point de vue des enfants, à les écouter et à être attentif à leur bien-être” justifie Serge Dupont, tout en précisant qu’il ne s’agit que d’une hypothèse qui doit être confirmée. Ce comportement vis-à-vis de l’enfant peut, selon les chercheurs, mener à un burn-out parental. Un phénomène en recrudescence parmi les dernières générations de parents.

Un risque pour la démocratie ?

Selon ces chercheurs, le comportement surprotecteur des parents et des professeurs peut rendre l’enfant individualiste et “qu’il manque de compétences critiques“. Ainsi, selon Serge Dupont, “lorsqu’une démocratie est peuplée d’individus narcissiques, qui manquent de connaissances et qui sont fragiles d’un point de vue psychologique, ils pourraient être séduits par les charlatans, les prophètes, les nationalistes, les populistes, etc“.

M. D. – Photo : BX1

■ Une interview de Serge Dupont, chercheur à l’UCL, au micro du 12h30.

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10 juin 2022 - 18h46
Modifié le 10 juin 2022 - 18h46