Le nombre de locations de Villo a diminué de 20% en deux ans
Interrogée en commission mobilité par le député DéFi Emmanuel De Bock, la ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen) a confirmé ce que certains pressentaient depuis un certain temps. Le service Villo géré par la firme JC Decaux a perdu 20% de ses locations entre 2017 et 2019. En cause notamment, l’arrivée sur le marché des compagnies de free floating.
En 2017, 140.000 locations étaient effectuées par mois. En 2018, on passait à 130.500 et pour 2019, entre janvier et août, Villo enregistre 114.300 prêts par mois, soit une diminution de 20%. Cette perte de vitesse a plusieurs explications selon la ministre. Tout d’abord, la Région a décidé de promouvoir d’autres modes de déplacement comme la marche. Elle a aussi augmenter les primes pour l’acquisition de vélos. Mais surtout, c’est l’arrivée des vélos partagés en free floating ainsi que des trottinettes qui a causé la diminution de l’attrait de Villo.
Pouvoir laisser son vélo là où on veut, sans chercher une borne est un avantage. Ajoutez à cela l’assistance électrique et Villo devient beaucoup moins intéressant pour l’utilisateur. C’est d’ailleurs pour cela que la société a décidé de remplacer ses 1.800 vélos par des engins pouvant accueillir une batterie et devenir électriques. Par contre, en terme de coût, Villo continue d’être moins onéreux pour l’usager.
Un trajet de 10 minutes avec Jump par exemple, coûte 2,5 euros plus un euro pour le débloquer alors qu’il faut compter 85 euros par an pour une utilisation à volonté d’un e-villo.
Si JC Decaux peut pratiquer des prix plus bas et aussi être présent dans tous les quartiers de la Région, c’est aussi parce qu’il dispose d’un contrat conclut en 2008 et qui court jusqu’en 2026 avec la Région bruxelloise. En échange des vélos, la firme dispose de plus de 1.000 mètres d’espace publicitaire dans toute la Région. On compte 260 dispositifs de publicité au niveau des bornes de station, 354 dispositifs de publicité de 2m² dont une face est réservée à la Région, 45 dispositifs de 8m² ainsi que des espaces sur les vélos. Cela représente donc près d’un millier de mètres carrés de publicité.
Un contrat peut-être à revoir
Avec le changement de vélos classiques par des électriques, JC Decaux a revu son contrat. La firme peut remplacer au maximum 200 emplacements accueillant des dispositifs publicitaires de 2m² et 15 emplacements de 8m² par des dispositifs digitalisés. “C’est un contrat dont nous héritons, rappelle la ministre Elke Van den Brandt. L’avantage de Villo est quand même d’être disponible dans les 19 communes de la Région bruxelloise et cela reste le transport le moins cher possible.”
Cependant, certains souhaitent revoir le contrat puisque Villo ne semble pas répondre totalement à la demande des citoyens. “Le deal semble un peu dépassé entre Villo et la Région, commente Emmanuel De Bock. Il a été conclu à une époque où la mobilité n’était pas traitée de la même manière. On peut se demander aujourd’hui si la rétribution publicitaire de Villo n’est pas trop élevée. Si la Région avait géré ces espaces publicitaires, elle aurait généré des recettes qui auraient pu permettre à des Bruxellois de recevoir une prime pour acheter leur vélo.”
Pour tenter d’évaluer le montant de la recette, Emmanuel De Bock se base sur la concession passée entre la Stib et JC Decaux. Elle se chiffre à 8 millions d’euros par an pour 2.200 abris-bus ayant des publicités de 2m². Si le même tarif est appliqué à Villo, cela veut dire que la recette de la concession est de 4 millions d’euros par an. “La Région pourrait distribuer cet argent pour des primes vélos supplémentaires et construire des infrastructures ou des parkings vélos sécurisés. Peut-être devrait-elle aussi encourager davantage le free floating en contractant des partenariats publics privés avec d’autres opérateurs qui répondraient mieux à la demande des Bruxellois. Nous devrions être prospectifs dans ce dossier. La solution qui semblait idéale voici dix ans ne l’est peut-être plus. Il faut évaluer les politiques. Si on donne 400 euros à chaque Bruxellois, cela représente près de 10.000 vélos et en plus, on évite la publicité intempestive.”
Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Siska Gremmelprez