Les conditions sont “très difficiles” pour les femmes et enfants hébergés au centre Ariane: “On se lave dans des seaux”
Les conditions d’hygiène sont compliquées pour la trentaine de femmes sans papiers et leurs enfants, temporairement hébergées au centre fédéral Ariane. Elles ne peuvent utiliser ni les douches ni la cuisine. La commune de Woluwe-St-Lambert appelle Fedasil et la Région bruxelloise à prendre leurs responsabilités.
Des sacs poubelles dans le coin d’une chambre, au fond de la pièce, des lits de camps permettent de dormir… voilà le type de logements reçu par la trentaine de femmes et la dizaine d’enfants relogés au centre Ariane de Woluwe Saint-Lambert.
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La situation est difficile à vivre, selon les occupantes. “C’est très difficile. On est comme des prisonnières“, d’une l’une d’elles, sous couvert d’anonymat. Une autre va dans le même sens: “On est traumatisées par cette situation. Comment peut-on exposer des enfants à ça?“, réagit-elle.
Pour se nourrir, les cuisines n’existent pas. Les occupants reçoivent des plateaux repas peu adaptés, dont certains seraient périmés. Une alimentation qui laisse des trace: “Là-bas, chacun préparait ce qu’il voulait. On pouvait partager. Ici, chaque fois, on fait sortir de la nourriture, parce que ce qu’on nous envoie, parfois, c’est même périmé“, nous dit l’une des occupantes. “Moi, je ne dors pas. Hier, j’ai fait une nuit blanche. Avant-hier aussi“, nous dit une autre.
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En plus du manque de sécurité, puisque le site n’est pas protégé, les occupants se lavent dans des douches situées au CPAS, à 15 minutes à pied. Pour éviter cette contrainte, les sans-papiers utilisent des techniques ancestrales : “On se lave dans des seaux, on chauffe l’eau dans des bouilloires, on mélange avec de l’eau“, témoigne l’une d’elles.
Pointé du doigt par les occupantes, Olivier Maingain (Défi) reconnait que les conditions ne sont pas optimales. Mais il en appelle aux autres niveaux de pouvoir pour régler cette situation. “Il faut que la région et le fédéral assument enfin leurs responsabilités. L’hébergement de personnes sans abris, c’est une compétence régionale. Le statut des personnes sans-papiers, c’est une compétence fédérale. Que ces deux niveaux de pouvoir se parlent, se coordonnent et disent ce qu’ils veulent assumer comme responsabilités à l’égard de femmes et d’enfants qui sont aujourd’hui dans le risque de se retrouver à la rue“, s’exprime le bourgmestre.
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Côté fédéral, Fedasil refuse l’occupation, car ces personnes ne sont pas demandeuses d’asile. A la région, le cabinet d’Alain Maron nous assure que la recherche d’un nouveau logement est toujours en cours.
■ Reportage de Gilles Joinau, Charles Carpreau et Hugo Moriamé