Les championnats du monde de cyclisme sur route en 2030 à Bruxelles ? La Belgique se prépare en coulisses

Une candidature dans le cadre des festivités des 200 ans de la Belgique est en cours de finalisation, avec le soutien de l’organisateur d’événements sportifs Golazo.

Neuf ans après les championnats du monde de cyclisme sur route en Flandre, entre Knokke, Bruges, Anvers et Louvain, les meilleurs cyclistes du monde vont-ils se battre pour le maillot arc-en-ciel dans les rues de la capitale ? Selon nos informations, la candidature de Bruxelles à l’organisation de ces Mondiaux cyclistes est en tout cas sérieusement envisagée dans le chef des divers pouvoirs publics bruxellois, ainsi qu’au niveau fédéral.

L’information a été révélée par le journal Het Laatste Nieuws le 27 janvier dernier : Bruxelles souhaiterait accueillir les championnats du monde de cyclisme sur route en 2030. Après avoir organisé le grand départ du Tour de France en 2019, cinquante ans après la première victoire d’Eddy Merckx sur le Tour de France, la capitale serait prête à gravir encore un échelon international avec ce rôle d’hôte de la compétition cycliste la plus attendue de la saison avec le Tour. Il reste toutefois à trouver des parcours, des partenaires et, surtout, un budget conséquent.

21,3 millions d’euros de budget en 2021

Car aujourd’hui, organiser de tels championnats du monde cyclistes demande près de 15 millions d’euros dans le meilleur des cas. La Flandre a même déboursé 21,3 millions d’euros en 2021 pour accueillir cet événement, pour les 100 ans des championnats du monde. Un montant important qui demande donc l’appui de multiples partenaires : en 2021, les principaux organisateurs cyclistes belges, Golazo (Tour de Belgique, Benelux Tour…) et Flanders Classics (Tour des Flandres, Gand-Wevelgem, Brussels Cycling Classic…), se sont ainsi exceptionnellement unis pour mettre en place une parfaite organisation sportive avec les autorités publiques flamandes. Et ce ne sont plus les villes seules qui, ces dernières années, proposent leur candidature, mais bien des régions entières, à l’image du Yorkshire en 2019, la Flandre en 2021, Kigali et le Rwanda en 2025, la Haute-Savoie en 2027…

L’impact est toutefois bénéfique, si l’on en croit une récente étude menée par le bureau d’audit EY : 1,5 million de visiteurs ont été comptabilisés à Knokke, Bruges, Anvers et Louvain durant les neuf jours de courses organisés en septembre 2021. Et ces Mondiaux auraient généré près de 27 millions d’euros pour l’économie locale, en Flandre.

C’est pour cette raison que la Ville de Bruxelles ne sera pas la seule impliquée dans cette candidature. Selon nos informations, c’est d’ailleurs Golazo, déjà organisateur du Memorial Van Damme à Bruxelles, qui a poussé la porte des autorités bruxelloises pour proposer la candidature de la capitale belge auprès de l’Union Cycliste Internationale, l’autorité en charge de désigner les villes et régions organisatrices des championnats du monde cyclistes. Golazo a également lancé des discussions avec le gouvernement bruxellois ainsi qu’avec le gouvernement fédéral, et plus précisément le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD). Le cabinet du Premier ministre nous confirme ce soutien, destiné à promouvoir l’image de la Belgique dans le cadre des 200 ans de son indépendance.

Pour Remco Evenepoel ?

L’objectif de Golazo est évidemment de confirmer son expertise dans le domaine sportif en ajoutant un nouvel événement d’envergure à son portefeuille. Et pour les autorités publiques, ces championnats du monde seront une attraction parfaite sur le plan touristique et sportif. Bruxelles poursuivrait ainsi son investissement dans le cyclisme sportif après les organisations du départ du Tour de France, de la Brussels Cycling Classic (chaque année, vers début juin) et du BXL Tour (compétition amateur organisée en juin également). Et le fédéral voit cet événement comme une attraction supplémentaire de son plan de festivités à l’occasion des 200 ans de l’indépendance de la Belgique, en 2030.

En prime, la Belgique est en pleine effervescence autour de Remco Evenepoel, l’actuel champion du monde sur route. Un jeune cycliste originaire de Schepdaal, à quelques kilomètres de la capitale, supporter du RSC Anderlecht et fêté sur la Grand-Place à son retour d’Australie, en octobre dernier. Les autorités publiques réfléchiraient même à un passage non loin de ses routes de d’entraînement. Evenepoel n’aurait finalement que 30 ans en 2030…

Les discussions ont déjà démarré, elles se font au compte-gouttes, nous confirme-t-on en coulisses. Il reste désormais à trouver le bon équilibre pour un budget cohérent, des parcours sportifs intéressants (il y a en effet cinq contre-la-montre individuels et cinq courses en ligne, sans oublier les possibles contre-la-montre par équipes, si le règlement de l’UCI ne change pas d’ici là), et un projet sociétal pour réunir les Belges autour de cette même cause.

En outre, vu la taille réduite de la Région bruxelloise, il n’est pas impossible que des discussions doivent également être menées avec la Flandre et la Wallonie pour autoriser le passage des cyclistes sur leur territoire. D’où cette collaboration avec le fédéral pour confirmer la légitimité belge du projet.

Les élections comme obstacle

Si le dossier est donc en cours d’écriture, celui-ci ne devra pas tarder à être finalisé : l’UCI n’a pas encore annoncé publiquement les dates de désignation des championnats du monde 2030. Il se confirme que cela sera pour la fin 2024. Or, un autre obstacle s’annonce pour les autorités belges : les élections communales, régionales et fédérales de 2024 qui pourraient bouleverser les majorités politiques actuelles. Bref, il ne faudra pas tergiverser, au risque de voir la candidature traîner en longueur, voire disparaître, à l’image de précédentes candidatures belges qui ont frappé de plein fouet le mur politique (candidature des trois Régions qui n’a jamais abouti à la fin des années 2000, candidature de Louvain abandonnée en 2018)…

Grégory Ienco – Photo : Belga/Laurie Dieffembacq