Les bourgmestres révoltés par l’accord entre la police et la ministre de l’Intérieur : “Quelqu’un d’autre négocie pour nous”

Les bourgmestres bruxellois ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas été consultés lors des discussions sur le refinancement de la police.

La conférence des bourgmestres bruxellois s’est réunie ce mercredi. Parmi les points à l’ordre du jour : le préaccord trouvé entre les syndicats policiers et la Ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V). Pour rappel, le SLFP et le SNPS ont accepté l’accord, la CGSP-Police et de la CSC Services Publics ont décidé de s’abstenir.

Cet accord sectoriel prévoit la mise à disposition d’une enveloppe de 120 millions d’euros pour revaloriser l’ensemble du cadre opérationnel de la police à hauteur de 1.000 euros brut par an, ce qui équivaut environ à 70 euros net par mois.

Reportage | Après des mois de tensions sociales, un accord trouvé pour revaloriser le métier de policier

Une décision fédérale qui risque d’impacter à hauteur de 30 millions d’euros les finances de l’ensemble des communes. Or, les discussions se sont déroulées sans les bourgmestres, pointent les élus locaux. “Nous n’avons absolument pas été associés, à aucun moment, dans les discussions“, dénonce Olivier Deleuze, bourgmestre de Watermael-Boitsfort et président de la conférence des bourgmestres. “Quelqu’un d’autre négocie pour nous“.

“Un réel problème pour les communes”

Un avis partagé par le ministre des Pouvoirs locaux Bernard Clerfayt qui pointe un “réel problème”. “Depuis plusieurs années, l’Etat fédéral fait des économies en réduisant le nombre de policiers fédéraux et fait peser la charge des salaires au niveau local“, pointe-t-il. “Ici en l’occurence, les bourgmestres sont pieds et poings liés. C’est une décision qui s’impose à eux.” Selon lui, si le fédéral ne finance pas tout, la situation risque de devenir compliquée dans les communes. “Il faudra soit engager moins de policiers, soit faire des économies ailleurs alors que l’on sait déjà qu’il y a une forte pression sur les finances communales“.

Les bourgmestres vont envoyer une lettre à la ministre Verlinden pour exprimer leur mécontentement et l’inviter à s’expliquer devant la conférence des bourgmestres. Une autre lettre va être envoyée par les représentants des villes et communes de Bruxelles, de Flandre et de Wallonie pour dénoncer la négligence du fédéral à l’encontre du niveau communal.

V.d.T. – Photo : Belga

■ Reportage de Daphné Fanon, Camille Dequeker et Hugo Moriamé