L’éditorial de Fabrice Grosfilley : la chance de vivre en paix
Dans son édito du mercredi 11 septembre, Fabrice Grosfilley revient sur le conflit israélo-palestinien.
Ce sont des images violentes, obsédantes, qui se déversent en continu depuis plusieurs jours sur nos téléviseurs, sur nos smartphones, qui envahissent les réseaux sociaux, qui s’étalent à la une des journaux. D’un côté les exactions du Hamas, qui attaque délibérément des civils, jeunes, vieux, femmes, enfants, assassinés sans distinction. Le Hamas qui en enlève d’autres, on parle d’au moins 150 otages pour s’en servir comme bouclier humain. 1200 morts israéliens, c ‘est le dernier bilan communiqué ce mardi et il est effroyable. Il n y’a rien qui puisse légitimer, excuser, ou même permettre de relativiser ces exactions. Dans les heures qui ont suivi, la riposte d’Israël qui bombarde la bande de Gaza relève d’une logique de contre-offensive et de rétablissement d’une forme de sécurité pour les Israéliens. Elle n’est pas sans conséquences : des immeubles réduits à quelques décombres, des familles qui doivent trouver refuge ailleurs. Avec là aussi des victimes civiles. Ces civils qui si ils échappent aux bombardements vont devoir affronter un blocus sans précédent, avec privation de tout : eau, électricité, alimentation… À Gaza, la vie économique dépend de ce que les Israéliens laissent entrer ou pas. Le blocus total imposé par l’armée israélienne risque d’ajouter une tension humanitaire évidente à une situation miliaire qui est déjà très préoccupante.
Aujourd’hui, on ne voit plus comment les deux parties pourraient encore se parler ni même se respecter. Les propos des officiels israéliens vont parfois très loin. “Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence” disait il y a deux jours le ministre israélien de la défense qui n’est pourtant pas le plus dur de l’équipe gouvernementale. Le Hamas de son côté, est considéré comme une organisation terroriste par l’Union Européenne depuis 2001. Sa charte originelle prône la destruction de l’état israélien et appelle au djihad contre les Juifs L’organisation (une branche politique et une branche militaire) pousse toujours plus loin son emprise sur les gazaouis, embrigade les enfants et dénonce plus globalement l’influence de l’occident sur le monde arabe. Des attentats suicide qui visaient déjà des civils dans les années 90. Des tirs de roquettes ensuite, et puis cette offensive majeure samedi matin, avec l’assassinat de civils par centaines, des enlèvements, des prises d’otages, un déchaînement de violence qui refroidirait le plus accommodant des négociateurs pacifique de vouloir entrer en discussion avec ses représentants.
Quand la discussion n’est pas possible, il reste la manière forte. C’est ce que pratique Israël ces dernières heures. Avec un dilemme. Lancer ou pas l’assaut contre la bande de Gaza ? En cas d’opération terrestre, le Hamas menace de tuer les otages qu’il détient. À défaut de faire entrer les chars dans Gaza, c’est donc le blocus qui est pour l’instant l’option choisie.
Pendant ce temps-là en Belgique, le premier ministre fait un discours à la Chambre où il appelle la majorité silencieuse à ne pas laisser trop de place aux populismes. On évoque la hausse des accises sur le tabac, ou la taxation des grandes banques. On débat demain du nombre de ministres, ou de la réforme des institutions. Ça pourrait paraitre futile. Cela nous rappelle aussi la chance que nous avons de vivre dans un pays qui, à la différence du Proche-Orient, de l’Ukraine, de l’est du Congo, du Narogny-Karabakh, de l’Ethiopie , du Yemen, de la région du Sahel, de la Libye … est une zone de paix. C’est un bien précieux mais fragile: la paix, qu’il nous appartient à tous de préserver.
Fabrice Grosfilley