L’édito de Fabrice Grosfilley : sans paranoïa mais avec vigilance

Fabrice Grosfilley - Photo Couverture

Un autobus détourné par la police et mis à l’arrêt. Des passager sommés d’en sortir les mains en l’air. Des bagages fouillés, des interrogatoires. C’est la mésaventure vécue par une quarantaine de passagers d’un Flixbus qui faisait la navette entre Lille et Bruxelles hier. Point de départ de cette spectaculaire opération de police, une conversation saisie par l’un des passagers de cet autobus. Il aurait entendu 3 de ses voisins évoquer un projet d’attentat. Il a alors utilisé son téléphone portable pour prévenir la police. L’autocar a dès lors été redirigé vers le poste de la police routière de Wetteren. Le chauffeur et tous les passagers ont alors été invités à descendre un par un tout en étant mis en joue par un policier armé. Le bus a été fouillé de fond en comble avec des chiens spécialisés dans la détection d’explosif. Les trois personnes qui auraient parlé d’un attentat ont été interpellées pour être interrogées.

A l’évidence, la police fédérale n’a pas voulu prendre de risque. L’alerte a été prise très au sérieux. Les unités spécialisées avaient été envoyées en renfort. La fouille du véhicule et des 3 suspects s’est révélée négative. Pas d’arme, pas d’explosif.  L’interrogatoire des 3 personnes concernées se poursuivait hier soir. S’agissait-il d’une fausse alerte ? La conversation portait-elle réellement sur un projet d’attentat? La conversation tenue dans le bus, qui n’est pas l’endroit le plus discret pour échafauder des plans de cette nature, a-t-elle été mal comprise? On en saura sans doute un peu plus dans les heures qui viennent. A ce stade, il semble que la menace n’était pas avérée ou pas immédiatement concrète.

L’incident nous renseigne toutefois sur la mobilisation toujours bien réelle de nos services de police en matière de menace terroriste. Hier, c’est le principe de précaution qui a été appliqué et on peut s’en féliciter. Évidement, s’il s’avère que tout cela part d’un coup de téléphone fantaisiste, on pourra crier à la paranoïa. Mais s’il s’avère que les 3 personnes interpellées avaient bien des velléités d’action. On devra se féliciter pour cette intervention policière. Et nous, Bruxellois, on ne doit pas oublier que ce bus avait Bruxelles comme terminus et que notre ville, avec son caractère international, et la présence des institutions européennes et du siège de l’Otan, reste une cible potentielle. Nous devons bien être conscients que les destructions en cours dans la bande de Gaza avec des milliers de victimes sont le carburant idéal dont se nourrissent les milieux radicaux et les organisations terroristes.

Pour l’instant, le niveau d’alerte fixé par l’Organe Central de la Menace (OCAM) est fixé au niveau 3 sur une échelle de 4. C’est un niveau élevé. Il est probablement justifié (on veut avoir l’humilité de penser que ceux qui prennent ces décisions sont mieux informés que nous et qu’il faut leur faire confiance). L’attaque qui a couté la vie à deux supporters suédois en octobre, cette menace réelle ou supposée dans le bus Lille-Bruxelles, sont des piqures de rappel.  Nous ne devons pas sombrer dans la crise de panique. Inutile d’appeler la police parce que votre voisin vous a regardé de travers. Mais nous ne devons pas être naïfs ou insouciants. Et surtout, nous devons faire confiance à ceux qui sont chargés de nous protéger. Les services de police, les services de renseignement. Et former le souhait qu’ils soient suffisamment financés et aussi suffisamment écoutés lorsqu’ils formulent des recommandations.

Fabrice Grosfilley

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12 janvier 2024 - 15h05
Modifié le 12 janvier 2024 - 15h05