L’édito de Fabrice Grosfilley : reprise

C’est donc la reprise. Après deux semaines de pause pour cause de congés de fin d’année, “Bonjour Bruxelles” est de retour (dans sa formule habituelle, merci aux collègues qui ont assuré la formule Noël – Nouvel An), et peut-être que, vous aussi, vous vous apprêtez dans les minutes qui viennent à reprendre le travail. Peut-être l’avez-vous déjà repris, parce que vos horaires sont ainsi, ou parce que vous n’avez pas eu l’occasion de faire de pause ces 15 derniers jours, et que ce sera pour plus tard. Ou peut-être rêveriez-vous d’en faire une, de pause, mais que n’ayant pas d’activité régulière, ce concept ne vous concerne pas. À celles et ceux qui reprennent le travail, ou changent de rythme, à celles et ceux qui doivent lever les enfants, les habiller et les motiver pour retourner à l’école, à celles et ceux qui ont le sentiment désagréable que c’est leur vie qui est sur pause, on adresse ce matin nos vœux de courage et nos souhaits de bienveillance.

Si vous retrouvez vos collègues, saluez l’instituteur ou l’institutrice, la puéricultrice ou le facteur, si vous croisez de la famille ou des amis dans les prochaines heures, il est probable que vous présenterez quelques vœux de bonne année. Le bonheur, la sérénité, l’amour, la félicité et surtout la santé, selon les formules consacrées. Ces vœux, il faut le reconnaitre, nous nous les adressons aussi à nous-même en réalité. On se souhaite le meilleur. Sorte de mantra : ” jusqu’à là tout va bien, et demain ira encore mieux“. Bonjour Bruxelles ne fera donc pas exception, on vous présente nos bons vœux, avec une petite bougie à souffler en prime. C’est le 9 janvier 2023 que nous avions ouvert l’antenne pour la première fois en matinée. Demain, il y aura donc un an que notre matinale existe, avec 253 numéros au compteur (il faut retirer les weekends et une petite pause estivale) avec chaque matin ou presque, un édito, trois interviews, des journaux, de la musique et une dose d’humour pour conclure. Sauter dans le bain de la nouvelle année, c’est aussi savoir qu’il y a devant nous autant de chemin à parcourir que celui que nous avons parcouru l’an dernier, alors autant le faire dans la sérénité et la bonne humeur, ce que vous proposera du lundi au vendredi de 7 à 9 heures.

La bonne humeur n’est pas à facile à trouver chaque matin. C’est même une sorte de discipline à laquelle il faut volontairement s’astreindre, tant l’actualité aurait plutôt tendance à nous plomber le moral. Attention : ce n’est pas que l’indignation, le coup de gueule, la dénonciation des injustices, la colère même ne fassent pas partie des émotions que nous nous autorisons chaque matin face à l’actualité. Nous revendiquons notre part de subjectivité et notre souhait de porter sur le monde qui nous entoure un regard avec le souci de le rendre meilleur (notre obligation est d’être honnête et indépendant, de dire le vrai et de séparer clairement le fait du commentaire, pas d’être insipide et cliniquement distant). Nous ne pouvons pas rester indifférents, froids et cyniques. Nous voulons expliquer les choses, plonger sous la surface, décoder les enjeux, dénoncer les zones d’ombres et ramener quelques pépites.

Ce matin, où que se porte ce regard, nous avons un sentiment de déjà-vu. Quatre mois de guerre meurtrière au Proche-Orient, et une nouvelle mission diplomatique du secrétaire d’État américain Antony Blinken pour tenter de faire taire les armes (ou au moins de les entendre tonner moins fort et d’épargner les populations civiles). Six mois de campagne électorale à venir, chez nous ou ailleurs, avec des ambitions personnelles qui prennent parfois le pas sur les grands idéaux. Un face-à-face américain entre Joe Biden et Donald Trump qui prend des airs de matchs retour et risque d’envoyer la démocratie au tapis. Des températures qui plongent sous le zéro degrés et toujours des centaines d’hommes et de femmes qui dorment dans les rues. Tout cela a donc un air de déjà-vu, déjà lu, déjà entendu. Alors, on forme aussi ce vœu pour 2024 : celui que le monde ne fasse pas du surplace. Et qu’il ose regarder vers l’avant, nous porte vers demain, et qu’on évite le plus possible de paraitre bloqués et de vouloir revenir à ce qui appartenait à hier.

Fabrice Grosfilley