L’édito de Fabrice Grosfilley : les pays nordiques seront protégés par l’OTAN

C’est désormais officiel : la  Suède et la Finlande sont appelées à rejoindre l’OTAN. Les pays de l’alliance atlantique leur ont adressé une invitation officielle dans le cadre du sommet qui se tient en ce moment à Madrid.

Le terme historique est souvent galvaudé, mais là il s’applique parfaitement. L’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, est une alliance militaire, dont tous les membres se doivent assistance mutuelle en cas d’agression. Si on attaque un membre de l’OTAN, tous les autres sont appelés à le défendre. Au départ en 1949, 12 états, dont la Belgique. Au fil des élargissements successifs, on est passé à 30. Avec la Finlande et la Suède on arrive à 32.

Ces nouvelles adhésions sont une conséquence directe de la guerre en Ukraine. L’offensive russe a secoué les opinions publiques des pays nordiques. Des opinions publiques qui se sont rapidement identifiées à la population ukrainiennes, et qui se sont mis à voir leur voisin russe comme un danger potentiel. Pour la Finlande et la Suède deux pays qui avaient fait le choix de la neutralité, essayant d’entretenir des bonnes relations à la fois avec la Russie et avec les Américains, c’est donc un changement de paradigme diplomatique. Déjà membres de l’Union Européenne, un espace économique, la Finlande et la Suède entre désormais dans une alliance militaire. Une manière pour eux de se protéger. Si la Russie voulait envahir la Finlande, les deux pays ont une longue frontière commune de plus 1300 km, ou la Suède, qui se trouve de l’autre coté de la mer Baltique, l’OTAN, c’est à dire les américains, la France, le Royaume-Uni mais aussi la Belgique, nous entrerions de facto tous en guerre avec la Russie.

Avec la Finlande et la Suède c’est désormais l’intégralité des pays nordiques qui sont sous protection de l’Otan. La Norvège, le Danemark, l’Islande, faisaient déjà partie de l’alliance. Il suffit de regarder une carte pour comprendre l’importance stratégique de ce ralliement. Outre  ces états nordiques, les Pays-Baltes et la Pologne sont aussi membres de l’alliance. La mer Baltique qui borde tous ces états est donc désormais une mer très majoritairement contrôlée par l’alliance. A deux exceptions près: le nord de la Russie, la région de Saint-Petersbourg, et l’enclave de Kaliningrad qui abrite d’importantes installations militaires. Avec la Suède et la Finlande, l’Otan est en mesure d’opposer un bloc compact à d’éventuelles velléités russes dans le nord de l’Europe. Si les pays baltes ou la Pologne devaient être agressés, la Suède serait idéalement placée pour servir de base arrière, on gagne de la profondeur vous expliqueront les stratèges militaires. C’est un win win. En adhérant à l’OTAN la Suède et la Finlande se protègent, mais leur adhésion va aussi contribuer à la protection des autres.

Mer Baltique, wikipédia

Dans une première réaction, le vice-ministre russe des affaires étrangères a évoqué ce mercredi après-midi un élargissement “profondément déstabilisateur pour les affaires internationales“, estimant que cela ne renforçait la sécurité de personne. Un peu avant, le secrétaire général de l’OTAN avait lui déclaré qu’il considérait désormais la Russie comme une “menace directe“. Le ton est donc est en train de monter. Joe Biden a déjà annoncé qu’il allait renforcer les positions américaines en Europe. Exactement l’inverse de ce qu’avait annoncé Donald Trump pendant sa présidence, comme quoi, en 3 ans les choses peuvent beaucoup changer.

C’est en regardant les cartes qu’on se rend le mieux compte à quel point notre monde est en train de changer. L’auteur de ces lignes appartient à une génération qui a connu une carte de l’Europe coupée en deux. Avec l’URSS et les pays du pacte de Varsovie. Une Allemagne de l’Ouest et une Allemagne de l’Est, une fédération de Yougoslavie. Cela appartient au passé. Ce soir, sur la carte de l’Europe la Suède et la Finlande n’ont donc plus la couleur des pays neutres. On forme le vœu que s’il doit y avoir d’autres changements, on y arrive par une voie pacifique.

Fabrice Grosfilley

 

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29 juin 2022 - 18h13
Modifié le 29 juin 2022 - 18h13