L’édito de Fabrice Grosfilley : le réchauffement climatique est toujours là

Entre la guerre à Gaza, celle en Ukraine, l’avancée du M23 au Congo, les uppercuts que Donald Trump impose un jour aux marchés boursiers, l’autre à l’OTAN, ou encore la limitation du chômage à deux ans, sans oublier l’absence de toute perspective d’accord pour former un gouvernement en région bruxelloise, on finirait par oublier qu’il existe… le réchauffement climatique.
Tous ces événements, qui se succèdent — et dont on vous fait la chronique jour après jour dans les journaux — se déroulent sur une toile de fond qui n’est peut-être pas spectaculaire, mais qui ne se dément pas. Au contraire, elle tend à s’accélérer.

Ce matin paraît donc un nouveau rapport sur les effets du réchauffement climatique pour le continent européen. Il est réalisé par le service Copernicus, qui dépend de l’Union européenne et de l’Organisation météorologique mondiale. Il porte sur les données récoltées pendant l’année 2024. On y retrouve des records de températures — ce qu’on savait déjà — mais surtout des effets bien réels sur nos conditions de vie. Des effets qui ne sont pas les mêmes selon qu’on habite à l’est ou à l’ouest du continent européen.

À l’est : la sécheresse et des températures extrêmement élevées. À l’ouest : moins de chaleur, mais des conditions plus nuageuses et plus humides.  Pour l’Europe occidentale — cette partie du continent où nous habitons — on a enregistré l’an dernier l’une des dix années les plus humides depuis que les relevés existent, c’est-à-dire depuis 1950. Un tiers du réseau fluvial a connu des inondations atteignant la cote d’alerte. Tempêtes et inondations ont touché l’an dernier 413 000 personnes en Europe et fait au moins 335 victimes. En septembre, la tempête Boris a affecté des centaines de milliers de personnes, provoquant inondations, décès et dégâts en Allemagne, Pologne, Autriche, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Roumanie, et même en Italie. Fin octobre, c’est l’Espagne qui a connu des précipitations et inondations extrêmes dans la province de Valence et les régions voisines.

À l’inverse, en Europe du Sud-Est, du côté de la Grèce par exemple, on a enregistré en juillet la plus longue vague de chaleur jamais observée, avec treize jours consécutifs de canicule. Cette partie de l’Europe a également connu un nombre record de 66 jours considérés comme relevant d’un « fort stress thermique ». On y a aussi compté 23 nuits dites « tropicales ».

Tout cela, ce sont des faits. Des données objectives. On ne peut pas les contester. On peut toujours discuter des causes de ce réchauffement, mais tous les scientifiques sérieux établissent qu’il est bien d’origine anthropique, dû à l’activité humaine. Et on peut évidemment aussi débattre des mesures à prendre — ou pas. Ça, c’est de la politique. On sait que, du côté de Donald Trump, on a décidé de s’enfermer dans une forme de déni climatique. Surtout ne rien changer à notre manière de vivre, à notre confort. « Drill, baby, drill » : continuons d’exploiter les carburants fossiles, de rejeter des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Après tout, on a toujours les moyens de se payer un climatiseur quand on est un Américain qui se respecte.

Cette manière de voir les choses existe aussi chez nous, en Europe, en Belgique. Ne parlons pas du réchauffement climatique, renonçons à le combattre. Continuons à considérer que ce n’est pas notre problème, ou que le problème n’est pas si important, que les médias exagèrent, ou que, de toute façon, on ne peut rien y faire. Et c’est là qu’on mesure combien, dans ce monde du chacun pour soi, il est difficile d’envisager des actions collectives. Des actions qui doivent se faire au niveau mondial, et qui impliquent des changements de paradigme : en matière d’économie, de consommation, de transport, etc.

Il y a autre chose que rappelle ce rapport de Copernicus : c’est que le continent européen se réchauffe plus vite que les autres.  Alors qu’on parle déjà d’une élévation de 1,5 °C à l’échelle mondiale, on est déjà entre 2 et 3 °C pour les territoires de l’Union européenne, et plus fort encore dans les pourtour méditerranéen. Il y aura en 2025, et dans les années à venir, d’autres sécheresses, d’autres vagues de chaleur aux températures meurtrières, d’autres inondations. Si, à l’inverse de la catastrophe de 2021 la Belgique a plutôt été épargnée en 2024, ce ne sera pas toujours le cas.

Fabrice Grosfilley 

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