L’édito de Fabrice Grosfilley : le Codeco et l’inconnue des factures
Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito de la hausse de la facture énergétique et le Codeco énergie.
Aider le citoyen et les entreprises à faire face à l’explosion de leurs factures énergétiques. C’est l’objectif du comité de concertation convoqué demain après-midi. À ce stade, la réunion paraît mal embarquée.
À 15h, demain, les représentants du fédéral et des régions se retrouveront pour tenter d’accorder leurs violons. On connaît déjà la piste prioritaire du Premier ministre et de la ministre de l’Énergie : il s’agit d’obtenir un blocage des prix de l’énergie au niveau européen. Ce renvoi de la décision à un autre niveau risque de ne pas satisfaire les plus impatients des citoyens et de leurs représentants. Mais dans la pratique, c’est probablement l’une des rares mesures réellement efficaces qu’on puisse envisager.
Est-ce que ce sera suffisant ? Probablement pas. Demain, il est probable que les partenaires du Premier ministre viennent avec une série d’autres propositions. Confirmer et étendre le tarif social, diminuer les accises, encourager des mesures en faveur des économies d’énergie. La demande citoyenne est forte, la tentation est grande pour chaque parti politique de chercher à occuper le terrain en annonçant des propositions qui sont autant de messages à destination de son électorat… mais qui ne favorisent pas forcément la recherche d’une solution réelle.
Pourtant, des solutions, il peut y en avoir. Le Portugal et l’Espagne ont plafonné le prix du gaz, mais ils ont obtenu une autorisation de l’Union européenne pour pouvoir le faire. La France a mis en place un bouclier tarifaire, où c’est l’état qui prend en charge les augmentations. La Norvège a mis en place un mécanisme similaire, en cas de forte augmentation le surcoût est à 80% à charge de l’État et 20% à charge du consommateur, et l’Italie interdit qu’on change les contrats afin de protéger les consommateurs.
Fallait-il réunir un comité de concertation pour étudier ces pistes ? A priori, on serait tenté de répondre non. L’encadrement du marché est bien une compétence fédérale. Les régions en revanche sont compétentes pour les économies d’énergie. Alain Maron pour la région bruxelloise fera de nouvelles propositions dans ce domaine demain. Zuhal Demir, qui est la ministre compétente pour le gouvernement flamand, affirme qu’elle met de son côté 1 milliard d’euros sur la table pour aider les flamands a mieux isolé leur habitation.
À propos de Zuhal Demir, elle a indiqué que le gouvernement flamand irait à ce comité de concertation seulement par politesse, mais qu’elle n’en attendait pas grand-chose. C’est une constante qu’on doit intégrer dans le chef de la N-Va et de sa ministre flamande de l’énergie. Prôner à chaque fois l’opposé de ce que met en place le fédéral : s’opposer à la construction de centrales à gaz, bloquer les accords sur le climat et refuser de faire des efforts supplémentaires en matière de réduction de gaz à effet de serre, réduire les primes pour les panneaux photovoltaïques, etc.
On pourrait décoder la séquence de demain de manière très politique. Le fédéral a convoqué un comité de concertation pour faire passer l’idée que nous sommes en crise, et que cette crise, comme celle de la Covid-19 demande la collaboration de tous les niveaux de pouvoir. Accessoirement, cela masque un peu cette désastreuse image d’un gouvernement fédéral qui reste un peu passif face à la crise. En face, la N-VA refuse de jouer dans la pièce, pour sortir sa carte préférée, celle du fédéral qui ne fonctionne pas alors que la Flandre serait capable de tout gérer toute seule.
Ce sont des figures rhétoriques bien connues. L’inconnu en revanche, c’est la proportion exacte de l’augmentation des prix sur nos factures de l’hiver prochain. Là, le monde politique doit se méfier. Le citoyen réagira de ce point de vue-là comme les marchés : l’inconnu en matière de portefeuille, il n’aime pas trop ça.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley