L’édito de Fabrice Grosfilley : de la lumière!

Lever la tête, sourire, respirer, danser peut-être… En tout cas penser à autre chose, avoir des lumières plein les yeux, se laisser emporter par le tourbillon et s’autoriser à avoir le cœur joyeux. Ce vendredi soir les “Plaisirs d’hiver” nous inviteront à entrer dans la période des fêtes. La traditionnelle parade sur la grande place. La première illumination des façades de  la Grand-Place, ce son et lumière qui est devenu un incontournable de la période hivernale : on s’y rend en famille, on y amène des amis, moi il m’arrive même de faire un détour pour y passer tout seul lorsque je passe par le centre-ville, et cela attire aussi les touristes du monde entier. Ne boudons pas ce plaisir, gratuit, il faut le souligner, qui s’offre à nous pendant 5 semaines et s’adresse à tous, qu’on soit chrétien, musulman, juif, bouddhiste, agnostique ou laïc convaincu. Si la tradition de noël est historiquement liée à la religion, et à la naissance de l’enfant Jésus, les fêtes de noël sont elles depuis longtemps débarrassées de ce caractère religieux. Elles nous appartiennent à tous, elles sont même une occasion unique de nous retrouver par delà nos différences. Il faut être très radical et avoir l’esprit très rétréci pour s’interdire de fêter Noël ou tenter de le confisquer.

Bien  sûr ces fêtes de fin d’année arrivent dans un contexte particulier. Une actualité si sombre qu’un canal se pendrait. La guerre au Proche-Orient, la guerre en Ukraine, la victoire de candidats d’extrême-droite  en Argentine et aux Pays-Bas, la dégradation d’un cimetière juif à Charleroi. La violence, la querelle, la recherche du bouc émissaire, l’égoïsme et le repli sur soi, la volonté de tirer la couverture à soi pour que surtout le voisin n’en profite pas,  ont partout. Petit coup de pouce du hasard, l’ouverture de nos  plaisirs d’hiver coïncide avec le premier jour de la  trêve entre Israël et le Hamas. Si tout se passe comme prévu, et on l’espère, on verra peut-être les premières images d’otages libérés au moment ou la Grand-Place s’illuminera. Tant qu’à former des vœux on espère que cette trêve sera respectée par les deux parties, et qu’elle puisse même se prolonger. Elle ne nous déplait pas cette idée qu’un lien invisible relie Bruxelles à Jérusalem et Bethléem, et que nous faisons tous partie de la communauté humaine.

Nos plaisirs d’hiver sont prévus pour durer 5 semaines. Cinq semaines joyeuses pour ceux qui s’y rendent dans un esprit festif, 5 semaines, moins confortables pour ceux qui habitent le centre ville et sont voisins des principales attractions. Un évènement qui attire chaque année plusieurs millions de visiteurs (l’an dernier 2,5 millions) cela provoque nécessairement des nuisances. On rappellera donc, comme chaque année, que le centre-ville est festif lumineux et coloré… mais qu’il est aussi réservé aux déambulations des piétons. Vouloir se rendre en voiture au pied de la  Grand Roue, place Sainte-Catherine, à l’entrée de la Grand-Place pour voir le sapin, ou juste derrière la place de Brouckère pour la patinoire relève de la mission impossible. Ce sera particulièrement difficile aux heures de pointe, en soirée ou le weekend.  Laissez votre voiture plus loin, prenez les transports en communs, ne faites pas les étonnés si vous n’écoutez pas ce conseil pour vous retrouver coincé dans les files.

Et puis surtout levez la tête, ouvrez les yeux, écoutez la musique, laisser les parfums chatouiller vos narines. On a envie de cannelle, et de clous de girofle, de sucreries, de tour en manège, et de câlins avec un ours en peluche. À défaut de revenir en enfance,  être attentif au plaisir des enfants, y compris des enfants qui ne sont pas les vôtres et en ayant une pensée et une attention pour ceux qui dans la vie ont eu moins de chance que d’autres… parce qu’ils  sont (à Bruxelles ou ailleurs), tombés au mauvais endroit, au mauvais moment, ou qu’ils ont parfois croisé la mauvaise personne. Profitons de ces plaisirs d’hiver. Cela ne nous fera pas oublier le monde qui nous entoure et sa dureté. Mais c’est justement quand la nuit est sombre, que nous avons besoin de lumière.

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24 novembre 2023 - 10h30
Modifié le 24 novembre 2023 - 12h15