L’édito de Fabrice Grosfilley : climat, alerte maximale

Terriblement insuffisants. Ce sont les deux mots employés par les Nations Unies dans un rapport sur le suivi des accords de Paris. Nous sommes largement en dessous des engagement qui avaient été pris lors des accords de Paris. On parle désormais d’un réchauffement qui pourrait dépasser les 2,5 degrés.

« Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale ».  Ce sont les mots d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU après la présentation non pas d’un mais de deux rapports ce jeudi sur le suivi du réchauffement climatique. Un rapport du PNUE (programme des nations unies sur l’environnement), un autre de l’ONU Climat qui font le point sur les efforts promis dans le cadre des accords et les efforts réellement réalisés par les différents états. Et les conclusions de ces deux rapports sont catastrophiques.

Lors des accords de Paris, 193 pays signataires s’étaient engagés à réduire le réchauffement à 1,5 degrés, au maximum deux. « Ce scénario n’est plus crédible » indiquent désormais les Nations Unies. Il faut se préparer à un réchauffement de 2,5 degrés à l’horizon 2100. Hypothèse optimiste dans le cas où mes pays respecteraient leurs engagements actuels. Si ce n’est pas le cas  ce sera plutôt 2,8 degrés en plus à l’horizon 2100.

Pour redescendre d’un cran et continuer à croire aux accords de Paris il faut désormais agir très vite. « Les gouvernements nationaux doivent renforcer leurs plans climat dès maintenant et les mettre en œuvre dans les 8 prochaines années » explique désormais Simon Stiel, le patron de l’Onu climat. 8 ans, c’est la durée de deux législatures pour le niveau fédéral. Il faudrait dans ces 8 ans que nous baissions de 45% nos émissions de gaz à effet de serre pour rester sous la barre des 1,5 degrés. Ça veut dire qu’au niveau mondial, les efforts que nous avons consentis ces dernières années sont à multiplier par 9.

L’an dernier ces émissions de gaz à effet de serre n’ont pas diminuées. Elles ont augmentées (+0,4% par rapport à 2019). L’année 2020, marquée par une  baisse n’était donc qu’une parenthèse due à la pandémie de covid19. Les experts pensent désormais qu’il faudra attendre 2030 pour que ces émissions partent enfin à la baisse. « Le temps des changement progressifs est révolu, seule une transformation radicale de nos économies et de nos sociétés peut nous sauver de l’accélération de la catastrophe climatique » prévient le programme des nations unies pour l’environnement. C’est pas qu’on ne fasse rien, mais nous le faisons collectivement beaucoup trop lentement.   S’il commence à y avoir de premiers efforts dans la production d’énergie et l’industrie, le système alimentaire mondial et le système financier n’ont quasiment rien fait soulignent les Nations Unies.

« Notre monde ne peut plus se permettre de faire du greenwashing, de faire semblant, d’agir en retard ». C’est l’appel lancé par Antonio Guterres qui estime qu’il faut désormais sortir rapidement des énergies fossiles.  Dans 10 jours un nouveau sommet climat s’ouvrira à Charm el-Cheick en Egypte.  Ce sera la cop 27. Les ministres, les chefs d’Etats et de gouvernements qui y participeront, les industriels, les banquiers, les citoyens : personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.

 

Fabrice Grosfilley