L’édito de Fabrice Grosfilley : clarifications électorales

C’est donc la surprise du jour, ou plutôt la surprise de la soirée. Hadja Lahbib sera candidate à la Région bruxelloise et non pas à la Chambre comme cela avait été envisagé et largement commenté. Cette pirouette de dernière minute a été communiquée hier soir lors de la cérémonie des vœux du Mouvement Réformateur en Région bruxelloise. David Leisterh sera donc bien tête de liste, et Hadaj Lahbib sera en deuxième position de la liste régionale. On parle de pirouette ou de surprise parce que cette hypothèse avait été envisagée depuis longtemps, mais ne semblait ne pas avoir été retenue. Il avait été dit qu’Hadja Lahbib préférait rester au niveau fédéral, que cette deuxième place régionale lui avait bien été proposée mais que la ministre des Affaires étrangères l’avait refusé, préférant se présenter à la chambre. Georges-Louis Bouchez et David Leisterh ont visiblement réussi à la convaincre.

Hadja Lahbib se lance donc dans le combat régional et apporte sa popularité à une liste libérale qui pourrait en avoir besoin. Il manquait une personnalité susceptible d’incarner la diversité de la population bruxelloise, une image féminine et de renouveau, qui va donc permettre à la liste régionale du Mouvement Réformateur de ne pas passer à coté de ce combat des chefs. Avec Ahmed Laoueej ou Zakkia Khattabi comme têtes de liste, PS et Ecolo avaient donné le ton : les plus gros faiseurs de voix se présentent à la région pour viser la ministre-présidence. Avec Hadja Lahbib en renfort, le MR se donne une chance de rester dans la course. On verra si le 9 juin si le calcul était le bon ou pas.

Il faut rappeler qu’Hadja Lahbib ne s’est encore jamais présentée à une élection, que si elle bénéficie d’une grande exposition médiatique avec son poste de ministre des Affaires étrangères, qui l’amène un jour en Chine et lendemain en Afrique du Sud, c’est une exposition qui peut paraitre éloignée des enjeux bruxellois, que son image a pu être ternie par l’affaire des visas iraniens, et qu’il est donc  difficile à ce stade de dire quelle sera son poids électoral.

Ce repositionnement de la ministre des Affaires étrangères indique donc que les libéraux francophones ne renoncent pas à jouer les premiers rôles à la Région bruxelloise. Jusqu’à présent ils semblaient avoir mis tous leurs œufs dans le seul panier fédéral. À la chambre Sophie Wilmès (la numéro 1 libérale incontestable en terme d’intentions de vote) et Michel De Maegd ont été confirmés hier soir en première et deuxième position pour l’élection législative. On notera donc aussi que le passage d’Hadja Lahbib à la région libère la troisième place, ce qui rend possible l’arrivée d’Alexia Bertrand sur la liste du MR. Ce n’est pas encore fait, mais les libéraux auraient tout à y gagner. Dans le cas contraire Alexia Bertand (autrefois MR mais aujourd’hui membre de l’Open VLD)  a menacé de monter une liste libérale estampillée VLD,  ce qui ferait perdre plusieurs milliers, voir plusieurs dizaine de milliers de voix à la famille libérale. Pour la famille bleue, l’union fait la force, la désunion pourrait couter un siège de député.

Autre clarification survenue hier soir : la confirmation de Bernard Clerfayt comme tête de liste régionale pour DéFI.  Fabian Maingain qui lui contestait cette tête de liste obtient la troisième place. Joëlle Maison sera deuxième. Là, pas de personnalité représentant la diversité dans le trio de tête. François De Smet et Sophie Rohonyi emmèneront la liste à la chambre.

Avec l’ensemble de ces désignations on a désormais un panorama complet des candidats qui se présenteront devant vous en juin prochain. C’est donc une première séquence qui se clôture. On notera que tous les partis ou presque ont tenu à créer une sorte d’effet de surprise. D’Elisabteh Degryse pour les Engagés à Hadja Lahnib pour le MR, en passant par Ahmed Laoueej ou Zakkia Khattabi,  bousculer le casting et ne pas se présenter là ou on vous attend c’est évidement une manière de créer l’évènement. Cela peut sembler illogique et déboussoler l’électeur, mais c’est aussi un moyen d’attirer l’attention, d’indiquer ses priorité, de s’ouvrir à de nouvelles influences, d’apporter du sang frais. On notera aussi l’attention prioritaire  apportée à l’échelon régional, qui dans le passé était peut être un peu boudé, et qui en 2024, à Bruxelles en tout cas, sera bien un scrutin au moins aussi important que l’échelon fédéral. La seconde division n’est plus celle que l’on croit.

On terminera pas une remarque sur le calendrier. Les Engagés en tirant les premiers on attiré l’attention. Les socialiste, avec Ahmed Laoueej, ont contribué à déplacer le centre de gravité électoral vers l’enjeu régional. Ecolo et maintenant le MR ont suivi. La surprise Lahbib va avoir le mérite de relancer la campagne des libéraux, au moment même où celle des socialistes pourrait marquer le pas, avec des critiques qui émergent sur la manque de démocratie interne, d’abord par la bouche de Rachid Madrane, et maintenant par celle de Catherine Moureaux. C’est ce qui donne à l’actualité politique tout son intérêt : rien n’est écrit d’avance. Les bons coups d’un jour peuvent être oubliés le lendemain. D’ici au mois de juin, il y aura encore beaucoup d’annonces et de déclarations qui peuvent encore modifier les rapports de forces. Les équipes sont en places, elles descendent sur le terrain. Le match n’est pas encore fini.

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11 janvier 2024 - 10h47
Modifié le 11 janvier 2024 - 15h06