Le Pass-ages, où l’on peut naître, vivre et mourir, est en danger : “Ça devrait exister partout, ce genre d’initiative”
Le Pass-ages est un lieu particulier. C’est un endroit qui accueille chaque étape de la vie, comme des naissances, mais aussi des personnes en fin de vie. Un projet social qui est né à Forest mais qui craint aujourd’hui pour son avenir.
“On a passé des moments très forts dans cette pièce“, se rappelle Natasha. Ce moment fort, ce fut la naissance de sa fille Katya. Nous ne sommes ni dans une maternité ni dans un hôpital, mais bien dans un lieu de vie. “À l’hôpital, on se sent un peu malade alors qu’on ne l’est pas“, explique-t-elle. “Quand je réfléchissais à ce que je voulais pour ce dernier accouchement, j’avais envie de quelque chose de plus familial“.
Le Pass-ages, à Forest, c’est un lieu de vie. On peut y naître, y vivre et aussi y mourir.
La première à avoir quitté ce monde, ici, c’est Mireille. La sœur de Patty : “Moi, ça m’a sauvé, je crois, d’un deuil qui aurait pu être extrêmement violent et qui est devenu acceptable. Ce cadeau-là est immense“.
Car ici, c’est une communauté. On s’entraide, on se soutient, que ce soit dans les moments durs ou aussi autour d’un bon repas.
Mais les incertitudes politiques plongent ce genre de projet dans le flou : “Comme il n’y a pas de gouvernement, il n’y a pas de vision. On ne sait pas vers quel genre de société on veut aller puisqu’on est en affaires courantes et les ministres ne se positionnent sur rien pour le futur“, déplore Sylvie Graffe Piessevaux, volontaire au Pass-ages.
“On a absolument besoin d’un pouvoir politique qui prenne ses responsabilités et qui soutienne des citoyens qui font de leur mieux dans tellement d’axes de leur vie. Nous, on est ici pour accueillir ces moments si importants que naître et mourir“, réagit Isabelle Verbist, l’initiatrice du projet.
“Ça devrait exister partout, ce genre de choses-là“, estime Patty. “Ces initiatives devraient perdurer et exister à plein d’endroits. C’est humain, c’est nécessaire, je pense, dans notre société“.
Une entreprise sociale qui questionne notre rapport à la vie et à la mort et dont l’existence même est mise en suspens par les blocages politiques.
■ Reportage de Jim Moskovics, Morgane Van Hoobrouck et Pierre Delmée





