Le diesel à plus de 2,20€ le litre : des stations-services ferment, le fédéral discute de nouvelles mesures

Le SPF Économie annonce pour ce vendredi une nouvelle hausse du prix des carburants. Le diesel va flirter avec les 2,3 euros par litre. Dans une station bruxelloise, on a même vu un prix de 2,44 euros le litre de diesel ! Une nouvelle augmentation qui annonce des possibles blocages dans les stations-services.

La colère gronde dans les stations-services du pays. Olivier Neirynck, directeur technique de la Brafco, la fédération des négociants en combustible et carburant, indique dans La Capitale que ce mercredi, une centaine de stations ont fermé et n’ont plus délivré d’essence ou de diesel. Et des dizaines de négociants en mazout de chauffage ont en plus annoncé qu’ils ne délivreront du mazout qu’aux personnes en pénurie.

Ces débrayages font suite au fait que la hausse des prix du carburant touchent encore plus les fournisseurs que les clients : le prix d’achat pour les fournisseurs est actuellement plus élevé que le prix maximum de vente proposé à l’automobiliste.

Lire aussi | Hausse des prix de l’énergie : le fédéral discute de mesures structurelles, en attendant l’Europe

Certaines stations tentent de survivre en faisant grimper les prix, d’où ce tarif de 2,44 € le litre affiché sur une station de la chaussée de Vilvorde. Mais la Brafco prévient : ces stations qui proposent des prix au-dessus du maximum imposé par le SPF Économie sont dans l’illégalité et risquent une amende.

Une marge très mince

Quelles sont les raisons qui font que ces stations services et négociations en mazout vendent aujourd’hui à perte ? En fait, le prix des produits pétroliers est fixé en Belgique depuis la crise pétrolière de 1974. Il est basé sur quatre critères : le prix du baril à Londres, le taux de conversion euro-dollars, le prix des produits raffinés au cours de Platt’s à Rotterdam et le facteur K, un facteur fixé par le SPF Économie à 1,20 pour limiter les hausses et baisses de prix trop importantes. Mais ce dernier facteur fait que les hausses sont trop importantes par rapport aux fluctuations actuelles.

Car sur le prix total du carburant, les exploitants de stations-services n’obtiennent pas une marge importante. Prenons 10 litres de diesel autour de 22 euros. Le produit acheté coûte 9 euros, les coûts de distribution sont autour de 2 euros, les accises et la cotisation énergie pour l’État belge représentent un peu plus de 7 euros. Quelques centimes sont consacrés au fonds APETRA destiné à assurer la sécurité d’approvisionnement en Belgique. Et les exploitants peuvent obtenir une marge autour de quelques centimes d’euro par litre actuellement. Sans oublier la TVA, qui n’est toutefois pas prévue pour les autocaristes, les autoécoles et les taxis. En tout, l’État obtient un peu plus de 51% du prix payé par le consommateur contre près de 49% pour l’exploitant.

De nouvelles mesures sur les accises ?

Le gouvernement fédéral n’a pas encore annoncé de mesures concrètes. Et au-delà de la possibilité du cliquet inversé, d’autres mesures sont sur la table vu l’urgence de la situation.

Pour les exploitants, la Brafco souhaiterait revoir le facteur K et la fin du seuil de sept jours, soit le fait que le prix ne peut être dépassé si les coûts d’acheminement ne dépassent pas un certain seuil sur sept jours.

Lire aussi | Tinne Van der Straeten : “Il faut envisager un blocage des prix de l’énergie au niveau européen”

Du côté du consommateur, le cabinet du ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) plancherait selon la DH sur l’idée d’une réduction directe des accises. Le projet serait qu’il n’y aurait plus de différence entre essence et diesel, ce qui permettrait une diminution autour de 25 à 30 centimes le litre. Une mesure prise en plus de la TVA à 6% sur les prix de l’énergie. Mais ces négociations sont toujours en cours au niveau fédéral.

Gr.I. – Photo : illustration Belga/Eric Lalmand

Partager l'article

10 mars 2022 - 15h00
Modifié le 10 mars 2022 - 17h40