Nicole de Moor “ne changera pas” sa politique malgré la décision du Conseil d’Etat sur les hommes seuls demandeurs d’asile

Le Conseil d’État a suspendu mercredi l’exécution de la décision de plus offrir l’accueil aux hommes seuls demandeurs d’asile, a annoncé la Haute juridiction administrative. Nicole de Moor n’a pas tardé à réagir en expliquant que cette décision “ne changera pas sa politique”. 

Le Conseil d’État juge, à ce stade de la procédure, que cette décision ne respecte pas le droit à l’accueil conféré à tous les demandeurs d’asile par la loi du 12 janvier 2007. La secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, avait annoncé à la fin août que ces hommes seuls ne seraient plus accueillis temporairement dans le réseau Fedasil. Elle entendait de la sorte anticiper “‘l’afflux croissant de familles et d’enfants pour éviter absolument que des enfants ne se retrouvent à la rue en hiver”.

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“Il n’y a pas de places supplémentaires. La suspension du Conseil d’État ne signifie pas que nous avons soudainement de la place pour tout le monde. Ma politique ne changera donc pas : la priorité absolue va aux familles et aux enfants.” C’est en ces termes que le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor (CD&V), a réagi mercredi, via X (ex-Twitter) à la décision du Conseil d’État de suspendre l’exécution de la décision de plus offrir l’accueil aux hommes seuls demandeurs d’asile.

 

Dans une réaction envoyée à l’agence Belga, elle dit toutefois comprendre que le Conseil d’État affirme que chacun a droit au logement. “Ceci est et reste une décision temporaire que j’ai prise pour garantir qu’il y ait suffisamment de places pour les familles et les enfants”, rappelle-t-elle.  “Je continuerai à travailler sur le logement, mais je ne cesse de répéter que le logement à lui seul n’est pas la solution”, complète la secrétaire d’État. “De nombreuses personnes arrivent encore en Europe sans avoir besoin de protection. Des personnes continuent de se rendre dans notre pays même si elles ont reçu une protection dans un autre pays.”

“Le système tel qu’il est fait qu’il y a des violations partout en Europe”

Et d’ajouter: “au cours de l’année écoulée, tout le monde a constaté qu’ouvrir des centres n’est pas chose facile. Cent places vont bientôt ouvrir à Grimbergen, mais, hier, il y avait 260 personnes à la porte. Même si j’ai 100 départs par jour, j’ai toujours besoin d’un centre comme Grimbergen quotidiennement. Cela ne me semble pas réaliste d’en ouvrir un tous les jours. Le système tel qu’il est aujourd’hui fait qu’il y a des violations partout en Europe. Nous devons résoudre ce problème et cela ne peut se faire uniquement avec le logement.” La secrétaire d’État avait annoncé à la fin août que ces hommes seuls ne seraient plus accueillis temporairement dans le réseau Fedasil.

Elle entendait de la sorte anticiper “‘l’afflux croissant de familles et d’enfants pour éviter absolument que des enfants ne se retrouvent à la rue en hiver”. Le 1er septembre, elle avait indiqué, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du conseil des ministres et en présence du Premier ministre Alexander De Croo, que l’instruction était maintenue et qu’un plan hivernal avait été présenté.  Nicole de Moor avait indiqué travailler sur trois fronts. Tout d’abord, activer les canaux diplomatiques pour aboutir à un pacte européen sur la migration d’ici la fin de la législature, soit pendant la présidence belge de l’Union européenne qui aura lieu au premier semestre 2024. Ensuite, travailler sur les sorties des centres d’accueil. Enfin, créer des places supplémentaires, notamment dans des campings, ou des résidences pour jeunes non utilisées pendant les mois d’hiver. La coopération avec le privé et la création de centres satellites plus petits et situés près des centres Fedasil a aussi été évoquée.

Belga – Photo Belga